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Éros, Philia et Agapè

Par Bgn9000

Après Socrate et sa définition de l’amour, Aristote, le disciple de Platon lui-même disciple de Socrate, ajoute l’amour Philia. Déjà à la Maison de l’Inspir à Noisy-Le-Grand, le frère avignonnais avait expliqué ce qu’était Philia, cette nouvelle notion pour ma femme et moi. Sans recherche étymologique, on entend fils. La définition qu’il nous fit nous donna comme image mentale l’amour entre nos enfants, nos deux fils, et nous. En fait, Philia désigne l’amitié. Frédéric Lenoir nous explique comment ce nouveau type, ou stade, d’amour complète celui de Socrate : « sans aller jusqu’à la contemplation divine, l’amour humain peut s’épanouir dans le plaisir et la joie ; il n’est plus seulement une pulsion, un désir fondamentalement ambivalent, ni toujours un manque ou une insatisfaction ». Comme il est précisé par la suite, ce type d’amour exige tout de même une réciprocité des sentiments entre amis, mais on est ici débarrassé des passions, des montagnes russes de sentiments, de dépendance, de possession aveugle jusqu’au déchirement. Pour ma part, je pense que l’amour-philia, finement analysé par Aristote, a eu un impact sur le message du Christ qui est allé encore plus loin, débarrassé sans doute des contraintes de la pensée de Socrate.

Belle transition pour parler maintenant d’Agapè, concept introduit par Jésus et dont le nom grec fut trouvé par les auteurs du second testament : « Partant du discours de Jésus, ce mot introduit une nouvelle dimension qui va au-delà du désir-éros ou de l’amitié-philia. agapè est un amour où dominent la bienveillance et le don ». Jésus remet l’amour au niveau du divin là où Socrate voyait dans l’amour-éros un manque constant, une imperfection humaine. Ainsi, Jésus a dû redéfinir certaines notions comme l’amour du prochain (ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse) en étendant cette notion aux étrangers, à nos adversaires, à nos ennemis, en lui conférant une impartialité : « Il ne donne aucune limite à la définition de ce prochain… c’est un amour de pure bienveillance ». Agapè pour Jésus représente Dieu. Du coup, l’amour est plus fort que le culte, les traditions, la Loi. Et, surtout l’amour est pardon, inconditionnel. Si l’on met de côté la religion, Jésus nous a apporté un message de liberté et ce n’est pas étonnant que les philosophes modernes et les droits de l’homme colportent ses messages, car la Révolution concernait la mise à mort d’une caste monarchique et religieuse, mais celle de Jésus, son lègue. Pour aller plus loin, notre société laïque moderne et les intellectuels qui la composent dont la grande majorité est athée ou agnostique, a comme principal sponsor Jésus lui-même. Un peu de provocation ne fait pas de mal. Je trouve qu’il nous a donné beaucoup de marge de manœuvre, nous laissant jusqu’à la dernière minute pour lui demander sincèrement pardon. Ne croyez pas que ce soit un aveu de faiblesse. Si Dieu existe, il sait lire dans les âmes et il sait discerner les opportunistes. Donc pour revenir aux athées ou aux agnostiques, ils sont libres de leur croyance, de leur quête. Mon credo est donc de vivre ma vie dans cet esprit de liberté, tout en gardant comme ligne directive d’être à peu près fier de moi, de ne pas renier les valeurs auxquelles je suis attaché sauf de manière consciente et réfléchie.

25 août 2010

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