Magazine Société

Forum jeunesse France-Québec: Montréal débarque en France

Publié le 14 décembre 2010 par Raymond Viger

Projet Cultures urbaines France-Québec

Quand l’urbain montréalais débarque en France

Le Café Graffiti, organisme montréalais d’intervention auprès des jeunes, et le centre social de la commune française de Tonnerre ont uni leurs forces au printemps dernier pour organiser un forum spécialement dédié aux jeunes. Le but était de redonner confiance à cette nouvelle génération prometteuse, mais souffrant d’un manque d’activités évident.

Estelle Gombaud   Dossier: Forum jeunesse France-Québec

fluke-art-graffiteur-muraliste-murale Dans le cadre du Forum jeunesse 2010, 9 professionnels graffiteurs et breakdanseurs québécois ont traversé l’Atlantique pour venir à la rencontre de leurs jeunes cousins français. Pendant deux semaines, la pratique de ces arts urbains a réveillé une jeunesse endormie en plus de donner des idées aux différentes instances politiques et sociales qui se sont réunies pour l’occasion afin de réfléchir à leur avenir.

L’événement, qui avait pour thème «Une année pour se préparer. Un Forum pour s’éclater», s’est déroulé du 19 au 25 avril.  Comme l’explique la directrice du centre social de la commune française de Tonnerre, Christine Burtin Lauthe, l’objectif était avant tout de donner la parole aux jeunes.

Quant au fondateur du Café Graffiti, Raymond Viger, il a souhaité envoyer des jeunes artistes à l’étranger «pour les stimuler dans leur cheminement et leur permettre de vivre différentes expériences».

Pour profiter pleinement de l’échange, ces artistes québécois sont arrivés une semaine avant la date officielle du début du forum afin d’offrir aux jeunes du centre social des ateliers de breakdance et de graffiti. Suivant un rythme des plus effrénés, c’est à raison de 5 à 7 heures par jour que les 32 stagiaires français ont appris les bases de ces deux arts urbains.

Lancé officiellement le 19 avril, le Forum a proposé une foule d’activités aux petits et aux grands de la commune en prenant soin de toujours rester axé sur la jeunesse.

tonnerre-france-forum-jeunesse-jeunes Musique, théâtre, cinéma, expositions de toiles, sports, pique-nique géant et plénière publique du Conseil Municipal des Jeunes étaient au menu de cette semaine riche en activité. C’est aussi à cette occasion que les instances de la commune ont échangé sur les moyens mis à leur disposition pour exploiter au maximum les talents de leurs jeunes.

«Les partenaires locaux, institutionnels, associatifs se sont questionnés vis-à-vis des attentes et des besoins de la jeunesse. Ils ont voulu leur apporter des projets faits avec et pour eux», résume Mme Burtin-Lauthe.

Ses temps forts? L’exposition « Me Voici », où 20 jeunes tonnerois ont présenté leurs autoportraits réalisés lors de leur stage de graffiti.

Le spectacle de créations musicales et artistiques a également suscité un grand engouement. Les apprentis breakdanceurs ont pu montrer leur nouveau savoir-faire en montant sur les planches de la scène pour présenter une chorégraphie apprise la semaine précédente.

Preuve du succès de l’entreprise, un des partenaires de l’événement a même déclaré ceci : « si un habitant de Tonnerre dit ne pas avoir été au courant du Forum, c’est qu’il n’était pas à l’écoute et qu’en fin de compte cela ne l’intéressait pas! »

Un échange enrichissant

Pour les 12 stagiaires de breakdance, l’expérience fut productive. À la différence des cours de danse qu’ils prenaient habituellement avec un seul professeur, ils ont eu la chance de bénéficier des compétences des 7 danseurs québécois lors des différents ateliers.

tonnerre-france-forum-jeunesse-jeunesMais les artistes n’ont pas seulement appris aux jeunes à bouger, ils ont aussi endossé un rôle de grand frère. Alliant à la fois le côté artistique et le côté humain, cette rencontre a permis à plusieurs jeunes de trouver les réponses à leurs questions.

«Après chaque pratique, on gardait du temps pour parler des problèmes que les jeunes rencontraient dans leurs vies de tous les jours afin de pouvoir leur apporter des solutions», explique Johnny Skywalker, le leader du groupe de breakers. «Les jeunes ont vite compris que la danse était un bon moyen de se défouler face aux frustrations de la société», ajoute-t-il. Cet échange a également permis aux breakeurs de prendre conscience de certaines réalités.

Un des danseurs, qui n’avait jamais donné d’ateliers auparavant, fut surpris de se découvrir une passion. «En rentrant à Montréal, j’aimerais trouver un travail qui allie danse et animation avec les jeunes, ça serait vraiment le top !», a confié Patrick Jean Charles alias B-boy Prototype.

