Achetez moins, mais achetez mieux !

Les prestataires de services internet aux entreprises se livrent une concurrence féroce. Et malheureusement, c’est le client qui en paye le prix. Grâce à une poudre aux yeux savamment orchestrée à grands renforts de jargon métier, le client s’imagine souvent que grosso-modo Pierre et Paul (ou leurs agences) se valent. N’ayant pas l’expérience ou l’expertise nécessaire pour savoir ce qu’il achète, le client s’en remet au prestataire et achète souvent mal. Dans ce contexte de nivellement, le prix de la prestation devient le seul facteur discriminant. On voit ainsi bien des entreprises s’engager résolument vers de grosses déconvenues…

Ainsi, l’exemple récent d’un ami qui, me parlant d’un nouveau venu dans sa concurrence, m’invite à regarder son site pour me dire s’il peut représenter une menace pour lui. Le nouveau venu arbore un beau site, très tendance, avec des contenus et des fonctionnalités. La première impression est qu’il y a sans doute mis de gros moyens qui attestent de sa détermination de son engagement à se tailler une belle part sur internet.
Mais en y regardant de plus près, il apparaît ensuite quelques erreurs de jeunesse dues à l’inexpérience. Ce n’est pas très grave, il faut bien en passer par là, et d’ici quelques mois, ces points seront sans doute réglés.
Non le plus grave n’est pas là. Le plus grave est clairement dramatique ! Le site n’est absolument pas conçu pour être efficace en matière de référencement ! Le code est brouillon, développé strictement en tables, les contenus ne sont pas structurés, les balises alt ne sont même pas renseignées, … Bref, la liste est trop longue, et à part les urls relativement propres sans doute du fait du CMS sous-jacent, ce site est un anti-exemple de SEO !

Ce client, sans doute satisfait par les dehors flatteurs de son site, ignore qu’il vient de se tirer une balle dans le pied et de se condamner à payer sa visibilité chèrement à grands budgets de leads achetés ou à pester sur son investissement stérile. Au mieux, il finira par comprendre que son prestataire lui a vendu un site mal construit et il voudra y remédier. Il faudra alors payer à nouveau, et ce type d’optimisation à posteriori n’est jamais aussi efficace qu’une vraie conception d’emblée orientée vers le referencement naturel.

Et le pire du pire ? C’est que le prestataire qui a réalisé ce site (et qu’il signe sans rougir) annonce fièrement sur la page d’accueil de son site que le referencement est une de ses spécialités ! Argh !

Qui est responsable de ce fiasco ?

- le prestataire qui pour ne pas perdre son client en promet toujours plus mais en livre beaucoup moins pour préserver sa marge et respecter son calendrier. S’il n’avait pas tant eu peur de voir son client partir à la concurrence, il lui aurait fait comprendre qu’il y a des règles à respecter et des contingences à assumer. Il vaut mieux reporter à plus tard quelques fonctionnalités et s’assurer que les fondations sont solides !

- le client qui veut tout et tout de suite sinon, il va voir le voisin qui lui, lui fera tout ce qu’il veut pour la veille et peut-être encore moins cher !

- le client encore qui ne prend pas assez de précautions pour comprendre ce qu’il achète. Aujourd’hui, il existe des consultants qui peuvent apporter leur expertise et leur conseil. Ainsi, je pense par exemple à Et Maintenant qui s’est positionné clairement sur ce créneau du conseil amont et de la recommandation en prestataires. Ils connaissent le marché, ses acteurs et maîtrisent les contraintes techniques. Mais beaucoup d’indépendants ou de petites agences peuvent jouer ce rôle de conseil. Disons qu’un second avis est toujours intéressant, surtout s’il vient d’un spécialiste. Cette dépense est en fait une réelle économie pour l’avenir du projet.

- le marché qui souffre de la complexité technique qui favorise une grande opacité entretenue par les prestataires eux-même et de l’abondance d’une offre disparate et inégale (du neveu de la comptable qui bidouille un site perso aux grandes web agencies en passant par les indépendants)

- la profession qui ne s’est pas doté des outils classiques d’une corporation : normes professionnelles de qualités, organismes de certification, évangélisation auprès des entreprises et de leurs décisionnaires notemment …