Magazine Cinéma

Boogie de Gustavo Cova (2010)

Par Cyriltuloup

Boogie de Gustavo Cova (2010)
On en voit rarement de l’animation vulgaire, grossière et sanglante. Boogie, ou le film anticonformiste par excellence, nous entraîne dans le milieu des malfrats. Du cul, des flingues, des cervelles qui explosent, le réalisateur nous sert un récit mouvementé. Le mélange des genres aboutit à un style personnel et inédit. De son graphisme évinçant à sa provocation politique, il rejète l’académisme traditionnel. Brillant.

Boogie de Gustavo Cova (2010)

Avec sa visée politiquement incorrect et sa violence extrême, il n’a pas vraiment convaincu la presse. Il fallait s’y attendre, le genre n’est pas très apprécié. En France, il passe inaperçu. Diffusé dans moins de vingt cinémas, il sera vite oublié. A tort.

Boogie de Gustavo Cova (2010)

Boogie, c’est le meilleur. Tueur à gage expérimenté et vétéran de la guerre du Vietnam, il n’est pris d’aucune pitié pour ses adversaires. Sonny Calabria, le patron de la mafia locale, engage Jim Blackburn pour se débarrasser d’un témoin. Jim, c’est aussi l’ennemi incontestable de Boogie. Ce dernier, pour montrer de quel bois il se chauffe, décide de kidnapper le témoin.

Boogie de Gustavo Cova (2010)

Il est grand, musclé, raciste, sexiste, c’est Boogie. Cette montagne humaine fut envoyé au Vietnam avant d’effectuer les sales boulots au cœur de la misère urbaine. A l’origine, c’est un personnage de bande dessinée, inventé par Roberto Fontanarrosa.  Dès le début, le film avance ses nombreuses qualités. Graphismes originaux, musiques percutantes, ambiance sombre et satirique, on accède facilement au récit. A force de nous montrer toutes ses bonnes idées, il finit par s’affaiblir légèrement en deuxième partie, relevée cependant par un final titanesque. Même si Boogie n’est pas un type très commode, il n’est pas pour autant repoussant. On finit par s’attacher à ce criminel hors la loi. On s’attend à ce qu’il change, qu’il se transforme, mais ce n’est jamais le cas. Et c’est en cela que le film est si puissant. Au niveau du scénario, c’est simple mais saisissant. On apprécie les touches d’humour, renforçant le ton décalé et burlesque. Du sang, il y en a. Boogie tire sur tout ce qui bouge, et achève ses victimes en les piétinant. Le dessin n’est pas commun mais finalement agréable. La première heure est assez noire, la suite est plus ouverte et moins sombre. Le réalisateur joue avec les couleurs, varie les teintes en allant du rouge au gris. Par ailleurs, il s’amuse avec les genres. Entre film de gangster et western, on découvre un œuvre qui bâtit son identité avec de multiples inspirations. La scène où Boogie est face à une voiture de police n’est pas sans rappeler les vieux affrontements de cowboys. C’est aussi le portrait d’une ville dominée par la haine où la misère génère des conflits raciaux. Le film ne manque pas de rendre hommage à Apocalypse Now, qu’il cite dans une scène. C’est une œuvre riche qui emploie un ton difficile à décrire et suscitant diverses interprétations. Il est clair que sa portée politique reste très implicite, mais on peux y voir un certain reproche au gouvernement pour laisser sa population pourrir sur les trottoirs. Les engagements militaires des États-Unis sont soulignés par ses guerres historiques et modernes, illustrées dans certains passages. Même si on ignore le fond, on ne pourra que remarquer les qualités artistiques. C’est LE film du mois de novembre, soulevé par une BO renversante. Entre rock, métal et punk, les musiques se lient d’une rare élégance avec la mise en scène. Boogie impressionne aussi par sa capacité à faire monter la tension, ses plans entraînant un suspense ni pénible ni superficiel. Il possède également son côté érotique, le témoin est une femme charmante passée du statut d’obèse à celui de bombe sexuelle. Il y a par conséquent une certaine approche du désir, précisée lorsqu’il est dit que Sonny, le chef de la mafia, préfère les femmes rondes.

Boogie de Gustavo Cova (2010)

Boogie n’est pas un film d’animation traditionnel. Il se moque littéralement des normes de sentimentalités et impose son ambiance malsaine. Gore et barbare, ce dessin-animé argentin est une prouesse cinématographique.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Cyriltuloup 256 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines