Hollande et Montebourg sacrés meilleurs socialistes 2010 !

 

Alors que 2011 approche et que la primaire socialiste et plus largement la préparation de la présidentielle vont occuper les prochains mois, l’occasion est belle pour s’intéresser à ce qu’il s’est passé cette année au PS. Hormis, le texte sur l’égalité réelle – qui pris au global coûte trop cher mais où chaque proposition prise seule peut être intéressante– et les positions parfois bien pensées sur la réforme des retraites, le PS a encore pêché dans le contenu. Dans la bataille des idées chère à Gramsci. Pour le moment, on ne peut pas dire que la gauche et encore moins le PS n’aient imprégné de leur force de proposition l’espace public.

Deux éclaircies toutefois. La séquence Hollande et la séquence Montebourg qui vient de démarrer. Hollande d’abord. Nous avons dit à maintes reprises ici à quel point nous considérions que l’œuvre de François Hollande à la tête du PS était complètement insuffisante, pour ne pas dire complètement ratée. Force est de constater que l’année 2010 a permis à l’ex-premier secrétaire du PS de changer et de faire un travail sur lui-même pour devenir plus clair, plus crédible et plus intéressant dans ses propositions.

Outre son livre d’entretiens avec Pierre Favier paru fin 2009, François Hollande a feraillé toute l’année, faisant entendre sa petite musique sur la réforme fiscale, sur l’éducation et la jeunesse, mais aussi sur les retraites. Il a terminé son année avec la publication, en ligne de « 20 propositions pour la France », dans lequel il creuse là - encore son sillon de mendésiste version 2010, réaliste dans l’opposition comme au pouvoir. Les Français semblent l’avoir un peu écouté puisque dans les différentes enquêtes d’opinion, on remarque un frémissement. Notamment sur la crédibilité du bonhomme.

Si François Hollande ne fait pas de propositions réellement innovantes, il prend la plume pour dire ce à quoi il croit et ce qu’il estime bon pour la gauche, comme pour la France. Il a été l’un des seuls socialistes à tenter de proposer.

L’autre socialiste qui a marqué l’année, c’est Arnaud Montebourg. Le député de Saône et Loire qui a toujours refusé la synthèse molle au sein du PS avant de prendre en charge l’organisation des primaires a ensuite décidé de prendre son destin en main en se portant candidat à la candidature socialiste. Mais hormis sa candidature présentée en novembre, Arnaud Montebourg a aussi écrit un livre. « Des idées et des rêves », dans lequel il formule 100 propositions, plutôt innovantes, afin de porter une candidature de « transformation » du système. Il y aborde le capitalisme coopératif, la démondialisation, les institutions, la gouvernance européenne. A la lecture, on a l’impression d’avoir retrouver le Montebourg qui écrivait la « Machine à trahir » ou fondait la Convention pour la VIe République et portait à gauche une voix différente. Et ce encore dimanche dernier sur France Inter lorsqu’il a proposé une loi « d’indexation des salaires sur la productivité ». Résultat : Arnaud Montebourg fait le débat et interpelle par ses prises de position qui tranchent avec la « pensée unique socialiste ». En lisant et en écoutant Montebourg, on retrouve une gauche qui tente d’apporter des réponses qui « essaye » pour paraphraser le titre du livre de Serge Halimi de changer la matrice idéologique dominante.

Bref, ces idées et ses rêves, font envie et donnent matière à débattre. Loin des manœuvres et des questions de personnes exilées aux USA ou non. Clairement, Hollande et Montebourg sont les deux socialistes qui ont travaillé et réfléchit cette année à des réponses de gauche. Le second ayant l’avantage de vouloir marier le rêve et la réalité.

Quoiqu’il en soit, les deux faisant raisonner la citation de Jaurès  “Il faut aller à l’idéal en passant par le réel”. Montebourg en se plongeant dans l’idéal pour aller trouver des réponses au réel, Hollande en étant réaliste pour tenter ensuite d’être dans l’idéal.

D’ailleurs, en exergue du livre de Montebourg figure cette belle citation de Jean-Luc Godard dans son film “Socialisme” : “Les idées nous séparent, les rêves nous rapprochent”.