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IK-3 de Dimitrovgrad, un endroit où il ne fait pas bon être enfermé

Publié le 09 décembre 2010 par Aurialie

Le témoignage qui suit fait froid dans le dos : il raconte les tortures affligées aux prisonniers dans le pénitencier 3 de Dimitrovgrad (IK-3) dans la région d'Oulianovsk. Publié sur le site svoboda.etorai.ru ("la liberté, c'est le paradis"), il est accompagné de photos d'un détenu mort sous les coups, qui ne peuvent laisser insensibles (c'est pourquoi, je n'ai choisi qu'une petite photo et celle qui était la moins choquante, l'homme ayant été recousu grossièrement tout le long du dos, sur le crâne, à la gorge...).

"J'ai été emprisonné dans cette prison de mars 2008 à mai 2010 et j'ai été moi-même frappé plus d'une fois par du personnel pénitencier et des "actifs"*, on m'a frappé violemment avec des manches de pelle, principalement dans la zone industriel. Ils frappent pour n'importe quelle raison, parce que tu n'as pas salué le personnel pénitencier, parce que tu n'es pas debout, que tu ne t'es pas levé, parce que tu as fait ceci ou n'as pas fait cela, ils frappent même sans raison ! Ils frappent tellement que pendant des semaines tu ne peux t'asseoir sur une chaise.

IK-3 de Dimitrovgrad, un endroit où il ne fait pas bon être enfermé
Te frapper sur le cul, c'est leur méthode préférée d'exécution dans cette prison. Debout face contre le mur, les jambes plus écartées que les épaules, les mains sur le mur, ils te frappent avec des manches de pelle. Ils tapent tant que les jambes flageolent, la partie la plus tendre du corps a cette même couleur bleue, que celle sur les photos du mort [photos illustrant le témoignage]. L'administration, et plus particulièrement les gardiens, frappent les condamnés avec des bouts de bois ou des gants de boxe ; parfois les condamnés, après de tels traitements, passent de mois dans la zone des soins."

Le témoignage d'un autre détenu confirme ce récit : "dans ce camp, comme dans de nombreux lieux de ce type, des choses cauchemardesques ont lieu. Tous les évènements et récits sur le forum en ce moment me sont connus et non pas par des on-dits. Devant purger ma peine au IK-3 de Dimitrovgrad, je confirme tous les récits décrits plus haut. Que dire, bien sûr, toute cette opération a été planifiée par la direction et conduite par l'administration de l'IK-3 par le biais des mains des condamnés faisant partie des "actifs". Les agents du pénitencier y participent principalement dans les cabinets, où ils y ont tous les moyens à leur disposition (bâton, gants, planches, …). Si l'administration donne son feu vert pour un programme entier [de représailles], alors ils frappent partout sans réfléchir, avec les mains, les pieds, des bâtons, sans tenir compte de l'age et de l'état de santé. Et cette méthode, qui vise à supprimer le moindre désir de résistance, est tout à fait efficace. Dans tous les cas, la majorité des personnes rencontrées ne posent aucune question sur un tel régime jusqu'à la fin de leur peine. Et contre ceux qui se sentiraient capables de protester contre ce bordel, un "travail" spécifique est prévu dans la zone de la quarantaine, que je décris après.

Tout d'abord je veux préciser que ce ne sont pas tous les "actifs" qui sont capables de ces actes, qui sont commis par des personnes spécifiques (je ne donnerai pas de noms). Pendant ma peine, avec des nombreux "actifs" (je n'en suis pas un moi-même), j'ai eu des relations plus ou moins de confiance, ils m'ont donné des conseils, ils m'ont fait des confidences. Dans une de ces conversations, j'ai appris que pendant la quarantaine de juin 2010, il s'est passé les horreurs suivantes : les condamnés, faisant preuve de résistance, allaient l'un après l'autre dans la salle de sport de la quarantaine, on les frappait au corps, bandait leur bouche avec du scotch, et on attachait leur main à une barre, où ils pouvaient y passer quelques heures, recevant périodiquement des coups sur le corps. L'administration savait très bien ce qu'il se passait, puisque lors des visites régulières de contrôle des condamnés, les inspecteurs voyaient les absents dans les rangs. Et c'est seulement après l'issue fatale que tout cela s'est arrêté : dans la zone de quarantaine, il y avait après constamment un gardien, pour montrer que l'administration ne savait pas et que maintenant tout allait bien se passer. Tout ce qui s'est passé dans ce camp était parfaitement connu des gardiens ... Se battre contre cela de l'intérieur n'est pas possible..."

Un autre témoignage, celui de Mikhaïl, résume la situation dans l'IK-3 de Dimitrovgrad :
* les condamnées subissent constamment des tortures et des violences
* la direction de la prison donne personnellement les ordres de battre les condamnés, souvent en leur présence, ou frappe personnellement dans les cabinets avec des gants de boxe et des bâtons en résine
* le tabassage commence dès la quarantaine, dans les zones habitables où passent les condamnées, qui perdent totalement la volonté de protester contre ces actes illégaux de l'administration
* l'administration utilise des "actifs" pour faire subir des sévices aux condamnés
* les condamnés ne parlent pas des violences et tortures, car ils ont peur pour leur vie
* les condamnés qui ont essayé de se plaindre des actions de l'administration, sont maintenus en isolation, dans des conditions plus strictes, ...

Le témoignage est précédé de la mention suivante : "l'année prochaine, l'homme qui gère les prisons et les camps, le chef du FSIN (Service fédéral d'application des peines), Alexandre Reimer, prendra peut être la place de Nourgaliev. Ce sont ces personnes qui s'occupent du respect de l'ordre juridique."

* J'espère que j'ai réussi à bien traduire ces témoignages, mais le langage et le vocabulaire utilisés ne m'étaient pas vraiment familiers... Et malgré mes nombreuses relectures, il peut encore y avoir des fautes.


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