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Affaire Mouzin : les confessions d'un grand flic

Publié le 11 janvier 2008 par Willy


L'avis de recherche d'Estelle.

L'avis de recherche d'Estelle.


Directeur de la PJ de Versailles à l'époque, Jean-Marc Bloch revient sur cette affaire exceptionnelle.

Cinq ans après la disparition d'Estelle Mouzin à Guermantes, les policiers trébuchent toujours sur cette énigme criminelle. Aucune piste n'a jamais permis de retrouver la trace de la fillette de neuf ans. Jean-Marc Bloch, qui a dirigé l'enquête à l'époque, est aujourd'hui contrôleur général de la police nationale à la retraite. Le grand «flic» dit son regret de n'avoir pu percer ce mystère.

LE FIGARO. Cinq ans qu'Estelle n'a plus donné signe de vie. Qu'éprouve l'ex patron d'enquête que vous étiez ?

Jean-Marc BLOCH. De l'amertume. L'affaire Estelle est la dernière que j'ai eue à connaître avant de quitter la PJ. Aujourd'hui encore, j'y songe en me demandant si nous ne sommes pas passés juste à côté de la vérité sans la voir ou sans avoir su faire le bon geste au moment voulu. Comme un chirurgien qui a raté son opération, je cherche à en disséquer les causes. Peut-être sommes-nous face à un crime parfait, sans trace ni lien entre le ravisseur et sa victime. En moyenne, nous élucidons huit dossiers criminels sur dix. Ceux qui restent ne s'oublient jamais.

En particulier quand la victime est un enfant...

Oui, car la charge émotionnelle est très forte. Dès le départ, les enquêteurs et moi avions presque adopté Estelle sans jamais l'avoir vue. Dans les premières semaines, nous avions du mal à rentrer dans nos foyers le soir, préférant retourner inlassablement sur le terrain. Les 400 policiers que je dirigeais alors étaient mobilisés. On ne parlait que de retrouver la petite...

La PJ a pour cela employé des moyens colossaux ?

Avec du recul, je ne vois pas ce que l'on aurait pu faire de plus. Nous sommes allés jusqu'à boucler Guermantes par 700 hommes afin de perquisitionner 400 pavillons en même temps. Du jamais vu ! La glace de dizaines de mares et d'étangs alentour a été cassée afin que des plongeurs en explorent le lit. Même les égouts ont été fouillés. Notre hélicoptère se posait au moindre signe suspect. Une semaine après la disparition, il a même failli se crasher après que ses pales se sont prises dans des branches. Nous avions identifié 15 000 appels téléphoniques passés dans la demi-heure de la disparation. Un travail de titan.

Vous avez même interrogé les étoiles ?

Oui, je peux maintenant révéler que, via Interpol, nous avons sollicité tous les satellites d'observation de la Terre pour savoir si l'un d'eux par hasard aurait pris une vue aérienne de Guermantes ce 9 janvier 2003, à 18 h 15 exactement...

Vous n'aviez donc vraiment aucun indice ?

Ce soir-là, il neigeait. Tout bruit suspect a été étouffé et les rares témoins potentiels, à la nuit tombée, ne traînaient pas dans les rues. Seul un chef d'entreprise a aperçu une voiture couleur gris clair filer à très vive allure. Mais la description était trop vague...

Dans ce genre d'affaire, la tempête médiatique est-elle gênante ?

Non, au contraire ! Tout ce qui pouvait susciter des témoignages était bon même si nous avons eu nombre d'appels de médium ou de cartomanciennes. À un moment, nous avons cru à la piste d'un enlèvement à Avignon, mais c'était encore une impasse... La chance ne nous a jamais souri. Par exemple, Michel Fourniret a été interpellé presque accidentellement. Est-ce que nos méthodes d'enquêtes classiques auraient permis de le confondre autrement, je n'en suis pas sûr...

Justement, certains disent qu'Estelle aurait pu se retrouver sur la route de ce tueur en série.

Son nom est apparu bien après la disparition, et j'imagine que tous les recoupements imaginables ont été effectués depuis...


Propos recueillis par Christophe Cornevin -
http://www.lefigaro.fr/


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