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Colloque sur l’espace. P&P;, Assemblée nationale, 15 novembre 2010

Publié le 24 novembre 2010 par Egea

Je vous l'avais signalé pour l'intervention que j'y prononçai, mais on peut maintenant évoquer les autres conférences de ce colloque de Participation et progrès, qui demeure incontestablement un des lieux de débats les plus fructueux de la place. J'ai en effet assisté à quelques colloques les années passées, et celui-ci était remarquable par l'assistance nombreuse : l'amphithéâtre Colbert de l'AN était bondé, signe de l'intérêt porté à ce sujet de l'espace. Beaucoup d'industriels, des chercheurs et étudiants, des militaires. Bref, l question paraît mal connue, et tout à fit émergente, pas seulement à cause du DAMB, mais aussi en conséquence de l fonction connaissance-anticipation.

Colloque sur l’espace. P&P;, Assemblée nationale, 15 novembre 2010

Voici les grandes lignes de réflexion :

  • distinction entre la militarisation de l'espace, (déjà existante) et son arsenalisation (jugée improbable)
  • jonction probable entre les problématiques de l'espace, et la question de ladéfense anti-missile (cf. notamment mon intervention sur l'OTAN, la DAMB et espace où j'ai essayé de montrer, notamment, que la question des missiles balistiques était quasi toujours exo-atmosphérique).
  • Disjonction théorique de la dissuasion et de l'antimissile (bonne intervention d'André Dumoulin).
  • Beaucoup d'interrogations sur le tir chinois de destruction d'un satellite (ce genre de tirs a été fait à de très nombreuses reprises par plein de nations dans les années 60 et 70)
  • Grosse interrogation sur la rivalité sino-américaine dans l'espace (course aux armements), qui a suscité beaucoup plus l'intérêt que la question iranienne.
  • interrogation sur la réponse européenne, mais aussi le dispositif français (à la lumière du récent accord franco-britannique).

Je publierai bien sûr mon intervention un de ces jours (probablement sur papier), et il y faudra ensuite se reporter aux actes du colloques. En attendant, voici mes notes prises au cours des deux premières tables rondes, celle du matin et la première de l'après-midi. Elles valent ce qu'elles valent, et n'ont pas été retouchées...

Colloque sur l’espace. P&P, Assemblée nationale, 15 novembre 2010

J. Villain, l’espace enfant de la guerre froide

  • Systèmes passifs et systèmes actifs.
  • Dès août 45, les US décident d’utiliser l’espace. 4 oct. 1957 Spoutnik.
  • 45-91, rivalité Etats-Unis –YRSS
  • Depuis 1991, mondialisation de la reconnaissance par satellite, La Chine et l’Europe au-delà de la reconnaissance. Q pour demain ?
  • Missile gap 57, Eisenhower décide un programme Corona en 58 (satellite de reconnaissance) caché sous nom de Discoverer.
  • Différents types de satellites mili : Rens (reco optique/RI/Radar, écoute électronique, opérations militaires –alerte avancée, météo, comm, carto, GPS, géodésie, …)
  • 1983 : IDS : démesure, jeu mené par les Etats-Unis.
  • Mondialisation : une vingtaine de pays ont des satellites de reco : Chine, Malaisie, …
  • Budget US 2008 (espace civil et mili) : 58 G$, Europe 1,8 G$
  • Les photos des satellites civils actuellement en service sont remarquables de précision (penser google earth).
  • Chine : accroissement des capa. Russie, poursuite de l’espace passif. Europe, amélioration de sa capacité. Autres pays : l’Iran va accéder rapidement à cette capa.

Col. J-L Lefèvre : Espace, quel enjeu stratégique ?

  • Espace, place majeure dans l’histoire de l’humanité, qui conquiert cinq éléments : le feu (500.000ans), la terre (10.000 ans), la mer (3.200 ans), l’air (cent ans), l’espace (1957). Ds chaque milieu, l’homme a apporté la guerre.
  • Qu’est-ce que la stratégie : « dialectique des intelligences dans un milieu conflictuel, fondée sur l’utilisation ou la menace d’utilisation pour des fins politiques » (Coutau-Bégarie)
  • Espace naturellement stratégique, peut être tiré vers l’opératif.
  • Voies de l’espace : lignes de communication célestes (CLOC) de deux types : matérielles (les trajectoires des objets spatiaux) et immatérielles (transmission de l‘espace). Les moyens d’accès à l’espace et de son utilisation sont également au sol.
  • Peut-on envisager des ruptures stratégiques ? : trois sujets de réflexion : prolifération des débris, armes à énergie dirigée, avion spatial (50 à 200 Km. d’altitude).
  • Au 21° siècle : l’espace est militarisé (soutien efficace aux opérations mili terriennes). Devient arsenalisé (nouveau domaine de conquête et d’affrontement), demeure le patrimoine commun de l’humanité.
  • Espace militaire dans le monde, Christian Lardier

