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A Lisbonne, Sarkozy karachi dans la colle : il traite un journaliste de «pédophile» !

Publié le 23 novembre 2010 par Kamizole

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Décidément, deux incartades de suite lors du dernier sommet de l’OTAN qui vient de se tenir à Lisbonne, Nicolas Sarkozy fait fort ! J’ai déjà parlé de ses mauvaises manières envers le président roumain, Traian Basescu, qu’il a pratiquement bousculé avant la “photo de famille” des chefs d’Etat ou de gouvernement. What family ! Or, en cherchant hier en fin d’après-midi les nouvelles fraîches sur Google Infos, je tombe sur ce titre de l’Express La colère off de Sarkozy (22 nov. 2010) qui ne pouvait qu’attirer mon attention d’autant qu’il y était question d’un journaliste qui l’interrogeait sur l’affaire Karachi… Elle le poursuit jusqu’à l’étranger !

Un titre du Nouvel Obs (22 nov. 2010) précise les attaques du chef de l’Etat Le dérapage de Sarkozy contre un “journaliste pédophile” dont le sous-titre est tout autant explicite : «L’Express.fr et Mediapart.fr relatent une réunion informelle en marge du sommet de l’Otan à Lisbonne au cours de laquelle le chef de l’Etat s’est violemment agacé des questions posées sur l’affaire Karachi»… “Joe Dalton for president”… Comment s’étonner du résultat ? C’était amplement prévisible bien avant le 7 mai 2007. Merci à tous les connards qui lui ont permis de réaliser son rêve. Nous payons tous aujourd’hui ce mauvais choix.

L’article de Michaël Hajdenberg (Medipart, le 22 novembre) est tout autant explicite que son titre Sarkozy à des journalistes: «Amis pédophiles, à demain» parce que c’est sur cette apostrophe que Nicolas Sarkozy a conclu son intervention !

Il a bien raison de le souligner : “le Sarkozy nouveau” est tout autant frelaté que le Bojolpif dont on nous inonde actuellement comme je le soulignais récemment… Contrairement à un vrai Beaujolais, il ne tient pas la route plusieurs années. Je préfère un authentique «Pisse Dru» ! et bien d’autres appellations.

«Les “nouveaux habits” du président Sarkozy n’auront pas tardé à se déchirer en lambeaux. Pourtant, cette fois, après son intervention télévisée du 16 novembre, c’était sûr, c’était la bonne. “Plus calme“, “plus modeste“, “assagi“, “au-dessus de la mêlée” : l’homme se fondait enfin pleinement dans la fonction». Fallait-y être con pour le croire !

L’image d’Epinal – Philippe Seguin, son ancien maire n’aurait sans doute pas applaudi ! – ou l’image pieuse de François Fillon en «hyper-premier ministre» - qu’en parfait cul-béni il était prié de ranger dans son missel - n’aura pas résisté plus de trois jours. Et encore ! J’avais lu que Claude Guéant, désormais prié de demeurer coi était monté au créneau pour taper comme un sourd – dingue ? - sur Dominique de Villepin… «chassez le naturel, il revient au galop» dit la sagesse populaire à bon escient. Le Sarko «omniprésent» était prié de s’éclipser : il revient par la fenêtre !

Ainsi, au point de presse informel où Nicolas Sarkozy a fondu son dernier plomb, c’était Jean-Daniel Levitte (son conseiller pour les affaires internationales) qui devait s’entretenir avec les journalistes : Nicolas Sarkozy s’y est invité et qui plus est, avec un micro. Histoire de se faire entendre. Na ! «Approchez, approchez»… Oyez, oyez la divine parole !

