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Atlas des mondialisations

Publié le 17 novembre 2010 par Egea

Comme chaque automne, voici donc la livraison annuelle de l’atlas coédité par Le Monde et la Vie. Il fait suite aux précédents : atlas des civilisations, atlas des religions, atlas des migrations. C’est ce qu’on appelle un marronnier : il a le charme des feuilles d’automne qui reviennent régulièrement et nous rappelle l’ordonnancement immuable des choses ; simultanément, le côté répétitif et un peu suranné de l’habitude qui fait qu’on y porte moins attention.

Atlas des mondialisations

Pourtant, les éditeurs (J.-P. Denis et L. Greilsamer) ont rassemblé de belles signatures : Christian Grataloup, Jacques Lévy, Claude Hagège, Hervé Le Bras, Gérard Chaliand, Jean Sellier, Ali Laïdi, Antoine Frémont, Laurent Carroué, Michel Foucher, Mireille Delmas-Marty, Sylvie Brunel, Béatrice Giblin, Jean-Claude Guillebaud, Christian Harbulot, Sylvain Kahn et Hugues de Jouvenel pour ceux que je connais (vous trouverez d’ailleurs pas mal de fiches de lecture rendant compte de leurs ouvrages), ce n’est pas mal.

Le recueil est organisé en cinq chapitres : « Qu’est-ce que la mondialisation ? » réunit des définitions proposés par des spécialités différentes, manière d’illustrer la complexité du mot, et peut-être l’évanescence du phénomène. « Une ou plusieurs histoires ? » veut illustrer la continence de la mondialisation actuelle, qui n’est pas unique dans l’histoire. « Vers l’uniformisation ? » propose une lecture critique de ce synonyme de la mondialisation, qui serait une uniformisation (voire une occidentalisation, même si Serge Latouche ni Georges Corm ne sont pas invités). Le quatrième chapitre débat de « seize idées reçues » qui sont autant de variations (emplois, inégalités, divertissement, pandémies, goût,...) du thème précédent. Enfin, le dernier chapitre « Qu’y a-t-il après ? » s’interroge sur les perspectives.

Dira-t-on notre relative déception ? Ou plus exactement notre impression mitigée : il y a certes des moments fort instructifs, et des pages qui méritent le détour : les propos de J. Lévy (la nouveauté tient à ce que la mondialisation est un processus qui se pense en même temps qu’il se déroule) ou de C. Hagège (qui rappelle le mot anglais « global » au sens fort différent du mot français) sont ainsi passionnants. Les illustrations sont convenables, même s’il y a, finalement, peu de cartes ; il y a également des données intéressantes et que l’on voit rarement mises en perspectives et qui constituent autant de surprises (réseaux des câbles téléphoniques sous-marins, cartes des frets aériens, traductions de Harry Potter ou existence d’un Nollywood –Hollywood nigérian- que je ne connaissais pas...).

Bref, j’aurai finalement eu peu de découvertes. Cela est explicable de plusieurs façons :

  • la première serait que j’ai finalement déjà pas mal lu sur la question, et que par conséquent j’ai beaucoup plus de mal à être surpris.
  • La seconde tient à ce que j’ai trouvé cela finalement très BCBG et bien pensant, sur un thème musical qui répète « la mondialisation c’est compliqué, ce n’est bien sûr pas aussi bien que le prétendent les méchants capitalistes, mais regardez il y a à la fois des bonnes choses et des obstacles à cette mondialisation ».
  • La troisième tient au fait que le thème est finalement assez décousu et ma cadré, ce qui donne l’impression d’un éparpillement. La première partie des définitions donne l’impression d’un kaléidoscope, la seconde historique est solide mais peu nouvelle, les trois dernières sont finalement peu différentes les unes des autres et ajoutent à l’impression de fourre-tout.

La dernière raison tient probablement à l’épuisement de la série. En effet, vouloir écrire des atlas sur des sujets mondiaux et sociétaux est une formule utile, mais qui s’épuise : je m’en faisais la réflexion à l’issue du dernier : après avoir parlé de religion, de démographie et de culture, quel serait le prochain thème ? la mondialisation les reprend tous et les couvre, mais on touche là aux limites de l’exercice. Pour renouveler le genre, il faudrait soit sortir de la sphère sociétale (par exemple, un atlas économique, mais il y a déjà une concurrence) soit sortir de l’optique mondiale pour se centrer sur une aire géographique donnée.

Pour conclure, l’atlas n’est pas mauvais et intéressera, sans doute, ceux qui ne connaissent pas grand chose à la mondialisation et ont envie de faire le point, de façon attrayante et cadencée. Il décevra en revanche ceux qui ont déjà commencé à travailler sur la question.

Atlas des mondialisations

Hors série du Monde et de La Vie

O. Kempf


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