Magazine Culture

La carte et le territoire de Michel Houellebecq

Par Sylvie

PRIX GONCOURT 2010

 

La carte et le territoire

Editions Flammarion

 

Et oui, je l'ai lu ! Ayant eu de bons échos de la part de mon entourage, je me suis enfin décidée à l'ouvrir...et à le dévorer !

 

Le dernier cru de Houellebecq se lit avec délectation ; certes comme toujours très pessimiste sur l'avenir de l'espèce humaine mais très drôle tout en n'étant pas dénué de mélancolie.

 

Est-il encore nécessaire de présenter l'intrigue ?

 

L'écrivain retrace sur plusieurs décennies, de sa jeunesse jusqu'à sa mort, du début des années 2000 jusqu'à sans doute 2040/2050, le parcours de Jed Martin, un artiste contemporain, qui rencontre tout  coup de succès grâce....aux cartes Michelin ! Se rendant en effet à l'enterrement de sa grand-mère, il est ébahi par la beauté d'une carte de la Creuse. Il se décide alors à photographier ces cartes très colorées qui sont beaucoup plus belles que le territoire réel...

Sponsorisé par Michelin (et par la sublime Olga du service com de la célèbre boîte), il va peindre les métiers oubliés ou ceux représentatifs de la production française. Et là, succès sans précédent, surfant sur la vague du "retour à la campagne" cher à Jean-Pierre Pernaud. Le catalogue d'expo va être chroniqué par un certain Houellebecq. Méditation et mise en abîme de la condition de l'artiste qui évolue tout d'un coup vers un roman policier.

 

Houellebecq nous réserve de multiples surprises. Les portes d'entrée de ce roman sont multiples : roman psychologique balzacien avec analyse conjointe de la société contemporaine, réflexion sur l'identité française, satire féroce des milieux d'art et des médias, roman policier, mise en abîme de la condition d'artiste, roman "d'anticipation". Ce roman éclectique peut être très bien savouré par les "bobos" qui se réjouiront de la caricature de Jean-Pierre Pernaud. Comme il peut très bien être apprécié par les inconditionnels de la télévision.

 

Humour décalé, réflexion d'anticipation sur le retour à la terre en temps de crise, mais aussi une réflexion touchante sur les rapports parents/enfants. En effet, l'écrivain brosse le portrait du père de Jed Martin, un architecte qui rêvait de changer la vie grâce à ses constructions et qui a fini par construire des stations balnéaires pour milliardaires. Méditations sur des vies râtées...Ce roman en regorge. Médaille spéciale pour le portrait du commissaire Jasselin, marié sans enfant, obnubilé par le bonheur de son chien Michou...né sans testicules ! Saluons le portraitiste hors pair de Houellebecq qui a un talent fou pour décrire la médiocrité de la vie et ses échecs de toutes sortes. On y retrouve à la fois l'influence d'Emmanuel Bove et de Simenon.

 

Quant à l'autoportrait de Houellebecq, géniale mise en abîme d'un homme solitaire, misanthrope, alcoolique, admettons qu'elle ne manque pas de piquant.

 

Sans doute pas un chef d'oeuvre mais vraiment un très bon moment de lecture qui allie détente à une analyse plus que pertinente de notre société industrielle, artistique, médiatique et touristique décidément très malade...


Retour à La Une de Logo Paperblog