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La carte et le territoire de Michel Houellebecq

Publié le 13 novembre 2010 par Vincemobile

Je viens de finir le dernier livre de Michel Houellebecq intitulé "La carte et le territoire" (car la carte est plus belle que le territoire). Ce nouvel opus était attendu, j'ai également l'impression qu'il a été particulièrement travaillé. Le style est net, précis, acéré, les intrigues, assez diverses finalement ,sont bien menées, soudées de manière très propre. Je qualifierais presque ce livre d'académique d'autant qu'il est expurgé des habituelles provocations de l'auteur. C'est très sage et c'est évidemment voulu (pour les prix littéraires mais aussi peut-être pour coller à la grande thèse du livre, le retour à la "tradition").

Sur le fond, je ne suis pas certain que ce livre soit une véritable réflexion sur l'art et le statut de l'artiste. J'ai plutôt l'impression que Houellebecq se livre à une longue méditation sur l'industrie, le labeur et la fin de l'Occident comme puissance productive (mort de l'industrie, retour au terroir...). A plusieurs reprises, l'intrigue tourne autour de ces thèmes (les œuvres du héros Jed Martin, les réflexions de Houellebecq, l'épilogue du roman...).

Sur la forme, je n'attendais pas Houellebecq sur ce terrain. Il s'attache aux pas d'un artiste de ses débuts jusqu'à sa mort. Son parcours est rythme par plusieurs grandes périodes artistiques, des rencontres aussi comme celle de... Michel Houellebecq. L'enquête policière développée en troisième partie est amusante, l'auteur s'est fait là un petit plaisir, cela se sent.

Tout ceci est décortiqué de manière clinique et très drôle parfois, on retrouve toute l'acuité de l'auteur (la méditation sur les modes d'emploi, le coming out de Jean-Pierre Pernault, la soirée de lancement de Michelin TV...). Définitivement, c'est l'un des seuls écrivains à avoir quelque chose d'intéressant à raconter sur le monde qui nous entoure. Et puis, j'aime l'auto-portrait ironique qu'il fait de lui-même, jouant avec un certain plaisir, je pense, de son image. Je le soupçonne d'avoir brouillé les pistes pour berner encore un peu plus les journalistes qu'il apprécie peu.

Un bon livre surement, un grand livre je le pense car il développe un sujet de fond important (fin de l'industrie, retour au terroir, à la campagne...) qui risque de bouleverser notre conception du monde. A lire donc et pas seulement parce que c'est le Goncourt.

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