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Catastrophe à Montmorency : «mon» nid de pie a croulé sous le poids de la neige !

Publié le 26 décembre 2010 par Kamizole

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Snif ! Snif ! Il n’est pas “mien” mais j’ai vu les pies le bâtir y il a déjà grand nombre d’années. J’en avais déjà parlé et ce fut un drôle de spectacle que de les voir transbahuter dans leur bec des branchages gigan-tesques. Et puis, j’aime les pies. Depuis une vingtaine d’années elles se sont multipliées dans la Région parisienne. Avant-hier matin, j’ai mis un certain temps à réaliser, quelque chose manquait dans le paysage : le sommet du grand sycomore – tout petit quand je suis arrivée ici en 1983 – n’était plus coiffé par leur nid ! Ce ne peut être que l’action conjuguée du poids de la neige et du vent qui a soufflé en tempête dans la nuit de dimanche à lundi. Les pies tournoyaient autour de l’arbre, se posaient quelques instants sur des branches et repartaient. Elles doivent être aussi déboussolées que moi. Je ne sais si au printemps prochain elles choisiront le même emplacement pour le rebâtir.

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J’avais pris beaucoup de photos dimanche, tellement les épaisseurs de neige furent importantes. J’ai mesuré 9 cm sur l’avancée en zinc de mon toit ! Lundi, itou mais je n’ai pas refait de photos, le spectacle n’eût pas été différent. Normalement, il ne devait pas neiger au début de la semaine, la pluie et le redoux étaient au programme jusqu’à jeudi. C’était sans compter sur une nouvelle et impromptue descente d’air froid polaire… preuve évidente que nous sommes maintenant dans un régime de refroidissement climatique en hiver. Le Gulf Stream se serait-il déjà fait la malle ?

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Nouvelles perturbations sur les routes et autoroutes. Cette fois, les pouvoirs publics n’ont pas réitéré les mêmes conneries : les poids lourds ont été mis en stand by. Mais j’aimerais que l’on m’expliquât comme il se fait qu’ils furent si nombreux lors même qu’en principe ils ne devraient pas, sauf exceptions rarissimes, rouler pendant le week-end. Et surtout de grands départs en vacances ! Preuve s’il en était besoin que les pouvoirs publics ferment les yeux : poids du lobby des transports routiers.

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Qu’est devenu feu le ferroutage ? Passé à la trappe de l’ultralibéralisme déjanté et du lobby des autoroutes, surtout après leur privatisation. Les copains et les coquins mènent la danse, avec la bénédiction des pouvoirs publics tout à leur solde. Pour plagier l’Evangile : l’on ne saurait servir deux maîtres à la fois, les puissances d’argent et le service public. Nouvelle adoration du Veau d’Or.

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Vous me direz qu’en l’occurrence cela n’eût pas servi à grand chose, l’Eurostar ayant été bloqué des deux côtés du Channel. La pagaille ayant été encore plus monstrueuse à Londres. Effet à distance du thatche-risme mâtiné de blairisme : les services publics, «c’est pas ce qu’il nous faut sous nos climats» ? Nos dirigeants seraient bien inspirés d’aller étudier les moyens mis en œuvre au Canada et dans les pays scandinaves. J’avais vu il y a déjà pas mal de temps un reportage, sans doute sur Arte à moins que ce ne fût «Faut pas rêver» au sujet du transport routier en Suède : les poids lourds dont les pneus sont sans doute bien équipés roulent lentement en file indienne derrière un chasse-neige entre deux tunnels. Mais cela impliquerait un sérieux changement d’attitude de la part des chauffeurs-routiers qui font généralement preuve d’un total manque de discipline. Les mettre au pas ?

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Quant aux avions, il fallait beaucoup de stupidité pour les dérouter d’Heathrow vers Paris (Roissy ou Orly) dans la mesure où la neige bloqua très rapidement les aéroports, les tarmacs étant totalement impraticables en raison de l’épaisseur de la couche de neige. Quelque 6.000 voyageurs s’ajoutant aux passagers des aéroports parisiens. Ce que l’on peut regretter c’est l’absence d’information des voyageurs. Exactement le même défaut qu’à la SNCF en règle générale. Ils promettent à chaque fois que cela changera : j’y pense et puis j’oublie. Nous ne sommes plus des usagers mais des clients, guère mieux traités !