La militarisation de l’espace dans les rapports de force internationaux, Thierry Garcin

  • Approche GP : les grandes constantes, instrument de pol étr, interrogations actuelles
  • Constantes : l’espace a épaulé constamment l’aventure nucléaire militaire. Lien entre espace militaire et espace civil.
  • La terre est un aiguillon par excellence des activités spatiales (cartographie).
  • Lien de la coopération internationale (cf. Agence spatiale européenne). Mais l’espace n’est pas tellement propice aux alliances militaires (cf. AA : la guerre des étoiles Reagan dévalorisait potentiellement les forces de frappe FR et GB). IDS ? GPALS ? NMD, MD, BAM, …
  • Souvent, les Etats-Unis alliés avec eux-mêmes plus qu’avec les autres, le plus souvent en bilatéral.
  • Mais toujours, vision globale des intérêts nationaux (la Russie construit une base de lancement russe pour ne plus dépendre de Baïkonour). L’Etat est au centre du dispositif
  • Instrument de politique étrangère
  • Se souvenir du traumatisme subi par les Etats-Unis lors du Spoutnik. Ou crise des missiles de Cuba. Euromissiles de 1979. Traité INF de 1987 (bilatéral US-SOV).
  • Instrumentalisation de la menace. La doctrine du « rogue state » date de Clinton, celle de l’axe du mal, date de Bush fils. La Nuclear posture review de 1982 citait nommément sept pays qui pourraient recevoir une riposte américaine. Bref, attitude hautement individuel.
  • Les US n’ont pas vu tout un tas d’éléments qu’ils auraient pu anticiper : ni l’attaque SCUD par S Hussein en 1990, ni les expérimentations indiennes de 1998, ni les explosions nucléaires coréennes de 2006 et 2009.
  • Mais GP lourde un Etat peut être présent, influent ou puissant.
  • Interrogations actuelles
  • Q? des armes antisatellites. UR, RU, CHI. Mais les débris font de cette arme une arme boomerang. Avec les armes antisatellites, tout le monde y perd.
  • Les Etats proliférateurs prolifèrent en cascade.
  • Les logiques de collaboration antimissile génèrent des systèmes en réseau de clientélisme : le Groenland futur indépendant deviendra ainsi une place forte antimissile américaine.
  • Retour relatif des Etats-Unis au multilatéralisme. Mais deux bémols : B. Obama a une marge de manœuvre limitée, les Etats-Unis privilégient des coalitions ad-hoc, notamment lors de quatre grandes guerres (Golfe, Kosovo, Afghanistan, Irak) : ils ne privilégieront pas les alliés européens. Effets en Europe, avec réduction des budgets de défense, et néo-atlantisme.

Utilisation des programmes spatiaux dans les conflits récents, Colomban Lebas

  • L’espace permet une virtualisation de la guerre. Image de la mondialisation, Guerre à distance, mais aussi guerre des messages (cf. la dissuasion, où la stratégie réside en premier lieu dans le discours plus que dans la matérialité de la guerre).

L’utilité des programmes spatiaux pour l’information militaire et le renseignement, LCL Tabaka.

  • 3 domaines : ROIM, ROEM (radar et télécommunications), et surveillance anti ABM. Fct Connaissance anticipation.++

Les utilisations militaires futures de l’espace, par le GCA de Roquefeuil (CNES)

