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Quoi de neuf l'auteur ?

Publié le 12 novembre 2010 par Vivreenislande @vivreenislande
Quoi de neuf l'auteur ?Soucieux de satisfaire la curiosité des nombreux lecteurs (deux en réalité !) qui se sont inquiétés de savoir si mes souhaits d'il y a quelques mois étaient en passe d'être exaucés, j'apporte aujourd'hui l'esquisse d'une réponse.Je m'apprête effectivement à évoquer mes RESOLUTIONS de début d'année.
Quoi de neuf l'auteur ?Mes chances de générer l'euphorie au sein de la blogosphère ne sont donc pas sans rappeler l'enthousiasme communicatif que faisait naître en son temps un Raymond Barre abordant le sujet de la balance courante des paiements. Le préambule vise à permettre à ceux dont la courbe du moral peut être indexée sur la production mondiale de Prozac, de quitter ce blog sans attendre.Que ceux qui ont choisi de rester (ça va Môman ?) acceptent ma gratitude.Bien.Comme je l'écrivais en janvier dernier, je me lève chaque matin, animé par l'espoir tenace de parvenir à vivre du commerce des mots qui s'accumulent dans l'espace clos et restreint de mon cerveau. Bribes de phrases, embryons d'idées, jeux de mots esseulés affluent d'abord lentement. A mesure que la caféine brûlante active mes 3 neurones assoupis, ils finissent pas s'aligner sagement à leurs places, telles les colonnes d'une armée de signes prête à agir. Tout en mémorisant mes obligations de la journée, je m'efforce de lister mentalement les rares réflexions qui me paraissent dignes d'un développement plus approfondi. Le plus souvent, un Post'it suffit amplement.J'ouvre ensuite le couvercle immaculé de l'ordinateur. L'alphabet numérique est bien là. Il attend la pression hésitante de mes doigts encore engourdis. Comme le clavier d'un piano, les lettres noires gravées sur les carrés blanc, patientent silencieusement que je rédige mes concertos en mot mineur.

Après avoir écrit un ou deux articles sur les excentricités d'un Warren Buffett ou avoir présenté les nouveaux associés de Mark Zuckerberg, je cherche les sujets susceptibles d'être proposés aux rédactions francophones. Peu enclin à me spécialiser et souhaitant surtout optimiser mon taux de rédemption, je cible large. Autrement dit, les "papiers" sur les événements artistiques ou culturels en Islande succèdent à ceux sur la libéralisation des jeux en ligne ou sur les particularités de la restauration hors foyer dans les écoles du Nord de l'Europe.Large, j'ai dit.Sauf exception, sur une centaine de mails envoyés en moyenne par sujet, je reçois... 5 réponses. Négatives s'entend.

J'en profite pour honorer ici la courtoisie du rédacteur en chef "monde", de l'Express, du rédacteur en chef des Inrockuptibles, de Raphaëlle B. au Monde, de Martine G., chez Marianne, de Sophie, sur Rue89, de Pierre-Paul N. pour Le Soleil (Quebec), et des quelques autres qui prennent le temps de répondre (et parfois de me conseiller), histoire de me rassurer sur le fait que mes messages ne sombrent pas dans le néant sidéral de la virtualité.
Quoi de neuf l'auteur ?J'ai également tentéd'écrire dans des registres et sur des thèmes différents en publiant dans les "Chroniques d'abonnés" du Monde.fr. Supposant que si la critique des raisons impures d'une Valérie Toranian ou les taquineries rédigées à l'encontre des anti-burqas ne suffisaient pas à convaincre, une chronique sur la crise en Islande le pourrait. Sûr de mon fait, j'attendais fébrilement le coup de fil d'Eric Fottorino. Fin prêt à ne rien céder sur ma rémunération (je m'étais calé sur celle de Zemmour au Figaro). Et ? Et bien rien. Hormis le souffle plaintif et lugubre des rafales arctiques, pas l'ombre d'un début de sonnerie. En définitive, j'aurais même payé 6 euros d'abonnement mensuel, pour avoir le privilège de lire mes articles sur le vénérable journal. Une vitrine m'étais-je dit. L'opportunité d'être repéré. Un pamphlet gratuit contre un espace dont j'aurais ponctuellement l'usufruit. Résultats inversement proportionnels aux attentes. Je sais : il fallait s'y attendre. La tendance est au bénévolat. Vous achetez de l'espace disque, rémunérez parfois quelques "plumes" reconnues, faites venir les auteurs en mal d'exposition médiatique et développez une régie publicitaire efficace. Une dizaine de sites m'ont proposé d'écrire pour eux dans ce contexte-là. Quant à pouvoir s'afficher sur les plus célèbres (Le Monde, Médiapart...), l'abonnement payant est la condition nécessaire et suffisante. J'en déduis que les moyens financiers du rédacteur philanthrope sont un critère objectif de qualité. Qu'ils offrent d'emblée, légitimité et crédibilité. Ça existait pour l'édition, ça s'étend dans les médias; appelons cela le journalisme à compte d'auteurOn ne devient plus journaliste pour gagner sa vie, on gagne sa vie pour devenir journaliste. Travailler à l'oeil et l'avoir dans l'os. La formule manque singulièrement d'élégance mais n'en demeure pas moins symbolique d'un phénomène qui aurait dû me mettre la puce à l'oreille.Quoi de neuf l'auteur ?Je ne commenterai pas les motivations des gus qui acceptent semblables compromissions, mais le processus fonctionne. Avec, certes, une réussite économique inégale parmi les sites qui l'ont adopté (lui, lui ou lui...). Et cette concurrence narrative acharnée, bien qu'hétérogène (pour ne pas dire inégale dans la vacuité), ne simplifie ni mes tentatives d'émergence, ni mes aspirations financières.