«Nous leur avons montré nos mouvements, mais ils nous ont aussi donné beaucoup, confie Handy «Monstapop» Yacinthe. On a compris qu’on était des modèles pour ces jeunes. Je ne savais pas que l’on pouvait changer le cours de la vie de quelqu’un de cette manière-là», ajoute-t-il.

Même son de cloche du côté des graffiteurs, où l’expérience avec la jeunesse tonnerroise a été tout aussi formatrice. Parmi les artistes montréalais présents au forum, le muraliste-graffiteur Fluke n’est pas passé inaperçu. Du haut de ses 6 pieds, ce jeune homme d’origine polonaise est devenu en quelques années l’un des plus grands graffiteurs de la métropole québécoise.

Durant 5 jours de cours intensifs, il a partagé sa passion avec les jeunes tonnerrois afin que ceux-ci réalisent leur autoportrait sur toile. En parallèle, il a eu pour mission de créer une immense fresque colorée à l’effigie de la ville recouvrant ainsi les murs défraîchis du tunnel de la gare. Tout en ayant donné une nouvelle identité visuelle aux murs du tunnel, cette réalisation aura fait prendre conscience aux Français  de la commune que le graffiti peut être un acte légal et apprécié.

«Cette fresque m’a demandé plus de 100 heures de travail, explique Fluke. J’ai donné tout ce que j’avais. C’était vraiment très sympa de discuter avec les voyageurs qui passaient. J’ai eu beaucoup de retours positifs», ajoute-t-il. Pour le responsable de la gare, Alain Boeuf, le résultat est magnifique. « Nous cherchions à donner plus de vie à ce passage. Grâce au forum, ça a été possible».

<«Une fois dans le train du retour, tous les artistes se sont mis à pleurer. Ils auraient voulu apporter plus que ce qu’ils ont donné. Cindy, une des danseuses professionnelles, aurait souhaité ramener un des petits chez elle pour le ‘‘sauver’’», se souvient le chef du groupe, Johnny Skywalker.

Un pas vers l’avenir

Les artistes québécois,  les élus de Tonnerre ainsi que le personnel du centre social s’étaient donnés pour objectif de se concentrer davantage sur la jeunesse pour lui donner les moyens de continuer à faire vivre l’art du graff, du breakdance et de toute autre forme d’expression au-delà de la durée du Forum.

Pour le plus grand bonheur des jeunes stagiaires tonnerrois, une salle de danse a récemment été ouverte afin de leur permettre de parfaire leurs techniques de danse hip-hop. La troupe compte désormais 15 jeunes tonnerrois qui se retrouvent quotidiennement pour préparer de nouveaux spectacles. Les quelques pas de danse de plus de ce groupe d’adolescents sont autant de pas en avant pour la jeunesse de la région.

La 1re édition du Forum de la jeunesse a connu un tel succès que celui-ci sera reconduit l’année prochaine. Pour que le forum ne soit plus un événement ponctuel, Christine Burtin Lauthe a décidé de renouveler, tout au long de l’année, les rencontres dédiées à la jeunesse, tout en conservant la dimension internationale du projet. La collaboration entre la France et le Québec pourrait donc bien se poursuivre et permettre à d’autres artistes du Café Graffiti de partir.

Le forum a permis à la jeunesse de Tonnerre de reprendre confiance en un avenir qu’elle pensait perdu. Il eut l’effet d’un tremplin donnant ainsi aux jeunes l’envie de construire de nouveaux projets.

PHOTOS: Joseph Elfassi

Ce billet, ainsi que toutes les archives du magazine Reflet de Société sont publiés pour vous être offert gracieusement. Pour nous permettre de continuer la publication des textes ainsi que notre intervention auprès des jeunes, dans la mesure où vous en êtes capable, nous vous suggérons de faire un don de 25 sous par article que vous lisez et que vous avez apprécié.

Merci de votre soutien.

PUBLICITÉ

reflet-de-societe-magazine-drogue-prostitution-suicide-alcool-gang-de-rue-gambling Internet-o-thon pour soutenir le magazine communautaire Reflet de Société édité par le Journal de la Rue. C’est le temps de vous abonner pour montrer votre soutien à votre revue sur l’actualité communautaire et sociale. Toute contribution supplémentaire pour soutenir notre cause est la bienvenue.

Par téléphone: (514) 256-9000, ext.: 1-877-256-9009
Par Internet: http://www.refletdesociete.com/abonnement.html
Par la poste: Reflet de Société 4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.

Lettrage, bannière et T-Shirt promotionnel.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Raymond Viger 488 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte