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MANHATTAN (Woody Allen - 1979)

Par Actarus682

http://zero1blog.com/wp-content/uploads/2010/03/manhat1.jpgAvant de se fourvoyer (depuis plus de 10 ans maintenant) dans des films indignes de son talent (en gros, depuis Deconstructing Harry (Harry dans tous  ses états - 1997), Woody Allen éblouissait par la qualité de ses longs-métrages, mélanges d'intelligence, d'humour et de réflexion sur les rapports humains. Citons en vrac Hannah et ses soeurs, Annie Hall, La rose pourpre du Caire ou encore Intérieurs, le film le plus bergmanien de son auteur (immense admirateur d'Ingmar Bergman, et on le comprend). 

Manhattan est son chef d'oeuvre.

Véritable déclaration d'amour à New York et plus particulièrement au plus célèbre de ses boroughs, Manhattan est avant tout un éblouissement visuel de chaque instant. Unique film tourné par Allen en format large 2.35, magnifié par une photographie noir et blanc de toute beauté et une bande originale classique et jazzy soulignant l'intemporalité et le caractère éternel de la circonscription la plus célèbre du monde, le film constitue à la fois une ode poétique à Manhattan mais aussi une réflexion sur le temps qui passe, le vieillissement et son corollaire, le cynisme.

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"You have to have a little faith in people". L'ultime réplique du film, prononcée par le personnage de Tracy (délicieuse Mariel Hemingway), a marqué mon esprit de cinéphile depuis ma découverte de Manhattan, il y a 20 ans. La raison m'échappait alors. Cette phrase, suivie du plan du personnage incarné par Woody Allen, souriant et réduit au silence par la pertinence du conseil de sa jeune compagne, me semblait résumer tout le film, sans que je ne parvienne à en saisir précisément la signification. La redécouverte récente du film me permit de poser un sens sur la raison de la marque indélébile que cette réplique avait alors imprimée sur moi. Le métrage tout entier repose en effet sur le vieillissement d'un être qui a perdu toute l'innocence du regard qu'il faut parfois savoir porter sur ses congénères, alors que le regard qu'il porte sur sa ville est, paradoxalement, d'une totale pureté et exempte de tout recul. La réplique finale clôt ainsi le film en faisant prendre conscience au personnage de Woody Allen du cynisme qui s'est peu à peu emparé de lui, prise de conscience d'autant plus forte qu'elle est amorcée par une jeune fille de 18 ans, symbole de pureté et d'innocence.
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Par ailleurs, le film constitue une peinture extrêmement fine de Manhattan, à l'image de cette ligne de dialogue prononcée par le personnage d'Allen: "Les habitants de Manhattan se créent des névroses inutiles pour éviter d'avoir à répondre à des questions plus terrifiantes et insolubles concernant l'univers". Renfermés sur eux-mêmes, habitant un monde qu'ils considèrent comme le centre du monde, immense village communautaire hermétique à l'extérieur, les gens de Manhattan sont ainsi décrits par Allen avec une acuité de regard extrêmement parlante et qui semble immédiatement évidente.

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Manhattan, cadencé au rythme de dialogues brillants, mis en scène avec une beauté plastique que Woody Allen ne retrouvera jamais plus, poème proche de l'élégie, s'inscrit indéniablement comme le sommet de l'art de son auteur, et regorge d'images qui font partie à jamais de ma mémoire de cinéphile.

A la fin de Manhattan, nous sommes tous des New Yorkais.



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