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Niort, unique objet…

Publié le 12 janvier 2008 par Philippe Thomas

Niortéides, 1

L’épopée des municipales à Niort commence à faire couler beaucoup d’encres de couleurs diverses et mêlées. On voit de tout. Il arrive que des bien pensants de gauche voient rouge et revendiquent avec une virulence de prosélytes une intégrité politique confinant à l’intégrisme, pointant chez l’adversaire honni qui n’est autre que le camarade d’hier « des ravalements de façades », un « grand écart dialectique », le « digne héritier du système Bellec », des « accords plus ou moins secrets avec la Droite », etc…

Il arrive que les centristes oranges du Modem s’allient avec des roses socialistes, certes en congé du parti. Curieusement cette alliance Modem-socialistes, plutôt rare dans les villes de plus de 50 000 habitants, n’a même pas fait la une de la presse locale (en tout cas de la NR). Une presse qui, le lendemain-même, titrait sur le ralliement anecdotique à force d’être annoncé et attendu d’adjoints Verts à la liste officielle du PS … On rigole. Il arrive aussi qu’un exclu du PS de longue date recueille des dissidents ou des éconduits de gauche et de droite. Et il arrive enfin qu’une liste de droite avance sur fond de sarkozysme ambiant - ouverture et rupture affichées – avec une force d’autant plus tranquille que les querelles de clans prospèrent à gauche…

Voilà donc le paysage niortais, tel qu’il agite tous les importants du microcosme politique. Ou ceux qui aspirent à le devenir, importants. Est-il donc si important pour des élections municipales d’être estampillé de gauche ou de droite pour gagner ? Les décisions qu’une municipalité doit assumer sont-elles forcément de gauche ou de droite ? A Niort, vouloir plus de places de parking sur la Brèche est-ce bien de droite ? Vouloir limiter leur nombre, est-ce vraiment de gauche ?  Bien malin qui le dira, mais c’est sur ce genre de question qu’on gagne ou qu’on perd une élection.

Dans la phase actuelle, on tricote des équipes plus que des projets tant les vendeurs font la force d’un fond de commerce, quel qu’il soit. Les unes et les autres ne vont pas tarder à sortir du bois, le 18 janvier pour la liste PS officielle (avec PC, Verts, Radicaux de Gauche comme au bon vieux temps) de Geneviève Gaillard. C’est la liste de l’orthodoxie de gauche assumée – celle qui a produit le beau morceau de rhétorique qui fut l’événement de la semaine passée. M’est avis que ce genre de bafouille, peut-être bien inspiré par la déception de n’avoir pas récupéré ces fameux centristes, n’est pas précisément une finesse tactique…

De son côté, Alain Baudin vient d’ouvrir son local de campagne avec vue sur la Brèche. Surtout, le maire sortant « en congé du PS » vient de présenter ses vœux et de recevoir le soutien de son prédécesseur à la mairie, Bernard Bellec, qui a effectué une récréative réapparition publique à cette occasion. C’était la réponse pied-de-nez au clan rival qui n’a de cesse de dénoncer le « système Bellec » et d’afficher sa volonté de « tourner la page » !

Faut-il rire ou faut-il pleurer de cette querelle fratricide entre le « canal officiel » et le « canal historique » qui rappelle furieusement l’élection de 1995 et la bagarre entre Ségolène Royal l’officielle qui perdit et Bernard Bellec le dissident qui gagna ?

Côté rire, on pourra s’amuser de voir que nombre d’élus sortants blanchis sous le harnais du « système Bellec » lestent la barque de Geneviève Gaillard (pour les plus connus : Première Fed’ alias Françoise Billy, Camarade 2 pour 100 alias Rodolphe Challet ou le dévoué Michel Gendreau qui repart pour un 4ème mandat…). Souquez ferme, camarades, va falloir ramer pour convaincre les électeurs qu’une page se tourne !

Egalement côté rire, on pourra prendre une loupe et se pencher sur le cas des Radicaux de gauche que j’aime bien. Leur stratégie est habile : il s’agit de jouer placé à défaut de pouvoir jouer gagnant. On verra ainsi des candidats du PRG sur trois listes : chez Alain Baudin, on retrouvera Guillaume Juin, adjoint sortant ; chez Geneviève Gaillard, il y aura Patrick Delaunay en position de futur adjoint ; chez Joël Renoux, il y aura Nicole Faucher qui déboule de Parthenay en sixième position. Chez eux, au moins, on ne parle pas d’exclusion…

Côté larmes, disons simplement que les querelles d’égos constituent un beau gâchis du point de vue de l’intérêt général. Mais c’est aussi un grand classique, et même un moteur pour ce type d’élection, surtout à Niort… J’essaierai donc de suivre la pièce qui se joue, cette Niortéide à l’issue imprévisible mais dont les ressorts se ramènent au désir profondément humain et politiquement animal de « pouvoir pouvoir »… Le spectacle n’en est pas encore au lever de rideau qu’il tient déjà autant de l’Opéra Bouffe que du drame cornélien. Ca promet !

PS : Je ne suis dans aucun “canal” et je n’ai pas repris ma carte au PS (j’en causerai un de ces jours).


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