Einstürzende Neubauten à l'Ancienne Belgique, Bruxelles, le 19 novembre 2010

 Einstürzende Neubauten (littéralement "bâtiments neufs qui s'effondrent") a été créé en 1980 par Blixa Bargeld.
Rapidement le groupe va se créer une réputation mondiale dans le domaine de la musique expérimentale à tendance industrielle et son leader attirera l'attention de Nick Cave pour lequel il officiera longtemps comme guitariste au sein des Bad Seeds.
Ce 19 novembre, E.N. donnait son deuxième concert sold out à l'AB et sur le trottoir face à la salle le public, nombreux, de fidèles du band croise le cortège de chars des étudiants imbibés et braillards qui fêtent bruyamment la St V. Le choc de deux mondes. Amusant.
Joli bordel en tout cas dans lequel se débattent quelques fans moins chanceux toujours à la recherche du Graal pour assister au show de ce soir.
Dans la salle, point de musique diffusée par la sono mains des sons industriels ou de la vie quotidienne qui plongent immédiatement l'auditeur dans l'univers du groupe.
A quelques màtres de là, le stand merchandising est pris d'assaut.
Le groupe est culte, son oeuvre aussi.
Je m'installe confortablement au 3e rang du balcon d'ici je ne raterai aucun détail, l'expérience peut commencer...
20h30, Blixa et ses musiciens montent sur scène sous une immense ovation qui retombera rapidement car en restant immobile pendant une longue minute le groupe impose un silence respectueux parfois entrecoupé par l'un ou l'autre mot d'humour de Blixa Bargeld.
Glissement de basse, note de piano répétitive, la voix de l'homme en costume noir aux pieds nus, grave et envoûtante se met en place.. " You will find me if you want me in the garden, unless it's pouring down with rain.." le groupe entame sa prestation avec "The Garden".
Sur scène les instruments traditionnels guitare (Jochen Arbeit), basse( Alexander Hacke), claviers( Ash Wednesday) et drums côtoient d'autres instruments iconoclastes (NU Unruh et Rudolf Moser) allant puiser dans du matériel de chantier, des tubes de canalisations en guise de percus, des clous et des plaques métalliques tombant d'un grand réceptacle.
L'expérience est sidérante, bouleversante même car l'émotion n'est pas absente de l'univers du groupe, quoiqu'on en dise.
Et le son est parfait.
Christian Emmerich ( Blixa Bargeld est un pseudonyme en référence au mouvement dada et à l'artiste Johannes Theodor Baargeld) chante en alternance en anglais et en allemand.
Le light show principalement composé de lumières blanches, ocres et rouges ajoute un bel écrin à la musique envoûtante, mélodique et parfois oppressante de E.N.
Le public est dans l'ensemble très attentif et respectueux de la musique du groupe. Oublions quelques énergumènes imbibés s'intéressant + au bar et dérangeant tout le monde à chacun de leurs passages et qui auraient mieux fait de rester chez eux.
Einsurzende Neubauten ça s'écoute, parfois même religieusement comme en témoigneront de longs silences pendant "Silence is sexy", titre sur lequel Blixa Bargeld s'allumera une cigarette aux herbes (car il a laissé tomber le tabac depuis 10 ans) et dans lequel la moindre respiration, le moindre soupir pourra être entendu.
Le groupe accordera 3 rappels à son public dont une magnifique version de "Redukt" qui reste toujours un moment clef du show.
Un dernier titre idéal avant de se quitter avec " Total Eclipse of the Sun".

Une grand messe de cent cinquante minutes, une osmose totale entre un band et son public, un concert auquel on peut sans hésitation attribuer cinq étoiles.
Un triomphe.
Enorme prestation !

SETLIST:
The Garden
Befindlichkeit des Landes (Ufo, Rampe, Überleitung)
Halber Mensch (part)
Von wegen
Die Interimsliebenden
Nagorny Karabach
Dead Friends (Around the Corner)
Unvollständigkeit
Installation No.1
Rampe
Ich hatte ein Wort
Let's Do It a Dada
Haus der Lüge
Sabrina
Susej
[*]Encore:Headcleaner
Silence Is Sexy
[*]Encore 2:Youme & Meyou
Redukt

[*]Encore 3:Total Eclipse of the Sun