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Marville : un photographe sort de l’ombre

Par Paristoujoursparis

Vous connaissez Charles Marville? Si vous êtes un amoureux de Paris et de son histoire, ce nom vous dira forcément quelque chose.

Que dit sa biographie « officielle »?

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Charles Bossu dit Marville

Que Charles Marville à débuté sa carrière comme peintre-graveur et que l‘on trouve de ses dessins dans La Seine et ses bords de Charles Nodier publié en 1836 et dans Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, édition de 1838.

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Une illustration de Marville pour La Seine et ses bords de Charles Nodier

Il travaille chez le photographe-éditeur Blanquart-Évrard à partir de 1851 puis, deux ans plus tard, il illustre l'album Sur les bords du Rhin. On le connaît comme le « Photographe du musée impérial du Louvre » puis il immortalise les grands chantiers de restauration de l’époque menés par les architectes Viollet-le-Duc, Abadie ou Millet.

A partir de 1862, « Photographe de la Ville de Paris », il fait une série sur le mobilier urbain puis est chargé de photographier les rues du vieux Paris appelées à disparaître. Un ensemble magique, heureusement préservé, nous permet de visiter les ruelles du centre et des faubourgs de la capitale. Des vues passionnantes, à l’ambiance poétique, où nous pouvons nous perdre dans les détails. Quand nous regardons ces photos, nous retrouvons bien sûr le Paris des années 1860-1870 mais aussi celui du XVIIIe siècle. Le temps est suspendu dans les photos de Marville et tout le charme du vieux Paris y transparaît.  Le travail d’un photographe sensible, qui ne s'est pas contenté de produire un relevé technique.

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Rue des Francs-bourgeois-Saint-Marcel (empl. Bd Saint-Marcel)

Pour les historiens de la photographie, la fin de vie de Marville demeurait bien mystérieuse. Où était-il mort, quand ? Etait-il marié ? Où reposait-il ?

Des questions que Marc Durand, secrétaire de documentation aux Archives nationales et rédacteur d’un inventaire des photographes parisiens du XIXe siècle très attendu, se posait lui-même, ainsi que Sarah Kennel, conservatrice au “National gallery of art” de Washington, qui vint un jour voir Marc dans son bureau. (Cette jeune femme prépare  une exposition Marville qui doit se dérouler à Washington courant 2012-2013). Et elle sortit de son dossier “Marville” la même question…   Un énorme point d'interrogation!

Marc Durand eut alors la bonne idée d’en parler à Daniel Catan, un fouineur, un fureteur comme je n’en connais pas deux, un fameux « détective de l’histoire », un ami commun qui se chargea de cette mission impossible : découvrir les traces de Marville.

Et là, Daniel Catan partit en campagne, ratissant tout, ne loupant rien, furetant dans les services d’archives, les bibliothèques, et passant un temps fou à chercher…

Et il trouva, le bougre !

Il découvrit ce que tout le monde avait cherché depuis des dizaines d’années – mais au fait,  avaient-ils vraiment cherché ?!

Daniel a trouvé tout, tout, tout, et même plus !

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Rue des Prêtres-Saint-Séverin

 Le petit BOSSU…

La révélation la plus importante est celle du vrai nom de Marville : Charles-François Bossu. Né dans une famille parisienne en 1813 ( et non en 1816, comme on le pensait auparavant), le jeune Bossu prend le pseudonyme Marville au début de sa carrière d’illustrateur et de peintre dans les années 1830. Bien qu’il ait été connu sous le nom de Marville jusqu’à sa mort à Paris le 1er juin 1879 ( deux informations nouvelles), il ne changea jamais de nom de façon légale, donc une grande partie des documents officiels, concernant divers épisodes de sa vie, sont passés inaperçus pendant des années.

Sarah Kennel et Daniel Catan, n’ont pas seulement confirmés la biographie de Marville, y comprit ses liens de parenté et sa relation, sa vie durant, avec sa compagne (nommée dans son testament), mais a également mis à jour une foule de détails importants éclairants l’évolution et les circonstances de sa carrière.

Attendons la suite…

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Entrée de l'atelier de Marville, n°66 Bd Saint-Jacques

J'ai eu entre les mains le testament de Charles Marville, un fameux document où il explique pourquoi il a changé de nom…  Cette pièce révéle les préoccupations d'un homme sensible qui ne pensait pas qu'en 2010, si longtemps après sa mort, des historiens, amoureux de Paris et des belles images, se passionneraient pour sa vie et son oeuvre!

J'attends comme tout le monde la suite des révélations. Nul doute que Daniel Catan et Sarah Kennel communiqueront les suites de leurs recherches dans un avenir plus ou moins proche.

Soyons patients et félicitons Daniel Catan, qui sait découvrir les sources et perdre du temps dans les méandres des archives…

Lui a trouvé ce que tout le monde cherchait depuis si longtemps…

Les historiens de Paris et un certain Charles Bossu, dit Marville, lui en sont très reconnaissants.

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Une illustration de Marville pour La Seine et ses bords de Charles Nodier


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