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“Le Nom des Gens”, la comédie est humaine

Par Kub3
“Le Nom des Gens”, la comédie est humaine

Pour son deuxième film (après J’invente rien en 2006), Michel Leclerc tourne la politique en dérision. Résultat: une comédie ambitieuse mais inégale.

“Le Nom des Gens”, la comédie est humaine

Le cinéma français évoque peu la politique. Si Le Nom des Gens utilise ce sujet comme simple prétexte à l’humour – on est loin du brûlot ou d’une profonde réflexion -, le film évolue sur un terrain similaire à celui du récent Potiche de François Ozon. Les deux films tournent à leur manière en dérision l’engagement politique, dans la France contemporaine pour l’un, dans celle des années 1970 pour l’autre. Le rapprochement peut même aller plus loin, puisqu’ils ont chacun pour héroïne une femme dont l’émancipation et l’engagement bouleversent le militantisme de l’époque. Par-delà leurs dates de sorties rapprochées, Potiche et Le Nom des Gens prouvent que la politique offre, plus que jamais, matière inédite à rire.

Le film de Michel Leclerc vaut surtout le détour pour son personnage féminin, campé par Sara Forestier. D’origine algérienne, Bahia se définit elle-même comme une véritable “pute politique”. Sa mission : convertir les hommes de droite aux idéaux du socialisme en couchant avec eux. Grâce à cette excellente idée de scénario, des thématiques d’actualité ressurgissent inévitablement à travers l’héroïne : le rapport au corps dans la société, la manipulation des clichés, la maternité, et a fortiori les contradictions de la France multiethnique. Chaque situation devient alors sujet à (sou)rire grâce à des dialogues et répliques au couteau. Sans oublier que Bahia est juive. Le Nom des Gens flirte alors avec l’humour des OSS 117 de Michel Hazanavicius, en enchaînant les blagues totalement gratuites.

De quoi se réjouir, donc. Et pourtant, la sauce prend difficilement. Le premier obstacle, purement scénaristique, émane du rôle d’Arthur Martin, jospiniste sage et rangé incarné par Jacques Gamblin, que Bahia vient bientôt décoincer. Car au-delà des sketches, Le Nom des Gens voudrait aussi être une comédie romantique. Mais le couple “Bahia/Arthur” fonctionne mal, le personnage masculin se retrouvant étouffé par une caractérisation stéréotypée sans véritable saveur, en comparaison avec sa partenaire. L’enjeu amoureux, éclipsé par une succession de saynètes humoristiques, manque d’une vision d’ensemble et d’une réelle progression dramatique.

Le scénario s’essouffle alors peu à peu, au fur et à mesure que le personnage de Sara Forestier cesse de surprendre, et donc d’intéresser. L’apparition du jeune premier Lionel Jospin, particulièrement jubilatoire, est à ce titre symptomatique de la faiblesse du scénario. L’ex-Premier Ministre vient remarquablement amuser la galerie, qui commence par ailleurs à s’ennuyer sévère. La faute – aussi – à une réalisation fade, sans originalité, que ni la musique (dont les mélodies viennent sans scrupule se superposer aux dialogues…) ni le montage n’améliorent.

Fermons aussi l’œil sur l’entrée en matière laborieuse à la manière du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Ce qui surprend par contre davantage, en comparaison avec le film de Jean-Pierre Jeunet, pourrait être cette étrange filiation entre le personnage de Sara Forestier et celui d’Audrey Tautou. Les deux femmes s’épanouissent dans une sorte d’altruisme naïf et poétique consistant à s’introduire dans la vie des gens pour améliorer le sort du monde. C’est peut-être avant tout cela qui, toute considération purement cinématographique mise à part, rend Le Nom des Gens sympathique.

“Le Nom des Gens”, la comédie est humaine

En salles le 24 novembre 2010

Crédits photos : © UGC


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