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Steven Seagal est énorme

Par Tred @limpossibleblog

Steven Seagal est énormeCe qu’il y a de bien avec Robert Rodriguez, c’est qu’il joue le jeu de la série B à fond. Le réalisateur n’a jamais aspiré (pour le moment ?) à faire autre chose que de la série B, de la bonne série B sanglante, sexy et stylisée. C’est lorsqu’il se donne complètement dans cet esprit là qu’il est le meilleur. Une nuit en enfer, Sin City, Planète Terreur en sont les illustrations parfaites. Machete, tiré d’une fausse bande-annonce qu’il avait tourné pour Grindhouse - la version américaine de Planète Terreur et Boulevard de la mort en un double film entrecoupé de fausses bandes-annonces alléchantes - perpétue l’accomplissement de Rodriguez dans le genre.
Et moi ce que j’adore plus que tout chez Rodriguez, c’est qu’il va chercher les acteurs qui ont la gueule de l’emploi, quel que soit leur statut à Hollywood. Il est allé chercher Mickey Rourke pour Sin City, Jeff Fahey et Michael Biehn pour Planète Terreur… Pour Machete, il a fait encore plus fort. Il est allé chercher Steven Seagal. Oui, ce Steven Seagal, le seul et unique. L’ex-gloire du cinéma d’action au légendaire jeu de bras. Celui qui cartonnait avec Nico et Piège en Haute mer et est depuis devenu un roi, que dis-je, un empereur du nanar à deux balles pour vidéoclubs. Comme toutes les stars du cinéma d’action des années 80 et 90, Seagal est parti en décrépitude et est tombé aux oubliettes. Plus de place pour ce genre de mec dans le cinéma américain. Trop ring’, trop beauf, trop macho, trop ridicule. Mais ça, Robert Rodriguez s’en fout. Seagal a une gueule, une carrure et un passé qui peuvent parfaitement nourrir un personnage.
Steven Seagal est énormeAlors Rodriguez a fait de Seagal le grand méchant de Machete, son délire qui transfigure la série B. Il a même pour l’occasion donné le rôle principal à son vieux pote et cousin Danny Trejo, une des tronches les plus burinées du cinéma américain, qui manque rarement un film de Rodriguez et se voit ainsi propulsé tête d’affiche. Machete est un ancien flic mexicain dont la famille a été tuée par Torrez, un baron de la drogue locale qui laisse notre héros pour mort. Trois ans plus tard, Machete est un immigré clandestin au Texas, et alors qu’il fait profil bas, il va devoir à nouveau lutter contre le crime et la corruption (et accessoirement calmer ces donzelles sexy qui se jettent étrangement sur lui). Une lutte qui va de nouveau le mettre sur le chemin de Torrez… Et vous l’aurez deviné, Torrez, c’est notre cher Steven. Il a vieilli, plutôt mal, engoncé dans ses chemises et laissant deviner une silhouette bien arrondie. Mais avec cet accent mexicain lâchant des « pendejo » et « cabron » à tout va, avec cette stature de bad guy qui tient tout le monde à sa botte, et avec quelques coups de sabre bien sentis, il tient son rôle à la perfection, et le plaisir est grand à le voir hanter le film ainsi, au premier comme au second degré.
Il n’est pas le seul invité surprise de la fête, avec une Lindsay Lohan offrant ses charmes entre deux cures et un Don Johnson tout à fait méconnaissable et lui aussi impérial en salaud. Ils se fondent impeccablement dans un festival de jubilation, un enchaînement de décapitations, énucléations, crucifixions dont la jouissance n’a d’égale que les répliques décomplexées qui fusent. L’apothéose de ce festival de répliques qui tuent étant le déjà célèbre « Machete don’t text ! ». Gloire à Robert Rodriguez et son amour des gueules de cinéma !


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