  • Observation optique : axes de progrès : résolution (aller jusqu’à l’identification), revisite (on s’interroge sur des satellites géostationnaires, mais le jeu en vaut-il la chandelle ?), réactivité (boucle programmation/restitution de l’image plus rapide), capacité d’investigation (hyperspecrtal), coût (une des sources d’économie, c’est la dualité, avec les besoins en géographie).
  • Ecoute électromagnétique : SIGINT, du démonstrateur au système opérationnel (en attente de Céres en 2016). COMINT = un nouveau champ de développement (récupérer les comm, grâce à des satellites butineurs à proximité des géostationnaires : mais est-ce admissible diplomatiquement parlant ?).
  • Communications spatiales : capacités, protection (bcp d’études amont sur la menace), souplesse d’emploi, coût.
  • Alerte avancée : contre prolifération, segment spatial de la DAMB. Spirale donne une bonne connaissance du futur système. Mais ce n’est pas cette brique qui sera en retard : manque une filière de détecteurs (de grande taille).
  • Lanceurs : soutenabilité des programmes spatiaux (Ariane 6, entre 3 et 8 tonnes, absorption des chocs au lancement, baisse des prix), réactivité (promue par les Américains, mais philosophie de riches), autonomie européenne.

L’évolution des moyens spatiaux militaires, COL Leitner

  • Défis : fourniture du renseignement à temps.
  • Appui à la destruction de mobiles spatiaux.
  • Utilisation de moyens civils vulnérables aux attaques électroniques.

Quel est aujourd’hui l’état de l’IDS reaganienne américaine ?, Alain Dupas (ex CREST)

  • Discours du 23 mars 1983 perçu comme une rupture. Tournant de la guerre froide. Réponse technique à une menace considérée comme inacceptable, celle de l’anéantissement de l’humanité. Une vision dans la lignée des idées des premiers présidents : mettre mes Etats-Unis à l’abri de toute menace. La doctrine MAD est contraire à la culture américaine, imposée par les missiles intercontinentaux. Obama reprend ce profond refus de la dissuasion nucléaire (discours de Prague du 5 avril 2009).
  • L’IDS est une réponse globale à une autre avancée technique : le mirvage des missiles hyperprécis rend envisageable une « première frappe désarmante ». Les Sov ont lancé leur propre programme, par précaution, ce qui a contribué à la pesée de l’effort de défense sur l’économie soviétique.
  • Budget de l’organisation antimissile US (SDIO, BMDO, MDA) de 1985 à 2010, 170 G$ 2010. Les ambitions n’ont pas été satisfaites, mais des progrès ont été réalisés. Aujourd’hui, ce BAM n’est plus central dans la pensée stratégique américaine. L’IDS a montré une liaison très étroite entre l’antimissile et l’espace. L’antibalistique intervient dans l’espace, avec les guidages terminaux, voilà le point crucial.
  • Voir Alain Dupas, la nouvelle conquête spatiale, Odile Jacob.

BAM et dissuasion nucléaire, André Dumoulin

  • Question récurrente, avec souvent les mêmes réponses.
  • L’avenir de la dissuasion nucléaire ne semble pas menacé, global zéro a peu de chances. Les Etats-Unis conserveront longtemps des armes nucléaires. Une option zéro devra réduire le cas de la prolifération. La capacité de seconde frappe justifie la dissuasion. Les pays proliférateurs s’engagent en premier dans le nucléaire pas dans la DAMB. Rasmussen a confirmé récemment que l’OTAN demeurerait une puissance nucléaire.
  • Le projet de DAMB n’aura ps de csq sur les armes nuc dans l’alliance, malgré les positions GE NL NO BE.
  • Antimissile : Aucun des programmes du passé (GPALS, NMD, MD, …), sauf IDS ; ne fut fondé sur la disparition du nucléaire. Au contraire, l’antimissile est plutôt un appel d’air au nucléaire (multiplication du nombre, augmentation de la précision, trajectoires alternatives…
  • Surtout, les moyens antimissiles paraissent facilement contournables (air, voire autres moyens de transport détournés). Bref, le BAM est illusoire.
  • Les 200 SM3 otano-américains ne dévoient pas la capacité dissuasive FR et UK. La dissuasion ne s’exerce que pour des intérêts vitaux, non en vue des moyens adverses.
  • Toutefois, l’opinion publique peut être sensible à l’antimissile et affaiblir politiquement la dissuasion.
  • Ne pas oublier l’importance du renseignement, donc de l’alerte avancée.
  • L’antimissile est-il davantage dissuasif que la dissuasion nucléaire ?
  • On adorera les débats du fort au fou en matière antimissile.

Arsenalisation de l’espace : quelle orientation demain pour l’Europe et pour la France ? , Laurence Nardon, IFRI.