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Envie de me taper sur les cuisses quand j’ai vu les titres sur Google Actualités relatant le coup de gueule de la Commission européenne jugeant le chaos “inaccep-table” : Aéroports et Eurostars perturbés (dépêche AFP 21 déc. 2010). Bruxelles exigeant des explications au sujet de la pagaille dans les aéroports européens (Le Parisien 21 déc. 2010) et souhaitant un service minimum dans les Aéroports (Le Figaro 22 décembre 2010). C’est quoi, un service minimum, dans ce cas ?

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Retenez bien le nom du commissaire européen aux Transports : Siim KALLAS. Il est Estonien mais fut surtout un apparatchik stalinien sous Brejnev & Cie de 1975 à 1991 – ça vous forge son homme ! – avant de virer ultralibéral comme beaucoup. Lire son pedigree sut Wikipedia est fort instructif : c’est avant tout un banquier. Que dit-il ? «Je suis extrêmement préoccupé par le niveau des perturbations que la neige a causé pour voyager en Europe». Pour Bruxelles, les transports aériens doivent être en mesure de mieux fonctionner à l’avenir dans des situations similaires : «Ces dernières années nous ont appris que la neige en Europe occidentale n’est pas une circonstance exceptionnelle (…) Une meilleure préparation, sur le modèle de ce qui se fait en Europe du Nord, n’est pas un plus optionnel, cela doit être planifié et préparé avec les investis-sements nécessaires, particulièrement du côté des aéroports».

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Il convoquerait donc les directeurs des aéroports européens concernés. Je ne saurais dire ce qu’il en est des autres pays européens mais en France c’est la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui décide de la fermeture d’un aéroport ou des restrictions de vols en cas de dangers. La gestion des banques nous a démontré à l’envi que le «principe de précaution» y est totalement inconnu. L’ex-banquier Kallas ne l’a pas intégré à son disque dur. Je parie qu’il eût recommandé de faire voler les avions nonobstant le nuage du volcan islandais. Peu lui chaut que derrière des risques inconsidérés – l’ultralibéralisme prône le risque : ceux qu’il fait courir aux autres ! – il y ait des vies humaines en danger. Pour ça, pas de danger que l’on accusât cette idéologie perverse d’être un humanisme… Quand la raison sera revenue dans ce monde de ouf, il faudra se poser la question qui tue : «combien de morts ? » et cela ne vaudra pas pour le seul Médiator… J’y reviendrais amplement. Cela participe de la même logique : les profits sans nul souci des êtres humains.

Je lisais il y a peu, notamment dans le Nouvel Obs, qu’une nouvelle étude scientifique démontre que Les hivers sont plus froids… parce qu’il fait plus chaud (Nouvel Obs 22 déc. 2010). C’est sans doute paradoxal mais cela confirme une théorie qui date de presque 20 ans et dont parlait déjà à cette époque le Nouvel Observateur : «Une étude scientifique montre que la hausse du thermomètre est précisément à l’origine des hivers enneigés et particulièrement froids, en raison de la fonte de la calotte glaciaire».

Cette théorie est d’ailleurs d’autant plus séduisante qu’elle permet du même coup de fermer le clapet à ceux des climato-sceptiques qui nient jusqu’à l’existence de tout réchauffement global. Pourtant, il est aussi visible que le nez au milieu de la figure : fonte des calottes polaires arctiques et antarctiques, fonte des glaciers – même le Kilimandjaro a perdu la majeure partie de son majestueux panache blanc ! – et comme le soulignait au téléphone Stefan Rahmstorf, spécialiste du climat au prestigieux Institut Potsdam (Allemagne) pour la recherche sur l’impact climatique «Quand je regarde par ma fenêtre, je vois 30 cm de neige et le thermomètre dit –14» alors qu’en «même temps, au Groenland, nous sommes en-dessous de zéro en décembre».