Pour résumer, Nicolas Sarkozy n’a donc pas apprécié qu’un journaliste l’interrogeât sur le Karachigate. Nous savons depuis fort longtemps qu’il n’apprécie que les journalistes à-plat-ventristes qui ne posent pas de questions dérangeantes. Ceux qui l’interviewent réguliè-rement à la télévision, par exemple. Il avait pourtant commencé par «répondre relativement calmement, reprenant presque mot pour mot le communiqué de presse envoyé précédemment par Claude Guéant : il est victime d’une rumeur malveillante et d’allégations calomnieuses qui ne reposent sur aucun commencement de preuves»…

Il ajoute que «la presse raconte n’importe quoi»… Air connu. Il a relevé qu’il aurait été présenté comme le trésorier de la campagne d’Edouard Balladur en 1995 : «Vous ne vérifiez rien»… Cette allégation est-elle mensongère ? Avec lui, il faut s’attendre à tout !

J’ai pourtant dépouillé un sacré paquet d’articles depuis juin 2009 et cela ne m’a jamais sauté aux yeux. Je n’aurais manqué de le remarquer, sachant que Nicolas Sarkozy était directeur de la campagne et porte-parole d’Edouard Balladur, il n’en pouvait bien évidemment en être le trésorier : les associations de financement des campagnes électorales obéissant à des règles très strictes.

Pour information, ce fut René Galy-Dejean – maire du XVe arrondissement de Paris, terre d’élection aux deux sens du terme d’Edouard Balladur – qui en fut le trésorier. Bien remercié de ces bons services lors des élections législatives de 2007 par l’UMP qui l’a écarté au motif de rajeunir ses listes mais c’était en fait pour trouver un point de chute à Jean-François Lamour. Il fut exclu de l’UMP pour s’être malgré tout maintenu. Lequel René Galy-Dejean se disait «troublé» d’être informé qu’une somme importante – 10 millions de francs en liquide et en grosses coupures ! prétendument récoltées lors des meetings électoraux d’Edouard Balladur - ait pu être versée sans qu’il soit au courant.

Propos tenus le 27 avril 2010 dans une interview donnée à Médiapart et repris par Renaud Lecadre dans un article de Libération Financement de campagne : Balladur encaisse… «Ce qui me trouble le plus, c’est qu’il s’agit de grosses coupures, alors que je n’en voyais quasiment jamais passer. L’argent des militants et des sympa-thisants, c’est presque toujours des petites coupures, comme des billets de 10, 20 voire 50 francs. Non, vraiment, je ne comprends pas». CQFD. On ne saurait être plus clair. Il est bien évident que le trésorier officiel de la campagne était tenu à l’écart des opérations qui - éventuellement - n’eussent pas été rigoureusement “clean”.

C’est la loi du genre et il semble bien que ces pratiques – qui sont sans doute bien loin de ne concerner que le RPR d’hier et l’UMP d’aujourd’hui mais sans doute pas sur une si grande échelle et avec des ramifications interna-tionales d’une telle ampleur - n’aient pas cessé en dépit de la loi sur le financement des partis politiques, l’encadrement rigoureux des dépenses électorales. On se souvient que les comptes de campagne d’Edouard Balladur furent agréés par Roland Dumas, alors président du Conseil constitutionnel, nonobstant deux rapporteur qui en préconisaient le rejet… A quelles considérations obéissait-il ? Ce n’est sûrement pas Jacques Chirac qui serait intervenu dans ce sens : il était bien trop remonté contre son ex «ami de trente ans» qui avait osé le défier !

Malheureusement pour les sarkozystes j’ai une très bonne mémoire, pas mal d’archives et un tempérament de chien de chasse : quand elles me font défaut, je suis la trace sur Google et Wikipedia à partir de quelques mots clef qui surnagent. Il est fort rare que j’en revienne bredouille. Dans un récent commentaire sur l’article consacré à l’incartade de Nicolas Sarkozy avec le président roumain à Lisbonne, l’ami G. (Coup de Grisou) me conseille de me méfier des «cambrioleurs» qui seraient à la recherche de courriels compromettants que je pourrais avoir envoyés. Cela ne risque rien et quant à ceux que j’ai reçus et qui contenaient des «boules puantes», il y a belle heurette qu’ils ont rejoint leur destination naturelle : la poubelle !

