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Remaniement : le retour de la maison RPR

Publié le 17 novembre 2010 par Letombe

ump-rpr2.jpgQuels enseignements tirer du remaniement ministériel annoncé ce dimanche ?

Le premier est simple : c'est le retour du RPR ancienne manière. Le projet de l'union des droites au sein de l'UMP apparaît ainsi pour ce qu'il est : une tentative d'annexion par l'ex-RPR – tentative qui a pu fonctionner quelques temps, mais qui ne fait désormais plus illusion.

Le premier signe en est évidemment le maintien – et le renforcement, on y reviendra – de François Fillon, héritier en ligne directe de Philippe Seguin, au poste de Premier ministre.

Mais au-delà, on constate la promotion ou l'arrivée de nombreux anciens membres du RPR : Alain Juppé, qui devient ministre d'Etat, tout comme Michèle Alliot-Marie, ancienne patronne du RPR incarnant l'orthodoxie gaulliste. François Baroin, chiraquien type, conserve le Ministère du Budget mais devient également porte-parole du Gouvernement.

La sensibilité villepiniste est également mieux représentée : George Tron est rejoint par Marie-Anne Montchamp.

Enfin, les sarkozystes ne sont pas oubliés et sont dotés de portefeuilles souvent sensibles : Brice Hortefeux à l'Intérieur, Luc Chatel à l'Education et bien sûr Xavier Bertrand au Travail et à l'Emploi, en espérant que cela lui permettra d'être utile au développement de l'emploi dans l'Aisne...

Ensuite, ceux qui avaient permis le pseudo-élargissement de la majorité sont exclus, qu'il s'agisse de ceux qui incarnaient, à divers titres, la société civile (Bernard Kouchner, Fadela Amara...) ou de socialistes marginaux débauchés en 2007.

Dernier signe, l'exclusion d'un grand nombre de sensibilités qui marquaient l'UDF avant son absorption par l'UMP.

Des anciens de la démocratie-chrétienne (Hervé Morin, mais aussi Marc-Philippe Daubresse, Valérie Létard, Anne-Marie Idrac) jusqu'aux néo-libéraux (MM. Busserau, Novelli...), sans oublier, au coeur du système, les radicaux autour de la figure de Jean-Louis Borloo, qui perd son poste de n° 2 du Gouvernement.

Et ce n'est pas la promotion de Michel Mercier, qui devient Garde des Sceaux, ou l'arrivée de M. Leroy à la Ville, qui feront illusion longtemps.

Il est donc clair que ce Gouvernement n'a pas pour vocation de gérer la France ni de s'occuper des problèmes auxquels sont confrontés les Français mais de resserrer les rangs pour se mettre en ordre de bataille pour 2012.

L'autre grand enseignement, c'est évidemment le retour à un fonctionnement traditionnel de la relation Président de la République/ Premier ministre. On retrouve ainsi la dyarchie classique de la Vème République et on en termine avec l'interprétation américaine de la Constitution qui tendait à effacer le Premier ministre depuis 2007 au profit du Président de la République.

Non seulement M. Fillon est maintenu mais il est désormais clair qu'il ne sera plus un simple « collaborateur » de Nicolas Sarkozy.

Mais si celui-ci doit se concentrer sur la scène internationale dans l'espoir de « faire Président », il y a fort à parier que, sur le fond, la politique menée, elle, ne changera pas.

Aucune leçon n'a en effet été tirée du désarroi profond dans lequel les Français se trouvent face au développement des violences aux personnes, à l'inquiétude sur les retraites et bien sûr face au chômage : le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de près de 7 % en un an pour atteindre 4,25 millions de chômeurs ; parmi eux, le nombre de jeunes qui cherchent un travail depuis plus d’un an est en hausse de 72 %.

A quand un changement de Gouvernement qui traduise un véritable changement de politique ?

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Jean-Pierre Balligand

Député de l'Aisne


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