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Portrait n°25: la malédiction de Belle-fait-Gore

Publié le 06 décembre 2010 par Toreador

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Par Toréador | décembre 6, 2010

Et s'il faut un centième, je serai celui-là !

Pour la première fois depuis la création de cette rubrique destinée au centième du classement Wikio, je tombe sur un blog déjà portraitisé. Il s'agit de l'Insolent, et nous étions en Février 2009. Vous pouvez donc aller relire "Quantum of Insolence". 

Mais je ne renonce pas à publier un nouveau portrait ce mois-ci et j'en profite donc pour caser un second portrait de blog étranger que j'avais écris pour les e-blogs et qui m'a valu d'être viré…

A nous les petites Anglaises !

Portrait n°25: la malédiction de Belle-fait-Gore
Heureux de donner à leurs gares des noms de défaites (Waterloo Station par exemple, et non Austerlitz, comme chez nous), et de rouler à gauche, les Britanniques sont connus pour faire tout à l’envers. Il n’est donc pas étonnant que leur blogosphère à eux soit majoritairement de Droite alors que chez nous la Gauche a un monopole naturel.  

Le point positif est que cela fait du Royaume-Uni une réserve politique naturelle très complémentaire de notre propre zoo Français. Par exemple, saviez vous qu’y vivent en liberté les derniers vrais fauves libéraux, tandis que nous avons au sein du monde occidental le plus important cheptel de brebis socialistes sauvages ?

On comprendra dès lors aisément pourquoi l’étude du blog de Charlotte Gore est une expérience ethnologique fascinante. Imaginez-donc : cette jeune britannique, développeur web dans le Yorkshire de l’Ouest, ancienne femme « de gauche » devenue libérale ose écrire des choses impensables et aussi folles que : « Le secteur public donne la possibilité de garder les gens juste pour l’objectif de les garder, parce que c’est « bien ». Pas de concurrence sauvage. Pas de méchantes forces du marché. Juste des humains s’aimant et se câlinant les uns les autres.

Mais pourquoi au juste les fonctionnaires auraient le droit d’échanger *ma* liberté contre *leur* sécurité. Ce n’est pas juste : tu prends mon fric, tu prends ma liberté (…) tu peux faire commerce de ta liberté et ce n’est pas mon problème, mais ma liberté ?  Ca, ça me pose problème. » 

Et on laisse vivre un tel fauve ? On la nourrit ? On ne la chasse pas impitoyablement comme la Bête du Gévaudan ?

Cinéma Gore 

D’autant que notre Freedom Fries britannique est hargneuse et cogne sur quasiment l’intégralité de l’échiquier politique de son pays. Evidemment – mais c’est de bonne guerre – sa tronçonneuse libérale découpe tout ce qui ressemble de près ou de loin à un espoir gauchiste (elle fit un come-back en 2008 avec un billet qui expliquait en gros que voter « Vert » était inutile car … peu payant électoralement… et tant pis pour la couche d’ozone – n’est pas Al Gore qui veut). Cependant, elle n’est pas tendre avec les Torys non plus. Loin d’être une grenouille de bénitier, elle n’aime en effet pas le coté moralisateur d’un Tea Party, ce qui la met à dix lieues du conservateur normal.

Si cependant elle passe plus de temps à démolir les partis Tory et Labour plutôt qu’à défendre ses idées, c’est selon moi parce qu’elle n’est pas très à l’aise sur son propre positionnement politique. Charlotte n’est en effet pas une Libérale-démocrate traditionnelle, et est considérée par ses collègues de lutte comme une hétérodoxe .

    Son premier blog s’appelait ainsi http://www.reluctantlylibdem.blogspot.com (malheureusement, on ne peut le lire que sur invitation) avant de renaître sous sa forme actuelle. Depuis, elle a brisé ses attaches fin 2009 avec les Libéraux-Démocrates. Elle reprochait en effet à son parti d’être hémiplégiquement libéral : Gore est libérale socialement mais aussi économiquement, une forme de libéral-libertarianisme, de quoi l’empêcher de se sentir à l’aise au sein d’une structure bureaucratique.

Telle est la chance et la punition de Charlotte Gore, condamnée à n’être qu’un leader d’opinion mais pas un général. Comment lorsque l’on est « anti-institution », militer au sein d’un parti qui a pour production naturelle la constitution d’une classe d’apparatchiks ?

Gore est une libérale sans sucre ajoutée, mais son individualisme – qui fait le succès de son blog car il le colore fortement d’un humour et d’une impertinence toute anglaise – la confine à une solitude croissante. C’est la malédiction de Belphégor, solitaire fantôme du musée libéral-démocrate.

Sacha Guitry disait : « Plus je connais les hommes et plus j'aime mon chien.». Pour Charlotte, si j’en crois son blog, c’est un chat, qui lui tient chaud.

N°73 du Kikio

Tags: Belphegor, blogs, Charlotte Gore, Royaume-Uni, social-démocrate, UK

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