Ceci dit, ils pourraient sans doute m’être d’une quelconque utilité : m’aider à retrouver ce que je cherche en vain dans mon fatras ! Je leur souhaite bien du plaisir. Et si d’aventure, ils voulaient bien m’envoyer de vrais “plombiers” ils auraient droit au meilleur accueil possible : j’ai quelques petites réparations que je remets toujours à plus tard… Je rigolerais moins s’ils envoyaient quelque virus s’attaquer à la mémoire et je devrais penser à retirer après chaque session de travail la clef USB où j’archive en double mes dossiers. Je peux vous dire que mon bureau virtuel et “Mes documents” sont drôlement mieux rangés et répertoriés que l’appart !

:)

Je rigole donc encore d’avoir entendu ce week-end sur France-Info le déplorable Dominique Paillé - porte-parole de l’UMP - oser soutenir contre la vérité que Nicolas Sarkozy n’était que le porte-parole du candidat et qu’il n’était pas son directeur de campagne. Si tu mens sur un tel détail, tu mens nécessairement sur l’ensemble. Nous savons que le mensonge est consubstantiel au sarkozysme. Il ne peut espérer abuser que les personnes qui n’ont qu’une connaissance très superficielle de cette affaire. J’irais même nettement plus loin : en tant que ministre du Budget d’Edouard Balladur Nicolas Sarkozy ne pouvait ignorer les tractations financières – officielles autant qu’officieuses - autour des contrats d’armement qui n’ont pu s’opérer sans son aval…

J’en reviens à la dernière prestation de Nicolas Sarkozy : Le président commence par reprendre le communiqué de presse de l’Elysée dans lequel il est dit que «Nicolas Sarkozy est victime d’une rumeur malveillante et d’allégations calomnieuses qui ne reposent sur aucun commencement de preuves». Le président ajoute que «la presse raconte n’importe quoi». Mais quand il lui est rappelé que son nom figure notamment dans des documents montrant qu’il a donné son aval à la création d’une société-écran luxembourgeoise – très certai-nement la désormais fameuse société Heine - par laquelle transitaient les commissions, il «pète les plombs» selon de nombreux journalistes présents en s’adressant à celui qui a osé lui poser la question :

«Survolté», «hors contrôle», le président ne s’arrête plus : «Qui vous a dit ça? Vous avez eu accès au dossier? Charles Million a une intime conviction. Et si moi j’ai l’intime conviction que vous êtes pédophile? Et que je le dis en m’appuyant sur des documents que je n’ai pas vus».… Et cette diatribe se poursuivra une dizaine de minutes, pendant lesquelles, à plusieurs reprises, il reprend la comparaison. Finalement, il clôt son intervention, tourne les talons et s’en va en déclarant: «Amis pédophiles, à demain» selon Mediapart qui précise que bien que n’étant pas présent, cette scène a été rapportée par quatre journalistes.

Les journalistes français se regardent interloqués, notamment les «journalistes diplomatiques», qui n’ont pas l’habitude des dérapages du président. Dix minutes plus tard, l’entourage de Nicolas Sarkozy revient, conscient de l’énormité du discours, et insiste lourdement: «C’était du off, rien que du off.»… Et alors, les duchnock ? Il l’a dit… Off ou pas, ça change quoi ?

Qu’officiellement il ne relève pas des “petites maison” chères à madame de Sévigné ? Bien avant le 7 mai 2007 j’avais prédit que nous aurions avec lui un président en tout point comparable au pauvre Paul Deschanel qui connut le septennat le plus court de la République française : élu le 18 janvier 1920 et obligé de démissionner le 21 septembre 1920 après avoir donné moult preuves de son insanité mentale dont la plus connue me fait toujours marrer : tombé ou descendu du train présidentiel sur la voie de chemin de fer en pleine nuit à la faveur d’un ralentissement, il marcha le long des rails jusqu’à la maison d’un garde-barrière auquel il se présenta ainsi - en pyjama ! - “Je suis le président de la République”, l’autre lui répondant sans de démonter : “Je suis le Pape”