L'autre solution eut consisté à avoir un nom.
Zemmour a un nom.
Je n'ai que son prénom.
Insuffisant.

Comparé à mes vains efforts, les escalades de Sisyphe m'apparaissent donc comme une indéniable et plaisante illustration d'accomplissement Il me faut l'admettre : je suis un benêt d'une naïveté confondante. Je persistais à penser que quelques très vagues dispositions pour la syntaxe, beaucoup de travail et autant de persévérance étaient les compagnes de la réussite. C'était sans compter sur la rivalité des plumitifs bénévoles qui ont su trouver au sein des nombreux sites qui les accueillent un territoire d'expression à la hauteur de leurs besoins d'existence.Comment les en blâmer ?Je suis un benêt vous dis-je. Gageons que cette prise de conscience m'aidera à l'être moins. Je signale en passant que si tous les abrutis de la planète prenaient conscience de leur incommensurable stupidité, le monde, ainsi débarrassé de la pédante assurance qui anime les plus cons d'entre eux, serait sans doute meilleur. Mais peu de gens ont une propension naturelle à l'auto-flagellation; il est fort désagréable de se regarder, droit dans le reflet des yeux et de s'avouer sa propre bêtise.Quoi de neuf l'auteur ?Savez-vous pourquoi ?Parce que selon la formule consacrée, l'avantage de l’imbécile qui s’ignore, c’est qu’il est heureux. Fort logiquement, nous préférons demeurer des couillons hilares que devenir des êtres exquis au bord du suicide. Reconnaissez que la perspective d’être moins con ne soit pas chose facile. Après réflexion, j'en conclus même qu’il faudrait être très con pour vouloir l’être moins.Suis-je clair ?Et bien ça c’est tout moi. Je me suis embarqué dans le projet insensé d'accepter ma naïveté pour être heureux, au risque de mettre mon bonheur en péril. Épatant, non ?Bref.A défaut de m'être fait un nom et d'avoir cédé totalement aux sirènes de la lucidité, il manque certainement un paramètre au triptyque dispositions/travail/persévérance : la chance. On ne gagne pas 100 millions d'euros au Loto parce qu'on sait cocher des cases, qu'on le fait chaque semaine et qu'on travaille le reste du temps pour ça. Contrairement à ce qu'annonce la Française des jeux, pour faire partie des 100% de gagnants, il ne suffit pas de tenter sa bonne fortune. Il faut en avoir. Et je crois, toutes proportions gardées, avoir autant de chances qu'un gars se prenant une météorite de trente tonnes expédiée par un extraterrestre il y a 100 millions d'années depuis l'autre bout de l'univers.Au regard de l'écrasant destin qui semble m'être réservé, puis-je faire le poids ?


En réalité, peu importe; car il est fort probable que je persévère malgré tout.
Je dois être resté un nigaud.

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