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Les liaisons dangereuses du Château de Versailles et de l’art contemporain. Part.I

Par Artilt
Versailles & art contemporain part I

Par Matthieu

Cette association n’a pas toujours fait l’unanimité… Art’ilt revient sur ses débuts et la tournure prise depuis.

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Depuis quelques années, la tendance à vouloir mêler art ancien/art contemporain a trouvé un champ d’instigation au château de Versailles. Si certains y voient des modes d’expressions qui se complètent, voire, se subliment par les différences qui les caractérisent, d’autres n’y voient qu’un choc des cultures dont le seul but est de faire polémique.

De l’art contemporain… À Versailles ?!?

L’incompréhension du public semble être devenue de ces valeurs sûres à associer à chacune des manifestations rassemblant des œuvres d’art contemporain dans l’enceinte du château… Jean-Jacques Aillagon, président du Château répond :

Il n’était qu’un modeste relais de chasse, il devint le siège du gouvernement. Le Château de Versailles porte en lui le gène des entreprises qui tiennent presque de l’ordre de l’insignifiant, puis, le temps passant, s’étoffent pour devenir incontournables. De la même manière, l’art contemporain est d’abord entré dans le château par la petite porte. Bien sûr, les œuvres étaient exposées dans les lieux les plus prestigieux du château, mais cela ne durait que le temps d’un week-end. Plusieurs artistes participaient à cette opération initiée en fin 2005 : Versailles off.

Exposition ? Plutôt apparition, quelque chose qui, sitôt arrivée dans la nuit, disparaissait avec le jour. Qui eut crût que l’art contemporain jouerait le rôle des fantômes de Versailles ?

Les premiers pas…

Versailles off communication par Des Signes
Communication visuelle par l’agence Des signes

John Armleder pour Versailles Off 2007

John Armleder

Des labyrinthes de plâtre,  des sphères géantes panneautées de miroirs… Cela pourrait ressembler à la description d’éléments d’une fête Louis-quatorzienne. Il n’en est rien. Il s’agit d’œuvres, parmi tant d’autres, vues lors de Versailles off.

Versailles va donc accueillir pour son équivalent « nuit blanche » de nombreux artistes contemporains, trois éditions vont ainsi se succèder accompagnées de grands noms…

Les artistes de l’édition 2005 : Daniel Buren, Andréa Cera, Claude Closky, Alain Ducasse, Markus hansen, Patrick Jouin, Jean-Philippe Poirée-Ville, Rudy Ricciotti, David Satiel et Felice Varini

Les artistes de l’édition 2006 : Shigeru Ban, Michel Blazy, Thierry Dreyfus, Jonathan et Thomas Dunford, Francis Kurkdjian, Christian Lacroix, Bertrand Lavier, Ange Leccia, Benjamin Morando, Natacha Lesueur, Radi Designers, Felice Varini et Gérard Vié.

Les artistes de l’édition 2007 : Adel Abdessemed, John Armleder, Gino de Dominicis, Thierry Dreyfus, Serge Hureau, Natacha Lesueur, M/M(Paris), Stéphane Maupin, Laurent Pariente, Philippe Parreno, Claude Rutault.

Felice Varini • Huit-carres • Versailles Off • 2006
Felice Varini • 8 carrés, Versailles Off, 2006. Crédits photo www.poeticmind.co.uk

Gino-de-Dominicis-Calamita-Cósmica-Versailles-Off-2006
Gino de Dominicis • Calamita Cósmica, Versailles Off, 2006. Crédits Flickr de Speshul Ted

Bosquet-salle-de-bal-Versailles-off-2007
Serge Hureau Bosquet de la salle de bal, Versailles Off, 2007. Crédits photo Gérard Legendre

Qu’est ce qui a signé la fin de ces courtes sessions art contemporain ? Peut être que la direction n’a que très moyennement apprécié le « repêchage » de ballons gonflés à l’hélium que des mains étourdies avaient laissé s’échapper. La voûte de la galerie des glaces a donc vu les effectifs des personnages représentés s’agrandir par l’arrivée inattendue de ces drôles d’objets pour le moins… gonflés. Cela a obligé les pompiers du château a se livrer à un improbable numéro de cirque (non prévu par les organisateurs) afin de récupérer ces hôtes indésirables.

… A moins que ce ne soit les œuvres exposées dans la chapelle qui, vu l’incroyable réaction suscitée dans les milieux extrémistes,  ait poussé les organisateurs a remanier le concept. Petit rappel. Si les plasticiens se font la part du lion lors de telles manifestations, ils ne sont cependant pas les seuls à y être convié. C’est ainsi que Christian Lacroix fut invité à exposer quelques unes de ses robes de mariées à l’intérieur de la chapelle royale. C’était sans compter sur l’intervention de catholiques intégristes.

L’installation inconnue du public…

Robes de mariées, Christian Lacroix, Versailles 2006
Christian Lacroix • Robes de mariées, Photo David Atlan

07 et 08 octobre 2006. Deux nuits durant, Versailles Off (Nuit blanche versaillaise) proposait aux visiteurs de découvrir pour cette deuxième édition, le château sous un jour nouveau : les créations d’une dizaine d’artistes et de créateurs contemporains investissant la Chapelle royale, l’Orangerie, le bassin du Dragon ou encore la cour Royale. Les robes de C.Lacroix devaient y tenir le beau rôle, mais une simple phrase de présentation a su déclencher les hostilités :

Artifices et sacrifices, magie noire et mariage blanc, cris et chuchotements, parures et apparitions, parades et apparat, châsses et icônes, pompes et circonstances, images et pilgrimages, sacres et simulacres.

Considérant la chose comme un outrage, ils sont venus manifester devant les grilles du château, non pas pour réclamer du pain, mais pour en faire une distribution en envoyant, notamment, un agent de la surveillance à l’hôpital. Après cette émouvante démonstration de tolérance et d’amour du prochain, la direction a préféré ne pas rendre la chapelle accessible lors de ce Versailles off là. Si l’incident a permis à C . Lacroix, dont la réputation n’est plus à faire, de passer dans le rang des artistes subversifs, cela a sans doute donné un méchant coup de griffe à l’évènement, lequel s’est répété à une reprise sous cette forme avant d’être revisité complètement.

Puis, petit à petit, cette graine d’éphémère a pris racine, elle s’est matérialisée, consolidée. Fini, donc, cette réunion d’artistes qui s’assemblent le temps d’un songe, dorénavant, on veut du stable, car tel est notre bon plaisir…  Aussitôt dit, aussitôt fait. Un seul artiste à la fois va venir désormais investir les lieux, nous présenter une partie de ses œuvres, et, par la même occasion, faire scandale… ou pas.

Mais nous verrons tout cela dans un prochain article… À très bientôt pour la suite des aventures de l’art contemporain au Château de Versailles !


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