A propos de Que justice soit faite de F. Gary Gray 1 out of 5 stars
A Philadelphie, la vie de Clyde Shelton bascule le jour où deux hommes font irruption chez lui et après avoir cambriolé sa maison, assassinent sous ses yeux sa femme et sa petite fille. Mais sa seconde mort arrive lors du verdict du procès de ces deux assassins. L’un deux est condamné à la peine de mort tant que l’autre n’écope que d’une peine de prison de quelques années… Clyde Shelton décide alors de mener sa justice personnelle en tuant non seulement tous les acteurs du procès mais en détruisant aussi tout le système judiciaire américain, « corrompu et gangréné ». Et dans son orgie pandémoniaque, seul Nick Rice, son ancien avocat, est épargné par la tuerie.
Le résultat des films américains montrant un homme aux prises avec un système judiciaire dont il a éprouvé les cruelles limites et qui décide de mener sa vengeance personnelle, n’a jamais été très probant au cinéma. On connait les limites de ce genre de film, de la série des Un justicier dans la ville avec Charles Bronson (années 70) au récent Hors de contrôle avec Mel Gibson. C’était donc en connaissance de cause et sur un terrain pour le moins glissant que F. Gary Gray s’est attaqué au sujet. Et malheureusement, Que justice soit faite ne renouvelle pas le genre. C’est un film raté d’abord pour une simple raison. Son scénario, qui en fait des tonnes, et ne tient pas la route.
Shelton a décidé de tuer les assassins de sa famille mais étrangement, il épargne son avocat (Nick Rice), premier fautif pourtant et qui devrait payer puisque c’est lui qui a « négocié » à l’époque avec le procureur la peine infligée aux deux braqueurs assassins. Mais c’est tout le scénario dans son ensemble qui manque de crédibilité et dont on ne saisit pas le but. On ne voit pas pourquoi un homme, une fois qu’il a tué les deux assassins de sa famille, voudrait abattre systématiquement tous les avocats et les juges américains jusqu’à la maire de Philadelphie ! Œuvre totalitaire et moraliste de Shelton ? C’est « gros » comme scénario et encore plus « gros » que Shelton parvient à tuer tout le monde depuis une cellule d’isolement ! Diable, comment fait-il ?
Et le film est ainsi construit, qui se laisse suivre (parce que bien filmé) malgré tout si l’on accepte l’invraisemblance des scènes d’action et une certaine dose de grotesque gore (mort sanguinolente du co-détenu de Shelton) comme cet assassinat à distance du procureur via un téléphone portable qui lui explose à la tête !
Gerard Butler a des allures de Lincoln Burrows (Dominic Purcell) dans Prison Break et sans dévoiler la clef du film, le film s’en inspire d’ailleurs jusque dans le secret que cache Butler pour pouvoir tuer à distance (tel le bras invisible du mal) tous les magistrats américains. Mais l’enjeu et la finalité du film échappent au spectateur et peut-être au réalisateur lui-même qui ne semble prendre parti ni pour Rice (le Bien) ni Shelton (le Mal). Et la question qui revient est : « Où va ce film ? ». Shelton n’est pas devenu fou, il agit froidement, c’est un calculateur froid impliqué dans une œuvre de destruction diabolique et systématique, un citoyen honnête devenu un démon sans même s’en rendre compte. « Vanité, Tout est vanité », dit l’Ecclésiaste.
Mais ce « prince des Ténèbres » semble aveuglé, dans la mission « biblique » qu’il s’est assignée (c’est ainsi qu’il l’appelle), par la souffrance et la haine qui le rongent. A peine entend-il son ex-avocat Rice (Jamie Foxx, devenu procureur et un justicier du bien en jurant sur la Bible) lui murmurer à l’oreille que sa femme et sa fille ne seraient pas fières de lui si elles le voyaient. Alors, dans ce magma un peu confus et en roue libre, la seule véritable satisfaction, c’est la performance de Jamie Foxx, impeccable et qui « fait le job » comme disent les Américains. Colm Meaney et Leslie Bibb sont bons dans des seconds rôles. Quant au reste, difficile de se sentir concerné par un thriller dont on ne comprend pas où il veut en venir au final…
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