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Ariane à Naxos de Strauss dans la mise en scène de Pelly

Publié le 27 décembre 2010 par Popov

Ariane à Naxos de Strauss dans la mise en scène de Pelly

Ariane à Naxos dans la mise en scène de Laurent Pelly est donnée à nouveau à Bastille avec une nouvelle distribution. Oeuvre magnifique, méditation sur le sens de la fidélité et de l'infidélité, discours sur les formes musicales qui portent ces thèmes (seria ou pas) mise en abyme magistrale de deux formes d'art, le vrai drame romantique incarné dans le Prologue par Der Componist (jeune artiste sans concession, mélange de Mozart, Beethoven et Strauss lui-même)opposé à la l'émotion facile du Buffo (de la "télé-réalité" pour lui)et incarné par une Zerbinetta ,comédienne avare ni de ses caresses ni de ses contre-ut qu'elle prodigue comme autant de caresses (épatante Jane Archibald au jeu dramatique précis et amusant). Ariane est une oeuvre exigeante qui a demandé à son librettiste Hugo Von Hoffmansthal une rigueur scénographique digne de Molière dont il adaptait au moment de la création la Comtesse d'Escarbagnas. Ce qui rend les choses drôles et graves. Pour diriger cette oeuvre magnifique aux accents de Wagner et Berlioz, Philip Jordan qui décidément ne déçoit guère depuis son arrivée. Sophie Koch semble très à l'aise dans son rôle androgyne, passionnée, convaincante. On en oublie son Werther. Riccarda Merbeth qu'on avait aimé dans la Ville Morte de Korngold est stupéfiante mais un peu monotone dans l'exténuante dernière partie où Bacchus (Stephan Vinke) se bat comme un beau diable avec sa partition (Strauss qui n'aimait pas les ténors a écrit un rôle d'une difficulté éprouvante) et s'en sort admirablement avec son timbre si particulier. Le reste de la distribution est à la hauteur de cette grande production : les comédiens,parmi lesquels on retrouve François Piolino, l' émouvant novice de Billy Budd ainsi que d'autres valeurs sûres comme Martin Gantner(Ein Musiklebrer) ou encore  pour les amateurs Franz Mazura (grand chanteur wagnérien) convoqué ici pour le rôle seulement dramatique mais fort drôle du  Majordome. Dans cette mise en scène où rien n'est laissé au hasard, on comprend la précision manique de Laurent Pellyj son goût du jeu et sa mainmise sur une pièce abstraite à force de reconstructions mais qui garde grâce à son auteur, une construction et une structure qui permettent à la musique de s'envoler vers des formes nouvelles sans être rébarbative. Car ce n'est pas seulement une reprise qu'il propose mais presque une autre lecture où tout s'harmonise dans un très beau spectacle. Un seul regret :quelle tristesse  de ne pas voir toutes les places de cette Ariane pourvues car c'est sans doute une des grandes réussites de la saison.


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