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MoDem, de l'incantation à l'action

Publié le 11 novembre 2010 par Lheretique

J'ai entendu avec espoir François Bayrou parler récemment d'espoir crédible pour évoquer le type d'opposition qu'il entend incarner. C'est un langage qui m'a plu. La mise en place d'un shadow cabinet il y a un mois est aussi une saine démarche qui va dans le bon sens.

Mais il faut aller plus loin : il faut remettre à plat le fameux projet humaniste et dépasser le niveau de la déclaration d'intention et du lieu commun. Or, au MoDem, nous en sommes encore là.

Il s'agit de faire des propositions chiffrées et réalistes et de s'engager sur des axes de réflexion majeurs.

- la défense des libertés, à commencer par les libertés économiques, par exemple ; seulement, il s'agit d'être large. D'évoquer les rigidités que génèrent notre absence de flexibilité dans le droit du travail, particulièrement dans la fonction publique, mais de défendre dans le même temps le citoyen-consommateur trop souvent à la merci d'une entreprise dont l'état se fait d'autant plus complice qu'elle est plus grosse. Les Class Actions devraient figurer en tête de gondole dans le super-marché de nos idées au rayon libertés économiques. 

- la relocalisation de nos industries. Commencer par ne pas transférer massivement nos technologies à la Chine serait un premier pas. Après, c'est toute une organisation du travail et une réflexion sur l'urbanisation et les moyens de communication qui est à mener. A cela peut s'ajouter l'arme fiscale qui aplanit le profit de chaque entreprise dans la part du coût d'un produit.

- une réflexion globale sur l'écologie en prenant garde de ne pas glisser dans l'ornière grossière des apparences. Sans rentrer dans les outrances d'Intox2007, force est de constater qu'il pose des questions pertinentes sur la fameuse croissance verte. Il devrait d'ailleurs en parler à ses futurs alliés verts ou du Parti de Gauche... Une fiscalité blanche comme l'entend Yann Werhling dans une tribune récente me paraît une bonne piste, puisqu'elle permet de ne pas ajouter de nouveaux impôts, mais de les répartir simplement différemment.

- lutter contre les discriminations. Je ne parle pas de la discrimination positive ni de toutes les imbécillités similaires, mais ce qui fait que, dans ce pays, quand on naît de rien, on n'aboutit à rien. Pourquoi ne se produit-il pas, comme en Amérique ou en Angleterre, qu'une personnalité issu d'un milieu modeste ou moyen puisse faire fortune ? En France, le pouvoir et la richesse ne se transmettent que de puissant à puissant. A nous de trouver la parade sans tomber dans l'égalitarisme débilitant dont la gauche ne parvient pas à se défaire. En île de France, François Bayrou avait choisi, aux Régionales, de faire d'un chef d'entreprise issu de la banlieue la tête de liste du MoDem. A des personnalités comme Alain Dolium, nous devrions dérouler des tapis rouges. Ce sont ces individus-là qui nous intéressent, partis de pas grand chose, mais ayant gravi les échelons.

- et puisque la France attache tellement d'importance à ses diplômes nous devrions porter d'autant plus d'attention à l'école ; non en s'alignant bassement sur les positions exprimées au PS et à l'UMP, à la remorque des effets de mode (les rythmes scolaires) mais en écoutant des spécialistes qui tirent la sonnette d'alarme depuis fort longtemps. Est-ce que le MoDem est encore capable d'audace ? Est-ce que le MoDem est capable de prier Natacha Polony de devenir sa conseillère spéciale sur les questions d'éducation et de reprendre une partie de ses propositions ? Collège unique, collège inique, scandait François Bayrou en 1993 : alors François, qu'est-ce que tu attends ? Commence par rayer le programme du MoDem, et écris, avec l'avis de gens impliqués un programme de rupture sur l'éducation, ce qui suppose évidemment de ne pas s'appuyer que sur des individus issus du sérail.

- sur la dette, faisons comme nos amis lib-dems : disons ce que nous prévoyons de faire avec un programme chiffré et précis. 

- les retraites, nous avons été clairs, mais mal entendus : nous défendons l'idée d'un système à points, voire de comptes notionnels. Allons jusqu'au bout et établissons un document technique qui définit les points que nous pouvons gagner pour chaque profession. Expliquons comment nous allons parvenir à mettre d'accord entre elles toutes les caisses de retraites pour adhérer à un tel système, car ce serait aussi un gros enjeu d'une telle réforme.

Bref, j'ai défendu le Projet Humaniste, mais toujours à contre-coeur. Ce n'est pas un programme. C'est un catalogue d'intentions, et, de surcroît, certaines d'ente elles me déplaisent carrément. Remettons-le complètement à plat et dessinons un programme politique digne de ce nom, c'est à dire un programme de gouvernement. Je ne fais ici que tracer les débuts d'une feuille de route, mais je crois ne pas me tromper en montrant du doigt cette voie.

Je rappelle, pour ma part, que j'avais entamé une réflexion avec le groupe Fondation sur googlegroups ; je transfère les premières propositions petit à petit sur e-democrate sous le nom de César Borgia. Il s'agit de reprendre le Projet Humaniste section par section et de l'amender.

Allez François, il nous faut des espoirs crédibles, désormais !


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