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Ethnologie et randonnée à Jinka

Publié le 14 mai 2007 par Argoul

One of the rare attractions of Jinka is its anthropological museum. It has been founded by a German family in the 70s. You will discover the real life of the country: how to make a shelter, to cast a knife, to grow a boy, to cure by plants, to play music – not only with drums. We go back in the town for a lunch. Boys are everywhere, aggressive, jealous, because they are the sons of the former Mengistu military staff. Those fathers let their wifes and sons when they quickly leave the country when Mengistu has been overthrown. A walk around Jinka makes it up with the country, showing us that a better life is going on, outside of the city deceptive shining.

Nous montons visiter le musée de Jinka, consacré à l’ethnologie régionale. Il a été créé par des anthropologues allemands venus s’installer ici en famille il y a des années. Les photos noir et blanc des années 1970 montrent un couple et trois enfants vivant à demi nus parmi les Noirs. La salle principale contient six vitrines d’objets tribaux, une cabane en bois et paille reconstituée et quelques panneaux explicatifs. Ils évoquent les scarifications, l’initiation, le coulage du métal, des divinations, les soins par les plantes, la musique, et les ethnologues.

Des instruments de musique sont disposés dans une vitrine proche. Et, contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que des tambours ! Le rythme n’est pas la « seule » musique noire.

Ce petit musée est incomplet et poussiéreux, mais sympathique : une fabrication locale, artisanale et amoureuse. Je parle quelques instants avec l’anthropologue allemand. Pour moi, il manque un panneau évoquant la mythologie et les rites religieux. Il me promet que ce panneau verra le jour dans le futur, mais cela dépend du programme de travail des étudiants venus travailler ici sur un thème précis. Il existe un film sur les rites, mais pas de panneau explicatif encore.

Au-dehors, sur un grand arbre perché, un calao à joues grises se fait admirer. Bernard, qui a un long téléobjectif, mitraille la bête avec succès. Passe aussi un étourneau métallique, vrai nom du merle bleu que nous avons déjà vu.

Nous prenons le déjeuner dans un restaurant du village, accompagnés dès que nous entrons dans la rue principale par quelques gamins des rues âpres et collants, dont certains rencontrés hier soir. Ils sont sans famille après la fuite des militaires lors de la chute de Mengistu en 1991. Ces dignes dignitaires ont laissés ici femmes et enfants pour aller refaire leur vie ailleurs. Certains orphelins, à peine adolescents, sont lourds et agressifs ; ils considèrent que nous, Blancs, leurs devons tout. Revanche contre le Père, ce despote macho absent. Pour ces gosses, l’argent doit leur revenir, sans le mériter, prébende pour avoir le droit d’être là. D’autres sont plus avenants. Quelques-uns de ces malheureux gosses sont parés, comme ce quatorze ans au collier de boules dorées grosses comme des billes, dont l’éclat fait briller ses yeux et ressortir le velouté de son teint. Il est probablement le fils du restaurateur, vu la façon dont il se tient, donc riche relativement aux autres et un peu frimeur. Il regarde au magnétoscope un DVD piraté de « Dark Shark II » qu’il me montre avec fierté.

Mais cette existence déstructurée ne va pas sans revers. Nous avons revu le soir Billes d’or dans un autre restaurant où nous avons dîné, dont la réputation est d’être « la boite » de Jinka. La salle était presque déserte en ce temps de carême, mais le gamin désoeuvré était là, tout seul, affalé sur une chaise, les yeux vagues, transpirant à grosses gouttes malgré son débardeur très lâche. Etait-il ivre ? Camé ? Quel dommage de s’abîmer ainsi à 14 ans, de flétrir sa beauté et son estime de soi pour faire comme les grands !

La salle de restaurant le midi a un décor kitsch comme les Ethiopiens semblent aimer. Les murs sont peints en rouge, de faux pampres ornent le plafond. Le mur du fond s’orne d’une icône de la Vierge tenant le Bambin.

Pour explorer un peu et sortir de cette ville close, nous allons marcher dans les collines au-delà du musée. Le sentier verdoie parmi prés et champs fertiles. Certains sont en cours de labour par deux bœufs au joug d’épaule. Des hommes sarclent entre les tiges de sorgo. Des femmes rapportent de la paille odorante en ballot sur la tête, le bébé en équilibre sur les hanches. D’autres sont allées ramasser un fagot de bois pour le repas du soir.

Nous passons sous pas moins de quatre gigantesques sycomores feuillus, si feuillus que leur ombre est bien fraîche. Ficus, cyprès agénias, figuiers, eucalyptus peuplent la campagne de leur ombrage bienvenu. Dans une ferme en pisé reviennent des gamins portant leurs cahiers d’écolier. Un bosquet d’arbre semble être dédié aux palabres parce que deux troncs à angle droit permettent de s’y asseoir. Nous lui rendons hommage par une pause et sommes aussitôt entourés d’enfants, prétextes à photos, à montrer les écrans et à rire. Ah, le rire spontané des enfants d’ici !

Un ruisseau a grossi avec les pluies de la nuit et nous ne pouvons simplement le sauter. Il nous faut nous déchausser ou trouver un gué. Mais c’est en vain que nous en cherchons un. Nous nous résignons à sauter et atterrissons… à demi dans l’eau de la rive. Heureusement, cela sèchera vite. Nous rejoignons les autres, qui se sont déchaussés. Catastrophée par la boue sur des pieds si blancs, une femme est en train de verser de l’eau sur les pieds de Sophie !

Après environ trois heures de marche, nous revenons vers la ville par une boucle. Nous sommes en fin d’après-midi. C’est le temps de la bière, une fois la douche prise, et d’une discussion d’avant dîner.


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