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Symétrie parfaite : Clio me disait au téléphone avoir entendu le 20 décembre pendant l’émission d’Yves Calvi sur la 5, C dans l’air «Demain c’est l’hiver» un spécialiste du GIEC – Jean Jouzel, glaciologue et climatologue - dire qu’il fait actuellement + 14 au Groenland et que la Mer de Baffin n’était pas prise par les glaces. Dès le début des années 90 l’on nous disait que si le Gulf Stream venait à disparaître la Bretagne connaîtrait des conditions climatiques hivernales semblables à celles du Labrador. Il semble que nous n’en soyons pas loin et la situation actuelle s’explique par un phénomène inconnu jusqu’à présent : «Le résultat, selon une étude publiée au début du mois par le Journal de Recherche Géophysique, est un système de hautes pressions qui pousse l’air polaire, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, vers l’Europe». Mouvement des masses d’air tout à fait visible en étudiant les vues satellites.

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Selon le physicien Vladimir Petoukhov qui a dirigé l’étude «Ces anomalies pourraient tripler la probabilité d’avoir des hivers extrêmes en Europe et dans le nord de l’Asie». S’y ajouteraient d’autres causes comme une baisse de l’activité solaire ou des changements dans le Gulf Stream. Selon ce que je lis sur une dépêche de l’AFP (21 déc. 2010) Vagues de froid en Europe: un refroidissement temporaire dans le réchauffement global ce phénomène pourrait durer de 5 à 10 ans, avec des hivers aussi froids que ceux que nous avions connus dans les années 60. Je peux vous dire que dans les années 50-60 ça caillait vachement ! J’ai le souvenir que nous allions avec mon père sur le Canal d’Orléans, entièrement pris par la glace et que la Loire charriait d’énormes morceaux de glace, semblables à des icebergs. J’ai aussi le souvenir, entre 1958 et 1962 de la cour de l’école des Acacias entièrement recouverte d’un épais manteau de neige, d’environ 50 cm, dont le dessus était complètement glacé. Un couloir avait été dégagé de l’entrée de l’école jusqu’au préau.

Il est évident qu’il faut s’y préparer. Encore faut-il en avoir les moyens ! Siim Kallas ferait rigoler un cheval : il est le digne représentant de cette Commission euro-péenne qui tire à boulets rouges contre les dépenses publiques : investissements matériels et humains réduits à l’extrême. Faut pas que ça coûte et “haro sur les fonctionnaires” ! Nicolas Sarkozy est dans la même lignée avec sa funeste «Révision générale des politiques publiques» (RGPP). Il a démantelé les DDE en janvier 2010, remplacées par des “machins” sans missions définies et dotées de moyens frisant le zéro absolu. Pourtant, les investissements matériels et humains ne pourraient être que bénéfiques à la croissance. L’Etat doit arrêter de se déplumer au profit du privé qui se fiche complètement du bien public. Mais il faudrait faire preuve d’un véritable volontarisme politique. Pas des lubies à la petite semaine.

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Jean Jouzel posait une intéressante question : puisqu’il semble désormais acquis que nous devrions nous attendre à une assez longue période d’hivers rigoureux, ne serait-il pas judicieux de profiter des travaux du Grand Paris pour créer, à l’instar de Montréal, tout un réseau de galeries marchandes doublant les commerces de surface (idem pour les services publics et autres installations) reliées aux transports en commun ? Cela semble la voix du bon sens mais je doute que les crânes d’œuf qui nous gouvernent acceptent une telle solution. Comme l’enfouissement des lignes hautes et moyennes tension : trop cher !

Mais putain, bordel de merde ! comment leur faire comprendre que de tels investissements ne sont pas nuisibles, bien au contraire, à la croissance ? Sans oublier toutes les pertes liées au blocage des routes, des bus et des trains. Enterrez les autoroutes (diminution du bruit et de la pollution) et les voies de chemin de fer et vous dégagez de surcroît des terrains constructibles. Une sorte de «New Deal» mais le keynésianisme serait “has been” pour les décideurs ultralibéraux. Voire.

Mais j’oubliais l’objection majeure : les caisses sont vides… Ce n’est plus une figure de style. Vidées par qui et pour qui, c’est l’évidence même : la Bande à Sarko qui vaut celle des frères Raptout. Si vous ne me croyez pas, je vous conseille une petite visite sur le blog de Pierre Jovanovic «L’apocalypse financière». J’avais écouté sa dernière chronique sur Ici et Maintenant et ce n’est pas piqué des vers.

Excusez du peu mais la France – qui devrait perdre un jour ou l’autre sa note «Triple A» : elle est dans le colli-mateur des traders et autres spéculateurs qui vont faire payer à la France son déficit record (165 milliards d’euros fin octobre) – compte emprunter 184 milliards d’euros en 2011. Sans doute beaucoup plus, à terme. Et ce sera au prix fort, sur le marché financier. En effet, «le taux d’un Bon du Trésor français sur qui n’était encore que de 2,457 % en août 2010 atteint tout dernièrement 3,394 %».

