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TUNISIE: Les 36 harraga d’Annaba enfin libres

Publié le 15 décembre 2010 par Amroune Layachi
TUNISIE: Les 36 harraga d’Annaba enfin libres

SÉQUESTRÉS CINQ JOURS DURANT EN TUNISIE
Les 36 harraga d’Annaba enfin libres

Après plus de cinq jours de détention, les autorités tunisiennes ont consenti finalement à libérer les 36 harraga ayant pris la mer dans la nuit du 6 au 7 décembre courant de la plage de Seybouse (Annaba). Du fait des mauvaises conditions atmosphériques, les deux embarcations dans lesquelles se trouvaient les harraga ont dérivé pour finalement échouer sur les côtes tunisiennes de la région de Bizerte.

D’après le frère de l’un des harraga, ces derniers ont été remis hier, mardi matin, aux autorités algériennes du poste frontalier de Heddada, dans la wilaya de Souk-Ahras. Dès qu’ils ont appris, suite à une brève communication téléphonique sur mobile, que leurs enfants se trouvaient sur le territoire tunisien, des familles ont fait le déplacement jusqu’à Bizerte dans la journée du 12 décembre pour s’enquérir de leur situation. Mais trimballés entre les différents corps de sécurité de ce pays (gardes-côtes, gendarmerie et police internationale), les malheureux parents ont vécu l’enfer, selon leurs dires. Soumis à un interrogatoire musclé consigné sur PV concernant leur filiation complète, ainsi que des photocopies de leurs pièces d’identité et même des cartes grises des véhicules les transportant, ils n’ont pas échappé à des réflexions désobligeantes, voire à des accusations d’organisateurs de harga, ont-ils raconté au cours d’une rencontre organisée mardi au centre de documentation et d’information en droits de l’homme de Annaba, relevant de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme. L’un des gardes-côtes tunisiens de Bizerte, ont-ils affirmé, leur a soufflé que 18 Algériens ont effectivement été arrêtés et remis aux gendarmes de son pays. Une fois à Tunis, les parents ont pris attache avec les services de la gendarmerie et de la police internationale tunisienne, qui ont nié au départ la présence des harraga sur leur territoire, avant de les diriger sur l’hôpital Rabta et la prison d’El-Ouardia, dans la banlieue tunisoise. Sur place, les parents, sans pouvoir rencontrer les leurs, ont appris qu’il y avait uniquement 18 personnes. De guerre lasse et en manque de ressources financières nécessaires (la majorité des parents sont de condition modeste pour ne pas dire défavorisés) pour prolonger leur séjour, ils décident de regagner le pays. Cette libération intervient grâce aux efforts du collectif des familles des harraga, dont l’un des membres a accompagné une dizaine de leurs parents dans leur déplacement en Tunisie. Lors de la rencontre de mardi à la LAADH Annaba, les familles des harraga disparus, dont certains depuis l’année 2007, se sont plaints de «l’ignorance affichée par les pouvoirs publics» quant au sort de leur progéniture. Ils ont déclaré avoir frappé à toutes les portes de la plus haute autorité de l’Etat jusqu’aux responsables locaux, en passant par le Parlement avec ses deux chambres, le gouvernement et les ministres concernés par le phénomène, `les représentations diplomatiques nationales à l’étranger et celles étrangères (Tunisie et Lybie) en Algérie. Toutes ces démarches, soulignent- ils, sont restées sans suite à ce jour. Ils affirment détenir des preuves de l’emprisonnement de leurs enfants en Tunisie. Cette libération, qui intervient grâce aux seuls efforts du collectif des familles des harraga, dont l’un des membres a accompagné une dizaine de leurs parents dans leur déplacement en Tunisie, a été accueillie avec soulagement par les membres de la LADDH de Annaba, qui expriment toutefois leur crainte devant la multiplication de ce grave problème à partir des cotes de cette contrée de l’extrême est algérien. Evoquant le procès intenté à une centaine de harraga de l’ouest algérien, la LADDH s’élève «contre la persistance du gouvernement à criminaliser le phénomène et à emprisonner des jeunes qui ont pourtant un droit légitime et conforme à la déclaration universelle des droits de l’homme, ratifiée par l’Algérie. Ce droit s’appelle : liberté de circuler», mentionnent- ils dans une déclaration rendue publique, tout en demandant aux autorités de «prendre en charge effectivement la globalité du phénomène autrement qu’en se comportant comme supplétif de l’Union européenne soucieuse de verrouiller ses frontières».
A. Bouacha

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