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Tosca, tout simplement (Giacomo Puccini, Rome en 1800)

Par Jazzthierry

Pierre-Jean Rémy dans son merveilleux “Dictionnaire amoureux de l’Opéra”, dit à propos de la Tosca qu’elle ferait pleurer un roc quand elle chante “Vissi d’arte…”. Il pensait naturellement à Maria Callas qui tout comme son personnage, a vécu d’art et d’amour, a été une immense chanteuse et a peut-être connu le même destin tragique que Tosca, à savoir le suicide. J’ai trouvé cette version enregistrée par Angela Gheorghiu, qui me remplit de larmes à chaque fois que je l’écoute… On n’aperçoit guère le décor, uniquement Tosca, mais elle se trouve dans les appartements du méchant Scarpia “un satyre bigot et hypocrite, secrètement adonné au vice, mais offrant les apparences de la piété”. C’est le chef de la police, l’équivalent de Fouché en Italie, une incarnation du pouvoir et de l’arbitraire. Lui-même se compare à Iago, le personnage de Shakespeare, son modèle, dès sa première apparition dans l’acte I. Amoureux de Tosca, il suscite en effet sa jalousie en insinuant que son amant, le peintre Mario Cavaradossi a une liaison secrète avec la marquise Attavanti.

Plus tard, à l’orée de l’acte II, Cavaradossi accusé de cacher Angelloti, un prisonnier politique en fuite, subit une séance de torture par les hommes de Scarpia. Tosca entend les cris de douleur et supplie Scarpia d’avoir pitié de son amant. Incapable de supporter les souffrances de Mario, elle finit par révéler l’endroit où Angelotti se cache. Mais Scarpia ne s’arrête pas là, si la cantatrice veut obtenir la libération de Mario, condamné à mort, elle doit en échange livrer son corps à l’appétit sexuel de Scarpia… Partagée entre le dégoût que lui inspire Scarpia, et la nécessité de sauver Mario, elle chante le célèbre “Vissi d’arte, vissi d’amore, non feci mai male ad anima viva”. D’un seul coup la Beauté s’élève à travers la voix de Tosca, mais ne parvient pas à éblouir Scarpia. Le Mal reste le Mal… Que peut l’art face à la démesure d’un pouvoir tyrannique ?


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