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Appel à inscrire le Sida parmi les maladies chroniques

Publié le 02 décembre 2010 par Amroune Layachi
Appel à inscrire le Sida parmi les maladies chroniques

Appel à inscrire le Sida parmi les maladies chroniques en Algérie

Un appel a été lancé par l’Association de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et de promotion de la santé pour l’inscription du Sida sur la liste des maladies chroniques en Algérie, permettant ainsi le remboursement des médicaments traitant cette pathologie. “Nous appelons les autorités compétentes à inscrire le Sida, malgré sa faible prévalence en Algérie (une séroprévalence de l’ordre de 0,1 %), sur la liste des maladies chroniques afin que les médicaments y afférents soient remboursables”, a indiqué lundi dans un entretien à l’APS le docteur Skander Abdelkader Soufi, président de l’association. En Algérie, la trithérapie (protocole thérapeutique associant trois antiviraux permettant de ralentir la multiplication du virus dans l’organisme) est prise en charge gratuitement par l’Etat. Toutefois, les médicaments liés aux problèmes des infections opportunistes (causant la plupart des maladies et les décès parmi les personnes atteintes du Sida) ne le sont pas toutes.
“Certains sont pris en charge par l’Etat à l’exemple de la tuberculose, d’autres ne le sont pas et c’est un fardeau pour les malades”, a relevé le médecin, donnant l’exemple des infections cutanées (à répétition) qui coûtent très chers pour les patients. Il a regretté, par ailleurs, les “ruptures récurrentes” des médicaments pour le traitement du Sida, soulignant que “ce n’est pas forcément un problème d’engagement politique ou du ministère de la Santé”. “Le problème réside dans le fait de l’existence d’un disfonctionnement dans les canaux de distribution et d’approvisionnement des médicaments, et de prévisions, engendrant ainsi des ruptures momentanées”, a-t-il dit.

Rappelant la pénurie de médicaments survenue l’été dernier, il a affirmé que les autorités compétentes ont réagi “immédiatement” à l’appel lancé, dans ce sens, par les associations et la société civile. Parmi les actions engagées, il a été mis en place un mécanisme interne entre les centres de référence de toute l’Algérie, pour qu’il y ait un dispatching des excès en médicaments vers les centres où il y a un déficit.

La prise en charge efficace des maladies opportunistes ne nécessite pas seulement les médicaments nécessaires pour traiter telle ou telle infection, mais également l’infrastructure indispensable pour diagnostiquer la maladie en question, suivre l’intervention et conseiller le patient. L’usage approprié des médicaments et des tests passe également par des procédures de stockage, de manipulation et d’administration convenables, a-t-il dit.

Dans ce sens, Dr. Skander a relevé que l’Algérie a consenti beaucoup d’efforts pour lutter contre cette maladie en réalisant 72 centres de dépistage du Sida à travers le territoire national et une dizaine de centre de référence de prise en charge des malades atteints du Sida. “Ce sont des centres spécialisés dotés de moyens humains et matériels thérapeutiques nécessaires”, s’est-il félicité.

Il a fait savoir que le plan stratégique national de lutte contre le Sida (2008-2012) qui regroupe notamment les ministères de la Santé, de la Justice, de l’Education et de l’Enseignement supérieur ainsi que de la société civile est “en cours d’application”. Dr Skander a relevé, toutefois, “un relâchement, depuis deux ou trois ans”, dans la lutte contre le Sida en Algérie. “Pour l’Etat, il y a d’autres préoccupations sanitaires comme les maladies non transmissibles (diabètes) qui posent réellement des problèmes de santé publique et qui touchent des millions de personnes”, a-t-il affirmé, notant également “un amenuisement” sur le plan international du financement du Sida.

Il a appelé à ce que l’Algérie, pays à faible prévalence, “ne baisse pas les bras” et qu’elle renforce les moyens mis en place pour prévenir cette maladie, indiquant qu’”il existe toujours des groupes très exposés où l’épidémie est déjà propagée”. “Plus de 1% de la population de ces groupes est déjà touchée”, a-t-il précisé. Il a évoqué, à ce propos, une enquête officielle qui parle de “4% des prostituées ou travailleuses du sexe contaminées par le VIH/Sida” et une étude estimant qu’entre 30% et 40%, les usagers de drogue injectable en Algérie et au Maghreb sont atteints par le Sida ou l’hépatite C. “Les homosexuels en Algérie sont également touchés mais il n’existe pas d’étude fiable sur cette question. “Mais, selon des études au Maghreb et dans les pays arabes, régions ayant les mêmes référents culturels, plus de 10% des homosexuels sont atteints par cette maladie”, a-t-il ajouté.

Il a expliqué qu’une personne contaminée par le VIH/sida “peut vivre entre 7 et 10 ans en très bonne santé apparente et peut ignorer qu’elle est malade pendant tout ce temps-là”, rappelant qu’”officiellement, 6.000 personnes sont atteintes du Sida, alors que les estimations parlent d’à peu près 30.000 personnes touchées en Algérie”. Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, il faut s’atteler à organiser “sans relâche” des campagnes de prévention et mettre à la disposition des personnes atteintes les nouvelles molécules de 3e génération. “En Europe, on n’en meurt presque plus du Sida, relève Dr. Skander, c’est dire l’efficacité de ces nouvelles molécules”, a-t-il dit.

APS

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