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L'Islande d'Yves Cadiou

Publié le 14 novembre 2010 par Egea

La publicité a quand même de grands mérites, forcément insoupçonnés. Or donc, grâce à la pub d'égéa, Yves Cadiou part en Islande. Il nous pormet au retour un billet, mais comme on fait tout voyage trois fois (une fois avant pur en rêver, une fois pendant, le plus bête, et une fois après pour en parler), voici déjà le voyage d'avant qui nous rappelle que géographiquement, l'Islande est la tête émergée non de l'iceberg (qu'allez-vous croire) mais du rift transatlantique, celui qui sépare l'Atlantique en deux et éloigne sans fin l'Europe de l'Amérique : je ne doute pas que c'est ce symbolisme géopolitique qui attire Yves.

L'Islande d'Yves Cadiou

Je ne saurai trop lui conseiller de prendre des tonnes de citronnelle, car il y a plein de moustiques, en Islande :il paraît même qu'il y en a plus que de dettes, c'est dire s'ils sont nombreux.

L'Islande d'Yves Cadiou

Tout ceci nous rappele que la géopolitique, c'est d'abord de la géographie, et donc des voyages. Au fait, avez-vous acheté le hors série de cette semaine du nouvel Obs, sur les grands récits de voyages : Marco Polo, Christophe Colomb, A David-Neel, René Caillé, entre autres... un fond de bibliothèque qu'un géopolitologue amateur se doit de posséder. Vous n'imaginez pas l'importance géopolitique du "devisement du monde" de Marco Polo. Un texte de voyage, source de rêve, motivant tous les aventuriers à contourner ce monopole de la route de la soie, et paf, un nouveau monde.... Comme quoi, la littérature voyagère d'Yves nos ramène à notre sujet...avec ou sans blonde !

réf : billet sur l'Islande et l'UE O. Kempf

On va sortir du sujet, tant pis : amis d’égeablog, je vous prends tous à témoins parce que vous avez vu. Aussitôt que j’ai dit à Olivier Kempf qu’en cliquant sur une de ses pubs j’ai trouvé un vol vers l’Islande à un prix abordable, il m’a taxé : « mais alors, vous pourrez me faire un article sur l’Islande, pour mon blog ? » Ce n’était même pas une question, c’était l’expression d’une certitude. Avec le stylo sous la gorge, je ne pouvais pas refuser. Alors j’ai dit « bon d’accord, OK ! ».

Ce qui m’embête, ce n’est certes pas d’écrire au retour un article, j’aime beaucoup écrire. Non : ce qui m’embête, c’est qu’il va être déçu parce que je ne suis pas vraiment géopolitologue. Si je fais volontiers de la sociologie niveau café du commerce, je ne suis pas vraiment un analyste des relations internationales. Vous voilà prévenus. Et me voilà, j'espère, pardonné.

Pour parler d’Islande je vais procéder en deux temps. Le mieux à faire est de commencer à écrire avant de partir, d’expliquer sans l’avoir vue pourquoi l’Islande m’intéresse, à peu près les mêmes motifs pour lesquels, j’en suis sûr, elle vous intéresse tous. On verra ensuite ce qu’il en sera quand j’aurai fait connaissance.

Ce pays m’intéresse au point d’accepter pour le voir de me taper quelques corvées qui n’ont même plus l’attrait de la nouveauté pour moi : les heures d’avion, plus la valise à faire et à défaire, le train pour aller à Roissy en traînant ladite valise, au guichet d’icelandair l’enregistrement de la brosse à dents (je veux dire « mes bagages », ce qu’il y a dedans ne vous regarde pas… à ce propos, on verra comment sont les contrôles islandais, sûrement pas pires que leurs homologues états-uniens pour qui le monde est peuplé de terroristes), l’attente avant l’embarquement, et au retour bis repetita.

Ce cérémonial voyageux, devenu presque habitude parce que naguère j’ai beaucoup voyagé, ne devrait plus m’ennuyer mais ça m’ennuie pourtant. En plus des vrais voyages j’ai aussi un peu essayé, ce fut un temps dans le sillage d’une blonde dont la peau sentait bon, de faire partie de ces gens qui croient voyager quand ils vont bronzer à la piscine en prenant l’avion. Des séjours d’une semaine de sieste entre deux avions, certains clients appellent ça voyager. Dans ces conditions rien, ou presque rien, ne différencie Zanzibar de Marie-Galante, de Bodrum, de Djerba. J’ai laissé tomber ce genre de voyage répétitif et laissé tomber, bien que sa peau fût douce, cette vraie blonde qui n’imaginait pas voyager autrement. Ceci pour vous dire à quel point l’Islande m’intéresse en vous précisant que ma motivation essentielle n’est pas (pas seulement) le charme des Islandaises qui sont des Vikings, une origine que leur drapeau scandinave revendique ostensiblement.