Et ce n’est pas tout : les «crédit Default Swap» - pour faire court : les titres d’assurance attachés aux emprunts pour couvrir la défaillance éventuelle des Etats emprunteurs – auraient atteint le 20 décembre le taux de 106,83 points, ce qui signifie que «pour s’assurer contre le non remboursement de 10 milliards de dollars par les Français à l’horizon de cinq ans, l’acheteur devra payer 106.830 dollars par an d’ici à l’échéance. Or ce montant se révèle supérieur à ce qui permet de s’assurer contre le non remboursement de la dette du… Panama (note “BBB -”) alors que la France bénéficie actuellement de la meilleure note “AAA”.

Sans doute plus pour longtemps et devinez pourquoi ? Sa situation serait pourtant meilleure que celle des USA et de la Grande Bretagne que le système financier entend préserver… Après la Grèce, l’Eire, le Portugal et l’Espagne, le tour de la FRance. Les spéculateurs mettent les Etats de la zone euro à genou. Mieux encore : la BCE – la Banque centrale européenne de Jean-Claude Trichet – serait elle-même en quasi faillite. Mais «too big to fail» selon l’expression consacrée (trop grosse pour être mise en faillite). Merkel et Sarkozy promettent un soutien à l’infini… Avec quel argent, sinon totalement virtuel pour la France ? Pure “monnaie de singe”. Mais la raison en est connue : les grandes banques françaises détiendraient un sacré paquet d’obligations liées à la dette souveraine irlandaise. Après les subprimes et autres actions liées à la déconfiture de Madoff, rien de tel pour plomber les vrais bilans !

Si ce n’est la preuve éclatante que nous vivons dans un monde totalement déjanté où toute logique économique a disparu, sans même parler du souci des humains et des grands équilibres sociaux et environnementaux, j’aimerais que l’on me démontrât – avec des arguments solides ! et pas le lait d’beu de la pensée (?) ultralibérale - comment il me faudrait l’analyser différemment

Pour en terminer, j’ai lu tout à l’heure que dès maintenant le sel (pour les routes) et le glycol (servant à dégivrer les avions avant le décollage) venaient déjà à manquer… Neige : quels sont les risques de pénurie de sel et de glycol ? (Le Monde du 23 déc. 2010). L’an dernier, ce fut le cas après trois vagues de froid successives. Il m’était évident que nous connaîtrions des hivers aussi rigoureux. Nos gouvernants sont certes tout à fait machiavéliques dans leurs façons de traiter le vulgum pecus mais toujours oublieux de Machiavel dans le texte, notamment «gouverner, c’est prévoir» ! UM/Prévoyance, UM/Pcompétence et UM/Pcapacité.

Par ailleurs, dans un article du Figaro Les stocks de sel fondent, la facture de la neige explose (23 déc. 2010) Fabrice Amedeo signale que les fournisseurs feraient grimper les prix. Ce qui n’a rien de surprenant. Les margoulins sont toujours à la fête dès qu’il y a pénurie. Rien de changé depuis l’Ancien Régime quand les “accapareurs” stockaient force quintaux et tonnes de blé engrangés lors des années fastes et ne les délivraient qu’au compte-goutte dans les périodes de disette ou de famine en attendant que les prix grimpent. On en eut l’exemple à la sortie du «Grand hyver» de 1710 quand le gel eut ravagé tous les semis de l’automne précédent et qu’aucun «bled» semé au printemps ne put pousser dans les terres gorgées d’eau à la suite du dégel.

De toute façon, nous le savons pertinemment, c’est toujours nous, le vulgum pecus qui payons les pots cassés. L’hiver dernier nous eûmes les fameux et non moins dispendieux – inutilisés ! - vaccins contre la grippe H1N1 de madame Bachelot. Et en 2011, nous paierons au prix fort les conséquences des spéculations effrénées des «banksters» qui ont conduit aux catastrophes financières, économiques et sociales que nous savons. Tondus comme des moutons par la loi de finances. Mais qu’ils se méfient : les moutons en colère peuvent aussi bien devenir enragés !

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