La touche ecossaise

LA TOUCHE ECOSSAISE

La musique est un monde de grande turbulence où, en ces années d’accélération numérique de carambolages en tout genre, rien de solide ni de durable saurait résister aux vents violents de la hype. Rien, sauf la pop made in Scotland. Comme si les poussées de fièvres régulières qui agitent en soubresauts réguliers le Royaume Uni ne parvenaient jamais jusqu’à Glasgow, cette forteresse estudiantine du nord où l’on cultive depuis des décennies le même flegme romantique, la même pudeur musicale insensible aux attouchements de l’électro ou du Dubstep.

Au lendemain du punk, déjà, alors que tout n’était que bruit et fureur, la fameuse « école de Glasgow » déployait son gros cœur d’artichaut et son sens des mélodies graciles. Le label Poscard Records, fleuron de cette esthétique fébrile et adolescente, envoyait notamment les jolies missives d’un groupe baptisé Orange Juice – nom, on en conviendra, peu rock’n’roll.

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Pour noël est sorti un formidable coffret regroupant l’intégrale des enregistrements du groupe d’Edwin Collins, crooner chaleureux de ces années insouciantes, à la voix bleutée de soul et au visage douillet d’enfant sage. Depuis le milieu des années 90, le groupe Belle & Sebastian s’est saisi de ce flambeau pour prolonger la flamme d’une pop ardente aux manières pourtant farouches et à la pudibonderie touchante. Ce groupe mixte conduit par un petit génie aux allures de chef scout, Stuart Murdoch, produit ses albums en vase clos, non loin du presbytère et hors de tout affolement adulte. Le dernier s’intitule Writing about love, et même s’il fut enregistré à Los Angeles, on y retrouve la même atmosphère pieuse, la même vitalité juvénile à peine assombrie par quelques nuages mélancoliques.

L’amateur de Crunk ou le clubber sous E. ne trouvera en ce miel rien à butiner, mais les éternels amoureux de l’Ecosse éternelle seront un nouvelle fois en pamoison.