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Mélenchon, le gaulliste révolutionnaire ?

Publié le 04 décembre 2010 par Pierre

Mélenchon, le gaulliste révolutionnaire ?« Qu’ils s’en aillent tous ! ». C’est par cette formule choc que Jean-Luc Mélenchon interpelle le lecteur, le citoyen et l’électeur. Au-delà du pavé dans la mare, que retenir de l’ouvrage du patron du Parti de Gauche ? Soupe populiste ou vraie vision de la société ?

Son livre est court, direct, écrit comme on parle (on retrouve assez bien dans l’écriture la parole imagée et agressive de l’orateur). Il ne s’agit pas d’un programme, mais plutôt d’une vision de ce que serait (et ne serait pas) la France idéale de demain.

Mélenchon tape fort sur ce qu’il n’aime pas (les politiciens mous, les bureaucrates de Bruxelles, la mondialisation, les patrons, les média…), mais, plus intéressant, il esquisse un modèle de société qui tient en trois points essentiels :

  • Une révolution citoyenne qui redonne la parole et le pouvoir aux citoyens dans tous les domaines,
  • Une sortie du système capitaliste productif, pour une société plus égalitaire, solidaire et ayant un rapport plus durable avec l’environnement et les ressources naturelles
  • Le refus de la mondialisation et de l’intégration européenne, avec le retour de l’Etat-nation comme référentiel d’identité et d’action publique.

Le propos a le mérite de la cohérence et de la clarté. Dressant les constats des dysfonctionnements actuels, Mélenchon propose un modèle de société assez séduisant, qui se démarque clairement de l’approche plus molle et pragmatique du PS. Il parvient à articuler citoyenneté, développement durable et modèle anti-capitaliste.

Le point clé de cette vision de rupture, c’est évidemment sa crédibilité, en particulier sur deux aspects : l’économie et l’organisation du pouvoir.

Sur la question économique, le programme reste relativement vague. Mélenchon parle certes de redistribution massive de la richesse, mais évoque peu la question de leur production même. Sortir de l’économie productiviste mondialisée oui, mais pour produire quoi ? Dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles, cela ne signifie-t-il pas une paupérisation économique, donc le choix de la décroissance ? Certainement, mais ce n’est pas clairement assumé.

Sur l’organisation du pouvoir, la révolution citoyenne de Mélenchon s’accompagne d’un retour à l’échelon national et d’une sortie de l’Union européenne. Retour aux années 60, au gaullisme ? Oui, d’une certaine manière. Mélenchon bazarde sans complexe l’Europe, la mondialisation, l’imbrication croissante des économiques, la mobilité des populations, la révolution numérique, le basculement du pouvoir vers l’Asie… comme si, finalement, rien n’avait changé depuis les années 60.

Mouais… on attend le programme détaillé pour être convaincu.


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