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“Les Trois Prochains Jours”, remake à grande vitesse

Par Kub3
Vincent Lindon laisse place à Russell Crowe dans cette version US de

Parallèlement à la sortie d’A Bout Portant de Fred Cavayé, le remake US de son premier film, Pour Elle, débarque sur les écrans. Entre les mains de Paul Haggis (notamment coscénariste des deux derniers James Bond et réalisateur du multioscarisé Collision en 2006), Les Trois Prochains Jours a vu le jour à vitesse grand V – moins de deux ans après la sortie de l’original. Exit Vincent Lindon : c’est à Russell Crowe de prendre les traits de ce père de famille et professeur, prêt à tout pour faire évader la femme qu’il aime, injustement incarcérée pour un meurtre qu’elle n’a pas commis.

“Les Trois Prochains Jours”, remake à grande vitesse

L’intrigue développée a beau être globalement identique dans les deux films, la comparaison des titres permet déjà de distinguer deux ambitions différentes. Pour Elle était un thriller plus ou moins bien ficelé, mais aussi et avant tout un drame psychologique. Les Trois Prochains Jours annonce quant à lui d’emblée son ambition de film à suspense haletant, où la profondeur des personnages, sans être simple prétexte, passe au second plan. Au final, les deux films se distinguent clairement l’un de l’autre. Les mauvaises langues déploreront que la french touch a disparu au profil de la lourde artillerie hollywoodienne, mais le constat s’impose pourtant : tout en rallongeant d’une demi-heure le scénario du premier opus, Paul Haggis développe un thriller au dispositif plus efficace et maîtrisé que celui de Fred Cavayé, sans tomber dans les travers esthétiques des récents films d’action à la Jason Bourne.

Il y avait beaucoup d’amour et de larmes, dans Pour Elle. C’était même le moteur émotionnel du film, tantôt sensible et touchant, tantôt mièvre et horripilant. Les Trois Prochains Jours a beau ne pas éviter totalement cet écueil (on y retrouve notamment ce plan interminable et appuyé du gamin témoin de l’inculpation de sa mère), le dispositif est beaucoup moins lourd. Probablement grâce à Danny Elfman, dont la musique sans âme trouve malgré tout sa place en évitant le surlignement émotionnel pathétique auquel s’était livré Klaus Badelt. Mais surtout grâce à une réalisation classique, sobre, plutôt en retrait, où le talent discret du cinéaste ne surligne jamais l’émotion et rend ses lettres de noblesse au mélodrame. On pense parfois à Clint Eastwood. Il faut dire que Paul Haggis a notamment signé les scénarii de Million Dollar Baby et du diptyque Mémoires de nos Pères / Lettres d’Iwo Jima.

Pour autant, Les Trois Prochains Jours reste un thriller au sens le plus restrictif, balisé, mais d’une réelle efficacité. Le rythme du scénario et du montage se répondent constamment tandis que le film avance à la frontière entre le crédible et l’invraisemblable, sans jamais tomber dans le grotesque. Les personnages peu incarnés restent toujours dessinés très schématiquement, mais assumer le manque de profondeur vaut souvent mieux que s’évertuer à créer inutilement de la psychologie de comptoir. En considérant Les Trois Prochains Jours comme un cinéma de simple distraction, Paul Haggis remplit son contrat avec un talent certain, mais aussi avec une facilité frustrante lorsqu’on connaît la virtuosité dont il est par ailleurs capable.

“Les Trois Prochains Jours”, remake à grande vitesse

En salles le 8 décembre 2010

Crédits photos : © Metropolitan FilmExport


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