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Marielle de Sarnez: "On peut créer la surprise"

Publié le 13 janvier 2008 par Willy



Propos recueillis par Bertrand GRECO  - http://www.lejdd.fr/

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Après avoir dévoilé les têtes de liste du MoDem, Marielle de Sarnez précise son programme. (Reuters)
Après avoir dévoilé les têtes de liste du MoDem, Marielle de Sarnez
précise son programme. (Reuters)



  La chef de file du MoDem Paris, proche de François Bayrou, a présenté jeudi (*) ses têtes de liste dans les arrondissements, après plusieurs désertions orchestrées par l'UMP ces dernières semaines. Marielle de Sarnez présente ses priorités, prend ses distances avec Françoise de Panafieu, et semble se rapprocher de Bertrand Delanoë.


La plupart de vos têtes de liste ne sont pas des "têtes d'affiche"...
Vous voulez rire? Corinne Lepage, dans le 12e, a été un formidable ministre de l'Environnement et est une référence en matière de développement durable. Philippe Meyer, dans le 5e, porte un projet culturel hors pair. Il a été rédacteur en chef de L'Express et anime des émissions-phares sur France Inter et France Culture. Jean Peyrelevade [l'ancien patron du Crédit Lyonnais], dans le 16e, est une personnalité de référence en économie. Et dans chaque arrondissement, ce sont des personnalités originales et marquantes.

Comment expliquez-vous les défections dans les rangs du MoDem Paris? Jean-Marie Cavada est-il un traître à vos yeux?
Je ne comprends pas comment on peut abandonner ses convictions par opportunisme, contre la promesse d'un bout de ministère.

Cela vous éloigne-t-il de plus en plus de Françoise de Panafieu?
Je n'aime pas les manoeuvres. Pas plus que je n'aime l'opposition systématique. L'UMP Paris a voté contre le tramway; moi, j'ai voté pour. Et je ne suis pas d'accord non plus avec la démagogie: quand Françoise de Panafieu annonce qu'elle transformera, le vendredi, les lieux de culture en lieux de culte pour l'islam, c'est un manquement grave aux principes de la laïcité.
Les sondages ne donnent que 7% ou 8%, pour l'instant, aux listes du MoDem à Paris.

"Je n'aime pas le sectarisme"

Si vous ne dépassez pas les 10%, avec qui pourriez-vous faire
alliance?

J'ai vécu l'élection présidentielle de François Bayrou. Je sais qu'on peut créer la surprise. Bertrand Delanoë semble de plus en plus bienveillant à
votre égard ces temps-ci.

Esquisse-t-il un rapprochement?
Nous avons montré qu'on pouvait discuter dans l'intérêt général. Nous l'avons fait pour le tramway et je ne le regrette pas. Nous l'avons fait en permettant l'adoption du PLU (Plan local d'urbanisme). Cette attitude se résume en une phrase: je n'aime pas le sectarisme.

Quelles sont vos priorités pour Paris?
Ma priorité, ce sont les classes moyennes. Aujourd'hui, quand vous êtes classe moyenne, il vous est pratiquement impossible de vivre à Paris. C'est trop cher. Je veux donc relire l'ensemble des politiques dans le sens des classes moyennes. Mettre le paquet sur le logement, notamment intermédiaire. Et je veux lutter contre la fracture politique et sociale à Paris. Cette ville n'a jamais été aussi divisée qu'aujourd'hui entre l'Est et l'Ouest, avec ses ghettos de pauvres et de riches, une moitié qui vote massivement à gauche, l'autre massivement à droite. L'esprit de Paris, ce n'est pas cela. Il faut faire travailler ensemble les arrondissements, quelle que soit leur étiquette. Pourquoi ne réunit-on jamais autour d'une table tous les adjoints aux maires d'arrondissement chargés des questions scolaires, par exemple ?

Quelles propositions fortes et concrètes, qui vous distinguent de vos concurrents, pouvez-vous mettre en avant?
Je veux que tous les enfants qui le souhaitent puissent accéder aux conservatoires de musique. Aujourd'hui, des milliers d'enfants en sont exclus. Ce droit municipal au conservatoire, je veux en faire une politique d'exemple national. Je veux une "coulée bleue", pour les piétons et les cyclistes, le long de la Seine. Et je veux implanter un grand parc de 10 hectares au nord de Paris, sur les emprises ferroviaires de la gare de l'Est et de la gare du Nord.

"Oxygéner le centre de Paris"

En matière de transports, approuvez-vous la politique menée depuis 2001?
La municipalité sortante a misé sur les bus en site propre. Mais on n'a pas vraiment augmenté leur nombre, ni celui des passagers. Et rien n'a été fait pour le métro, qui arrive à saturation, il suffit de voir les quais tous les matins. On a pris beaucoup de retard en termes d'équipement, de confort, de sécurité, d'accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Les handicapés doivent trouver leur place dans les transports en commun. Je souhaite aussi prolonger la ligne 14 pour soulager la ligne 13, créer une ligne de métro supplémentaire intergares et un métro en rocade autour de Paris.

Pensez-vous que la mairie a "organisé" les embouteillages pour décourager les automobilistes?
Non, je ne le crois pas. En revanche, je trouve idiote l'idée - uniquement dictée par l'idéologie - de ne plus construire de parkings. Mieux vaut des voitures en sous-sol qu'en surface! Il est évident que nous devons diminuer le nombre de voitures dans la ville, comme le font toutes les grandes villes européennes. Il faudra interdire les véhicules les plus polluants dans la capitale. Je propose de mettre en place des services de livraison mutualisés. Ou encore d'oxygéner le centre de Paris, c'est-à-dire de rendre le centre-ville semi-piétonnier le week-end, pour commencer.

Sur le Grand Paris, un sujet qui vous tient à coeur depuis longtemps, êtes-vous sur la même longueur d'onde que Nicolas Sarkozy ou que Bertrand Delanoë?
Impulser un Grand Paris, c'est vital. Mais cela ne doit pas se faire en force. Je propose, dans un premier temps, d'en discuter directement avec les communes concernées, puis de donner la parole aux habitants. Pourquoi pas sous la forme d'un référendum ?

(*) En exclusivité sur leJDD.fr

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