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Karachigate : "l'affaire ne fait que commencer"

Publié le 20 novembre 2010 par Letombe


Fabrice Lhomme déclarait hier sur BFMTV que l'affaire du "Karachigate" ne faisait que commencer.
En effet, à la suite des déclarations de l'ancien ministre de la Défense du gouvernement Juppé (1995-97), Charles Millon, qui confirme l'existence de rétrocommissions (1) dans le contrat Agosta, le juge Van Ruymbeke a recueilli, jeudi 18 novembre, une déposition explosive (selon Mediapart).
Pour la première fois, un témoin de premier plan permet de faire un lien direct entre l'arrêt du versement des commissions (2), en marge de la vente de sous-marins au Pakistan, décidé par Jacques Chirac en 1995, et l'attentat de Karachi, en mai 2002.
Il s'agit de Michel Mazens, un haut fonctionnaire alors chargé par l'Etat français de négocier les contrats d'armements. Ce dernier explique que c'est à la demande de Dominique de Villepin qu'il a été chargé de transmettre cette directive (l'arrêt du versement des commissions) à Dominique Castellan qui était à l'époque le patron de la branche commerciale de la Direction des constructions navales (DCN).
M. Castellan avait par ailleurs réagi en disant que c'était faire courir des risques à ses personnels.
Me Olivier Morice, avocat des familles des victimes françaises de l'attentat, dit voir dans cet élément la démonstration que le risque avait été pris par l'Etat français de s'exposer à des représailles. "On a la preuve qu'au moment où Jacques Chirac et Dominique de Villepin prennent la décision d'arrêter le paiement, ils savent qu'il y a des risques", a-t-il dit à Reuters.
Une nouvelle plainte pour mise en danger d'autrui et homicides involontaires va donc être déposée et elle visera Dominique de Villepin, Jacques Chirac et les anciens dirigeants de la DCN, a déclaré Me Morice.
L'affaire n'en est effectivement qu'à ses débuts, les centristes Hervé Morin (ex-ministre de la Défense) et François Bayrou, viennent de s'invectiver publiquement au sujet de cette affaire, insinuant des mises en cause mutuelles concernant ce dossier.
Pour mémoire, M. Morin a été proche de François Léotard, ministre de la Défense dans le gouvernement Balladur, tandis que M. Bayrou était alors secrétaire général de l'UDF.
Nicolas Sarkozy était quant à lui ministre du Budget (donc impliqué dans le contrat Agosta et ses commissions) puis porte-parole dans la campagne présidentielle de M. Balladur de 1995. L'actuel président avait donné son aval à la création de la société luxembourgeoise Heine, une société opaque par laquelle circulait l'argent des commissions et rétrocommissions, à travers un réseau installé dans des paradis fiscaux. (3) Nicolas Sarkozy est aussi en relation étroite avec l'intermédiaire soupçonné d'avoir été imposé dans le contrat Agosta, M. Takieddine (4).
La campagne est suspectée d'avoir recueilli des sommes importantes en argent liquide (10 millions de francs), dont la provenance ne serait pas établie.
C'est donc toute la droite, du Centre à l'UMP, des "Chiraquiens" aux "Balladuriens", qui semble concernée par cette affaire ténébreuse, tout comme le président de la République Nicolas Sarkozy.
(1) "on a eu une intime conviction qu'il y avait rétrocommissions" déclaration de Charles Millon, interrogé comme témoin le 15 novembre 2010 par Renaud Van Ruymbeke, selon le compte rendu de l'audition publié sur Mediapart.
(2) Selon la note de la DCN dite "Nautilus" L'annulation de ces commissions avait été décrétée en 1995, à la suite de l'alternance politique en France, et visait à assécher les réseaux de financement occultes de l'Association pour la Réforme d'Édouard Balladur. 
(3) les enquêteurs Luxembourgeois confirment que Nicolas Sarkozy était au courant des activités de la société Heine. Déjà, alors qu'il était ministre du Budget, Nicolas Sarkozy avait donné son feu vert à la création de cette société.
L'enquête luxembourgeoise apporte un nouvel élément. Elle mentionne ainsi l’existence d’un courrier signé de deux administrateurs de Heine qui a été "adressé à M. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, le 29 novembre 2006 où on lui demande des instructions par rapport à la démarche à suivre concernant le risque de liquidation judiciaire de la société Heine". (révélation extraites du Nouvel Obs)
(4) Ziad Takieddine prétend être ami avec Nicolas Sarkozy depuis 1993, et une soirée chez François Léotard. Il connaît également Brice Hortefeux, un proche de Nicolas Sarkozy. Il soutient également avoir été l'émissaire de la France dans l'affaire des infirmières bulgares, ce que Claude Guéant confirme. C'est donc un personnage qui gravite clairement dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. (Nouvel Obs)

Publié par Rimbus


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