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LENINE, STALINE et la MUSIQUE

Publié le 13 décembre 2010 par Mpbernet

afficheexpoDes spectacles de masse dans la Petrograd révolutionnaire aux opulents opéras staliniens, des oeuvres novatrices du jeune Dmitri Chostakovitch à ses pièces d'allégeance, de l'espoir de Serge Prokofiev lié à son retour en U.R.S.S. à sa désillusion et à sa déchéance, cette exposition montre la place de l'art et des artistes dans l'élan révolutionnaire, et son évolution vers une instrumentalisation par le totalitarisme stalinien.
staline_005Ce qui frappe d'abord, c'est l'extraordinaire production russe. Malgré les conditions difficiles, au moins sous Lenine, on assiste à une effervescence de création, encouragée par le pouvoir, qui ne contraint pas encore les artistes à choisir entre adhésion et exclusion. Bien entendu, on encourage la construction d'un héroïsme proprement soviétique, l'exaltation des combattants révolutionnaires et la propagation de l'idéal communiste à d'autres pays.

Les premières années de la révolution sont celles où le modernisme russe trouve une expression inédite et touche tous les domaines. La musique a ses compositeurs "constructivistes", son orchestre expérimental sans chef (le Persimfans), ses nouveaux instruments (le "thérémin"...) et ses inspirations inédites. L'industrialisation forcée de l'URSS est illustrée par de nombreuses oeuvres écrites sur le thème du travail, participant à l'effort national de "construction du socialisme". Comme la Symphonie des sirènes d'usine, d'Avraamov, la Fonderie d'acier, de Mossolov, son opéra Le Barrage, ou la symphonie TurkSib, de Steinberg, jouée pour l'inauguration de la ligne de chemin de fer reliant le Turkménistan à la Sibérie.

St_Staline
Cependant, sous Staline, dont la chanson préférée était Souliko, tout tourne au cauchemar : le divorce est alors flagrant entre les tenants de l'avant-garde et les défenseurs de l'art prolétarien dogmatique.
L'exposition nous donne à voir et à entendre : évidemment, il faut se munir de l'audio-guide car les explications sont éclairantes.

Et nous retrouvons avec plaisir les artistes extraordinaires que furent Chostakovitch, Prokofiev, Catchatourian, Chaliapine (en bas à gauche), Chagall, Eisenstein, mais aussi de moins connus Meyerhold, génial metteur en scène assassiné en 1940, Maïakovski, Malevitch, l'étouffement de la culture musicale juive, le sinistre Jdanov, la musique au Goulag ....

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La musique devient une vitrine de propagande du régime. On forme de jeunes interprètes - surtout des pianistes et des violoncellistes, qui vont sillonner le monde, comme David Oïstrakh.

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Ironie de l'histoire, Serge Prokofiev meurt le 5 mars 1953, le même jour que Staline, dans le plus complet dénuement. Et ce qui m'étonne encore aujourd'hui, c'est que la chape de plomb qui recouvrait toute cette problématique dans ma jeunesse, soit enfin levée.

C'est qu'aujourd'hui, c'est devenu de l'Histoire et non plus de la Politique....Mais c'est égal, qu'est-ce qu'on a pu essayer de nous "bourrer le mou" dans les années Brejnev, sur la supériorité du systèm

twistagain
e soviétique......

Comme en un joyeux contre-point, on diffusait hier soir sur France 4 le désopilant film de Jean-Marie Poiré "Twist again à Moscou", tourné en 1986, avec Philippe Noiret, Bernard Blier, Christian Clavier, Martin Lamotte, Marina Vlady et Agnès Soral : un délire sorti avant la chute du Mur de Berlin....jubilatoire quoique tardif dans la critique à peine exagérée...




Exposition au Musée de la Musique, organisée dans le cadre de l'année France-Russie, jusqu'au 16 janvier 2011. Parc de La Villette, 8€.


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