  • Lors des premiers discours américains sur la Space dominance, impression européenne de qq chose d’irréversible : il faut pourtant relativiser.
  • Armes soit à effet temporaire soit à effet définitif, armes soit basées au sol, soit disposées dans l’espace. La combinaison de ces quatre facteurs fait varier l’échelle de complexité.
  • Pour l’instant, on n’a que des armes au sol.
  • La FR ne s’oriente que vers des armes au sol, car n’a de toute façon pas les moyens d’armes en l’air (d’ailleurs, même les Etats-Unis n’ont pas de projets fiables). Volonté d’une troisième voie européenne : conception nouvelle d’une stabilisation de l’espace à l’aide d’un code de conduite.
  • Finalement, les ASAT (Armes antisatellites) sont asymétriques (car l’étanchéité ne sera jamais parfaite).
  • Le conseil scientifique de la défense a développé le concept de dissuasion par procuration : la connaissance parfaite des agresseurs à parti de l’espace permettra de désigner clairement l’agresseur, et donc le dissuadera.

La poussée demain de l’arsenalisation de l’espace chez les nations émergentes, Isabelle Soubes-Verger

  • Chine spatiale, pas très important aujourd’hui. En matière spatiale, la Russie est une puissance beaucoup plus crédible.
  • Les Etats-Unis vont-ils arsenaliser l’espace pour une menace très ténue ?
  • La Chine détruit un satellite en 2007, chose que les US SOV l’ont fait régulièrement au cours des années 1960, ont arrêtés car les capacités dont ils disposaient étaient suffisantes. Pour interpréter l’essai chinois, on a l’impression que les US ont fait les questions et les réponses, pas d’analyses chinoises. Idées : « la Chine est une menace, on doit se défendre » ou « cela fait des années que les Chinois demandent une régulation et il est temps qu’on le fasse ».
  • Conclusion : peut-on échapper à l’arsenalisation ? eg donner aux US le sentiment que la menace est assez jugulée pour qu’ils n’aient pas besoin de mettre en œuvre. Mais qui a intérêt, pour les émergents, à pratiquer cette arsenalisation ? n’ont pas grand-chose à gagner. D’où code européen de bonne conduite, transparence, mais comment se fiat la vérification ? quelle sanction en cas de violation ?

Existe-t-il un projet chinois d’arsenalisation de l’espace, Alain de Nève.

  • Pourquoi l’essai chinois ?
  • Réaction à la récente doctrine spatiale US (NSP) ? non, un tel essai nécessite trop de préparation pour une réaction épidermique.
  • Le pouvoir central n’aurait pas été au courant, ce qui expliquerait le délai de réaction de Pékin ? mais là encore, mobilise trop de moyens pour que Pékin ignore.
  • Non, pas de volonté chinoise d’arsenalisation de l’espace, car trop cher. Ne veut pas s’engager dans une grammaire géostratégique occidentale (ici, américaine). Veut en fait marquer le terrain et modifier les perceptions. Stratégie de refus de l’affrontement, et pour cela bousculer les codes que Nous mettons en œuvre pour décrypter la stratégie chinoise.
  • Q. col Lefèvre : ne s’agit-il pas à encourager les Américains à creuser leur déficit, pour invertir la manœuvre reaganienne de DSI ?
  • Q. A Dupas : ne s’agit-il pas de démontrer la capacité de précision antimissile obtenue par les Chinois ?

Va-ton assister demain à un duel Etats-Unis Chine dans l’espace ? Le général (CR) Paris puis le colonel Cholley expliquent consécutivement que oui, on assistera à ce duel et que d’ailleurs, il a déjà commencé. En fait, l’affrontement a commencé et la Chine est déjà une grande puissance, non une puissance émergente ; et cet affrontement dérivera forcément dans l’espace, aussi. La Chine utiliserait ainsi une approche asymétrique (il devrait dire dissymétrique) dans l’espace. Sil faut se méfier du discours chinois, toujours pacifique mais travesti, car faisant toujours le contraire des beaux discours qu’elle tient. Grande soif de revanche vàv des occidentaux. La Chine vit actuellement très mal l’endiguement américain, notamment pacifique. En matière maritime, faire sauter le verrou du losange Tai Wan Japon Philippines Guam. En matière spatiale, ils ne supporteront pas la space dominance américaine. L’Europe ne doit pas se lancer dans une « guerre dans l’espace » mais être consciente que des conflits risquent de s’y déplacer. Il fut donc, au niveau européen, une space picture ou space awareness.

O. Kempf


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