L’Islande d’abord pour moi depuis longtemps, c’est l’angoisse de mes lectures d’ado, le naufrage du « Pourquoi-pas ? » avec Charcot et la majeure partie de son équipage, par mauvais temps à la sortie d’un port imprononçable, en panne de chaudière à cause d’une mauvaise tourbe qui chauffe mal. Charcot, avant de couler dans la nuit (je ne sais pas si c’est la nuit mais c’est l’imaginaire que j’en ai gardé), ouvre la cage de son oiseau de compagnie pour lui laisser une dernière chance. L’oiseau accepte de s’envoler dans la tempête. Cet oiseau sédentaire, on doute qu’il s’en soit tiré mais il n’y avait plus rien d’autre à faire.

Par-dessus cette image sombre, l’Islande est ensuite un sommet. Je vous prie par avance d’excuser le simplisme des explications « scientifiques » qui vont suivre, je ne suis pas compétent pour faire mieux. L’Islande est un sommet non parce que nos cartes sont orientées avec le nord en haut, mais bien le sommet d’une chaîne de montagnes volcaniques, la dorsale médio-atlantique que vous connaissez tous. D’autres sommets de cette dorsale émergent, Jan Mayen, les Açores, Ascension, mais le sommet islandais nous rappelle opportunément que la planète dite « bleue » sur laquelle nous vivons est surtout une boule de métal en fusion recouverte d’une fine croûte, solide mais qui présente quelques points faibles.

L'Islande d'Yves Cadiou
le rift islandais

Sous l’Islande existe un « point chaud », comme sous l’Auvergne et autres lieux volcaniques. Le couvercle auvergnat étant moins fissuré que le couvercle islandais je ferais peut-être mieux d’aller à Saint-Flour, ou à Chaudesaigues dont les sources sont à 82°. Non : l’Auvergne vaut le voyage mais je connais déjà. Sous nos pieds, cette boule de métal en fusion peut certes nous inquiéter mais il faut surtout se souvenir qu’elle est génératrice d’un phénomène grâce auquel notre vie à la surface de la Terre est possible : ce métal fondu et mouvant induit le champ magnétique terrestre qui absorbe (ou qui dévie, je ne sais pas) la radio-activité solaire. Le Soleil est une énorme bombe H qui n’en finit pas d’exploser. Cette bombe crache continuellement dans l’espace une radio-activité mortelle à laquelle heureusement nous échappons grâce au champ magnétique à 60 kkm au-dessus de nos têtes (les « ceintures de Van Allen »).

Une récente hypothèse attribue la disparition des dinosaures à un arrêt temporaire du champ magnétique terrestre. On est tenté de dire « Dieu merci » parce qu’avec ces bêtes monstrueuses qui bouffaient tout, nous ne serions pas ici. L’Islande, avec son volcanisme à fleur de peau, nous rappelle ce miracle. Par conséquent on ne lui en veut pas de charger l’air, de temps en temps, avec de la poussière qui gêne nos avions. Les dinosaures disparus, la vie sur Terre a pu reprendre à partir de petits mammifères qui, vivant dans des terriers, avaient été protégés. Ou peut-être à partir de mammifères marins, eux aussi protégés, devenus ensuite terrestres. Puis l’Evolution s’est faite peu à peu, produisant enfin après quelques dizaines de millions d’années de progrès génétiques celui que l’on attendait tous, la perfection de la Création, le roi du monde, j’ai nommé : l’Homme ! Tsa-tsoin-in... (tonnerre d’applaudissements).

« Je suis navrée de vous contredire, monsieur. L’homme n’est pas le sommet de la création. Voyez, j’ai là un document irréfutable : la Genèse. L’homme ne fut créé que le cinquième jour. Le sommet de la création, c’est la Femme parce qu’elle fut, et elle seule, créée le sixième et dernier jour

  • Ah…? Je… euh… oui, vous avez raison Madame, excusez-moi, j’ai été inattentif pendant un instant.
  • Un instant qui dure depuis cinq mille ans. Mais il faut réviser vos vieux préjugés, monsieur : maintenant on est au Troisième Millénaire, depuis dix ans.
  • Pas tout à fait : dix ans dans un mois seulement. » Ouf, j’ai eu le dernier mot. Mais de justesse.

L’Islande, c’est aussi l’île de Calypso si l’on en croit l’Odyssée. Je devine que je ne suis pas au bout de mes surprises. Je vous raconterai. Si j’en reviens, de mes surprises.

Ah et puis pour recentrer en finale sur l’objet de ce blog : le volcanisme islandais s’explique parce que l’île est située à la jonction (ou à la séparation) de la plaque américaine et de la plaque eurasiatique. Tout un symbole.

A suivre.

Yves Cadiou


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