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Avant-première - HARRY BROWN, film de Daniel Barber

Publié le 27 novembre 2010 par Ruminances

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HARRY BROWN, film de Daniel Barber, avec Michael Caine, Emily Mortimer, David Bradley et Ben Drew (alias Plan B). Sortie en salle le 12 janvier 2011.

Harry Brown pourrait s’appeler « Dirty Harry » sauf que ça n’a rien d’une pâle copie british des films de l’Inspecteur Harry. En fait, il pourrait avoir comme sous-titre : « le vieil homme indigne » ! Ou alors, à la Hemingway : « le vieil homme et sa cité perdue ».

Pour son premier long-métrage, le réalisateur Daniel Barber fait fort :  premier rôle : (celui d’Harry Brown)  Michael Caine !

Harry Brown est un vieux monsieur qui vivote dans une cité bordant une grande ville anglaise. Sa femme agonise dans un hôpital et son seul ami, aussi vieux que lui, est harcelé, parce qu’ancien flic, par des jeunes voyous du coin.

La première séquence nous « met tout de suite le nez dedans ». Dans l’ambiance « quartier », dans la violence des banlieues abandonnées de tout le monde, où traînent des jeunes incultes, sans éducation, sans travail, laissés pour compte.

Harry et son copain flic assistent régulièrement à des règlements de compte gratuits, qui se déroulent au su et au vu de tous. C’est que la violence, elle s’affiche, elle est décomplexée, elle est partout, elle s’offre au regard du passant qui évite de traîner dans les mauvais coins, à celui des habitants des cités, à celui d’Harry. Il observe de loin ces machos violenter les filles, les plus jeunes qu’eux, agresser les noirs… c’est à celui qui se montrera le plus fort. La drogue est leur quotidien, la vente d’armes les enrichit, les filles sont de la marchandise à pornographie.

Ils sont de tous les trafics sans complexe dans ce monde parallèle qui est bel et bien présent, où une vie n’est rien, où la responsabilité, la conscience, n’existent pas. La seule valeur : les rapports de force.

Harry va être tour à tour confronté à la mort  »attendue » de sa femme et à celle, redoutée de son ami flic : les voyous qui le harcelaient l’ont tué après avoir maculé son appartement de graffitis ! Il va aussi être témoin de scènes de violence qui se passent en bas de chez lui.

La police diligente une jeune femme et un jeune inspecteur pour faire l’enquête. Leur chemin croise celui d’Harry, qui a une idée derrière la tête : venger son ami. Il a perdu les deux êtres qu’il aimait, il se sent donc libre d’aller jouer au justicier dans le « panier de crabes ». Il a été « Marine » au service côté anglais en Irlande du Nord. Il est aguerri aux méthodes de combat et la maîtrise de soi apprises dans sa jeunesse.

Il mène sa propre enquête, organise ses propres filatures, va se fournir en armes chez les voyous eux-mêmes, camés jusqu’à l’os, mais sur leurs gardes.

Harry se lance alors dans la bataille. On ne sait pas si c’est parce qu’il n’a plus rien à perdre, si c’est parce qu’il n’en peut plus de cette violence qui l’entoure… Il surine, flingue méthodiquement ceux qui sont responsables de la mort de son ami, mais sauve une adolescente de l’over-dose en la déposant anonymement à l’hôpital, dépose l’argent trouvé chez les voyous dans le tronc d’une église…

De son côté, la jeune Inspectrice Frampton trouve souvent ce M. Brown sur le chemin de son enquête. Elle s’interroge, en parle à son collègue, tout comme à son patron. Qui n’en a que faire : il doit communiquer sur ces morts… rapidement… ce seront donc des morts survenues lors de règlements de comptes entre bandes de voyous. Toujours du chiffre, toujours aller vite, on connaît ;o).

Contrairement à l’inspecteur Harry, ce Harry là est vieux, alors lorsqu’il court derrière un petit voyou qui s’enfuit pour le tirer comme un lapin, il s’écroule subitement sur le chemin longeant la rivière. Il fait un malaise, il ne peut plus respirer… mais il a le temps de jeter le flingue dans l’eau. C’est qu’il a de l’emphisème, Harry.

L’inspectrice tombe une fois de plus sur Harry (hospitalisé) au cours de sa propre enquête, elle s’emploie en vain à lui poser des questions, à interpeler sa hiérarchie. Fadaises… elle est mutée ailleurs, où elle dérangera moins. Sauf que Harry, n’ayant pas fini son job de justicier, est sorti en douce de l’hôpital et recherche celui qui s’en est tiré en s’enfuyant, un autre petit jeune, et surtout celui qui tire les ficelles…

Il va tous les retrouver, quelques heures avant l’inspectrice. Ce sera donc une boucherie au cours de laquelle elle va perdre son collègue, où Harry Brown aura enfin eu raison de toute cette violence, mais à quel prix

On sort de là avec un immense point d’interrogation en tête : peut-on faire justice soi-même ? Non, bien sûr ! Il y a un système policier et judiciaire qui sont là pour ça. Est-ce notre problème malgré ça ? La faute à qui ? Que faire avec tous ces jeunes marginalisés qui plongent dans la délinquance et filment avec leurs portables ce qu’ils font subir à leurs victimes…  les traiter de sauvageons, de voyous, et les laisser dans leur crasse ? Tuer de jeunes voyous ne va pas faire avancer le société puisque, partout dans le monde, au pourtour des villes, des quartiers existent où on pratique cette violence au quotidien. C’est l’ambiance du moment… (d’ailleurs on voit à la télé les images de cette favela de Rio dont la police veut déloger les voyous).  Peut-on laisser faire ? Comment faire ? Pour quoi faire ?

Une réplique du film donne un semblant de réponse. Elle est dans la bouche de Michael Caine, Harry Brown. Il dit « en Irlande, en face, ils se battaient, ils flinguaient pour leur cause. Ici, ils font ça pour le plaisir ».
Voilà le questionnement posé par ce film. Pas gai, je sais… d’aucuns vont encore dire que je ne parle que de films abominablement « prise de tête » mais notre époque est telle qu’elle engendre obligatoirement des films noirs. Nous avons peut-être le cinéma qu’on mérite.

Michael Caine dit de la violence du film : « Je le considère comme un western. Il décrit la réalité telle qu’elle est, c’est pour cette raison que nous sommes là. Nous n’exposons pas la violence pour l’encourager mais pour en rendre compte, pour dire qu’elle est bien réelle et que, quelle que soit votre répulsion à son égard, vous l’avez générée. Vous êtes les coupables, vous avez construit ces immeubles, vous avez abandonné vos enfants, vous êtes coupables, tout le monde » !

Chapeau, Michael !

Dossier de presse du film

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