:)

Le micro du président était toutefois branché à une console. Plusieurs journalistes ont la possibilité de faire fuiter les sons, ils préféreront «les écraser» : «Tout le monde est off ou personne n’est off» ont expliqué certains d’entre eux…

Perso, je pense que c’est bien plutôt parce que Nicolas Sarkozy gouverne par la peur. Peut-être quelque jour ressortira-t-il quelque enregistrement “pirate” ? Mais image et son ou pas, l’essentiel est sans nul doute que nous en soyons informés. Il fut une époque, pas si lointaine au demeurant, où les journalistes ne disposaient que de leur carnet et d’un stylo.

En outre, et pour en terminer au moins pour aujourd’hui, Nicolas Sarkozy semble avoir oublié qu’en juin 2010 Karachi : Sarkozy cité dans un rapport de la police luxembourgeoise (Le Monde du 2 juin 2006, entre autres titres). Nul doute que les policiers luxembourgeois ne soient pas plus crédibles que les journalistes français : tous des menteurs, acharnés à faire chuter «l’avorton du Diable» de son piédestal… Surtout n’y voyez aucune injure mais un petit clin d’œil au grand Saint-Augustin (354-430). L’évêque d’Hippone en Numidie (Bône puis Annaba) considéré comme le plus illustre des Pères et docteurs de l’Eglise se considérait en toute humilité – dans ses «Confessions» ? - comme «l’avorton de Dieu»… Politesse et simplicité des plus grands.

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Autres sources sur les investigations de la police luxembourgeoise :

LE MONDE

Où en est l’enquête sur l’attentat de Karachi ? (4 mai 2010)

20 MINUTES

Sarkozy cité dans l’affaire Karachi: A l’étranger, «des reporters feraient le siège de la présidence pour avoir une réaction» (3 juin 2010)

Karachi: un rapport de la police luxembourgeoise mouille Nicolas Sarkozy (2 juin 2010)

NOUVEL OBS

Affaire Karachi : la police luxembourgeoise met en cause Nicolas Sarkozy (2 juin 2010)

NOUVEL OBSERVATEUR

Karachi : Sarkozy mis en cause dans un rapport de police luxembourgeois, selon Médiapart (2 juin 2010)

Alors, chiche, Monsieur le Président, on le lève le « secret défense !» (blog de Jean-Marcel Bouguereau, 2 juin 2010)

LE POINT

Sarkozy cité dans un rapport officiel sur l’attentat de Karachi (2 juin 2010)

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Post-scriptum

Vous aurez remarqué comme moi que sur la levée du secret-défense et la promesse de Nicolas Sarkozy l’on est loin du compte ! Puisque nous apprenions hier que Karachi : François Fillon refuse une perquisition à la DGSE au juge Renaud Van Ruymbeke qui avait «avait sollicité la déclassification temporaire des locaux de la DGSE pour mener cette perquisition afin de saisir tout document relatif à l’enquête».

Je pense que l’on peut faire confiance à l’éthique d’un juge de la qualité de Renaud Van Ruymbeke pour ne pas saisir ou utiliser des documents couverts par le secret-défense qui n’auraient aucun lien avec son enquête. Je constate surtout que le «secret-défense» a été le plus souvent opposé – et cela ne date pas d’aujourd’hui ni de l’affaire de Karachi – pour couvrir des faits qui n’avaient aucun lien avec la défense nationale (le secret en la matière est tout à fait légitime et nécessaire) mais relevaient bien plutôt de pratiques douteuses du pouvoir en des domaines où la défense du territoire n’avait aucune part.

Enfin, la nomination d’Alain Juppé au ministère de la Défense nationale ne doit sans doute rien au hasard : verrouillez ! est sans doute le dernier mot d’ordre de Nicolas Sarkozy aux abois sur le Karachigate si l’on en croit L’Express : un dossier complet faisant le point Attentat de Karachi, l’affaire qui fait peur au président (18 nov. 2010).

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