La pensée noire et l'Occident, la fin européenne de l'européocentrisme, une pensée vivante dans l'Histoire et le présent des Africains, note 1

Il suffit de consulter les Encyclopédies, les livres d'Histoire, quelques livres dits "de philosophie", pour le constater : l'Histoire de la conscience et de la pensée obéit à un ethnocentrisme européen, "occidental", majoritairement implicite. Dès les "Génèses", Anthony Mangeon rappelle qu'il n'y a pas de fatalité à l'ethnoracialisation européenne moderne, puisque les Anciens, Grecs comme Romains, étaient eux respectueux des Africains, n'attribuaient aucune valeur particulière positive ou négative à une couleur de peau, attribuaient, pour les Héllènes, un goût des Dieux pour l'Afrique, et signale, en passant, l'ambivalence du christianisme premier, certes égalitaire des croyants convertis, mais qui considère la conversion du pêcheur dans le passage d'une noirceur à une blancheur-purification - source du futur racisme emblématiquement exprimé lors de la controverse de Valladolid. Alors qu'une civilisation musulmane va développer un esclavagisme systématique et durable en Afrique noire, c'est un voyageur musulman, Jean-Léon l'Africain, qui tient les premiers propos de l'Histoire, par lesquels un homme prétend pouvoir énoncer une généralisation négative des "Africains" : "ce sont des brutes sans raison, sans intelligence et sans expérience.". Le colonialisme trouvera de nombreux chantres de cette traduction spirituelle de la division du monde entre exploiteurs et exploités - et en Europe, les mêmes ou leurs amis utiliseront le même schéma pour se faire les représentants de la civilisation face à des "sauvages", comme lors de la Commune de Paris. D'Auguste Comte à Franz Boas, Anthony Mangeon montre les étapes d'une conversion des intellectuels européens placés, par le colonialisme mondial, au sommet de l'Esprit Humain (et au sommet, se trouvait bien sur Hegel et la Prusse !), à une perception de ce que nous partageons universellement dans les activités narratives, discursives, argumentatives, cognitives. C'est alors que l'ouvrage commence vraiment, après qu'un Marcel Griaule eut révélé un "Platon chez les Dogons" : "Philosopher en Afrique" (cf. note 2  et suivante, publiées prochainement)

http://www.sulliver.com/livre_anthony-mangeon-la-pensee-noire-et-l-occident-de-la-bibliotheque-coloniale-a-barack-obama_9782351220689.htm