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Leslie Winer - Witch (1999)

Publié le 11 janvier 2008 par Oreilles

Et si seulement quelqu'un pouvait rallumer la lumière ? S'il vous plait, car un mystère entoure le parfum de cet album sortit en 1999, soit quelques huit années après son enregistrement aux alentours de 1990-1991. Depuis, Witch demeure incompris, inexpliqué.

Le parcours de Leslie Winer est en clair-obscur. D'abord mannequin réputée, elle a fréquenté l'underground new-yorkais. Devenue l'amie et confidente de figures comme William Burroughs, elle aura une liaison avec Jean Michel Basquiat – auteur de la photo sur la pochette de l'album. C'est après avoir quitté sa carrière de mannequin qu'elle produit son seul disque pour tomber dans un quasi-anonymat. Depuis, elle ressurgit épisodiquement pour poser sa voix avec différents artistes (Bomb The Bass, Mekon).

Witch est enregistré en même temps qu'un certain Blue Line de Massive Attack. Mais avec des tonalités new wave et dub, il est difficile de l’assimiler directement à la vague naissante du trip hop. On retrouve néanmoins quelques prémisses dans ses compositions : des rythmes lents, une basse lourde, des mélodies à l'aspect généralement mélancolique et calme.

La musique de Leslie Winer superpose des rythmes auxquels ne correspondent pas nécessairement de mélodies définies. Sur le morceau N 1 ear, ils fonctionnent de manière indépendante : le rythme ne sert pas de mélodie, chacun emprunte des chemins différents. Sa voix, posée selon la technique du talk over, prend des tonalités à la fois suave et amère. Etouffée, sourde, on la sent dédaigneuse, inassouvie et indifférente. Et d'outre-tombe, elle ânonne un passé désincarné, un présent inefficace… sans importance. Monocorde, elle ne laisse rien transparaître. Sa musique n'est pas le lieu de l'exposition de ses sentiments, mais le réceptacle dans lequel elle a pris soin de les enfermer. De sa boite de pandore s'échappent des textes cruels, provocants, comme dans N 1 ear :

And if I get bashed I must have provoked it
And if I raise my voice I'm a nagging bitch
And if I like f**king, I'm a whore
And I don't wanna I never wanna
(you never wanna, you never wanna)

Mais elle sait aussi se faire plus pensive, notamment sur Dream 1 :

Yeah, keep it simple
Come on
I had the strangest dream
The book that I read
And the stone that I found
And the tree that I saw
And the animal that I knew
And the language that I spoke in
And the script that I wrote
Shall I?
Shall I tell you?
Shall I tell you what I've been dreaming?

Alors, manifestement punk, poétesse, contradictoire… Sorcière ? Fuck off ! Elle s’en fout la sibylle, elle ne m'a jamais menti ; elle ne s'est jamais trompée. Reste de la musique, et des paroles.

En Bref : A la fois monotone et nuancé, séduisant et repoussant, Witch cultive les paradoxes pour nous perdre dans un dédale onirique et raffiné.

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