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Marx content !

Publié le 30 décembre 2010 par Jlhuss

marx340a.1293654099.jpgChambolle que tous les lecteurs du blog connaissent et apprécient, réagissait sur une note “Le PC a 90 ans ” après bien d’autres dont benjamin . Nous avons donné un peu de “temps au temps” avant de publier cette réaction que vous trouverez ci-dessous.

C’est Marx qui doit être content. Le communisme est mort ? Voilà qui rend enfin crédible la première phrase du Manifeste (”Un spectre hante l’Europe… ” pour ceux qui n’auraient pas fait leurs premières armes dans l’armée des prolétaires et compagnons de route divers et variés…)
Il est tout à fait exact que Soljenytsine n’a rien appris au monde qu’il ne sache déjà. Avant même Gide, cité plus haut, des membres de l’Internationale avaient décrit la récupération (inévitable ?) du système de répression tsariste par les bolcheviks (ceci n’est pas une insulte mais une appellation historique) et son “amélioration” par les camarades Félix Djerzinski, Lénine et Trotski, dépassés, il est vrai, par “l’homme que nous aimons le plus” le regretté Petit père des peuples. Il est non moins exact que tous ceux qui se hasardèrent à dénoncer cette monstruosité, très explicable historiquement, j’y reviendrai, furent, au mieux traités de salopards à la solde du grand capital, au pire d’hitléro-trotskistes ou d’anarcho-fascites sans oublier les rats visqueux et les vipères lubriques avec de très fâcheuses conséquences pour ceux d’entre eux qui eurent la malchance de tomber entre les pattes des “bataillons de fer du prolétariat” (ici Chambolle a une pensée particulière pour les militants du POUM fusillés par les staliniens du PC espagnol presque à la vue des troupes franquistes).
Question à trois kopecks : pouvait-on faire autrement ?

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Certainement, malheureusement les hommes, contrairement à ce qu’ils prétendent volontiers, ne sont pas rationnels et l’Histoire, par conséquent, ne saurait l’être. Contentons nous d’aligner quelques faits :
- le XIX° siècle et le début du XX° , de la Terreur blanche aux  journées de juin 1848 (France) à la Commune (France), puis à la répression meurtrière des grèves des années 80-90 (tous pays industriels confondus) en terminant, pour ce qui regarde la Russie, par la répression du soulèvement de 1905 est ponctué de massacres de masse (dois-je rappeler que la Semaine sanglante a fait, à elle seule, 30 000 morts) et on ne dit rien des guerres coloniales.
- Le tsarisme, qui était une dictature, a fait tout ce qu’il fallait pour empêcher l’émergence et le fonctionnement d’une démocratie, même timide et son corollaire des cadres politiques en nombre et influence suffisante.
- La guerre mondiale a été dévastatrice non seulement par le nombre des morts et des blessés, mais aussi par l’appauvrissement général qu’elle a entraîné et, là encore, par la disparition physique des cadres.
- Résultat presque inévitable (voir ce qui s’est passé en Allemagne en 1918) soulèvement populaire, écroulement de l’autocratie et révolution non prévue au programme (ce qui, je le précise est le cas de toutes les révolutions connues à ce jour dont l’imprévisibilité est le dénominateur commun).
- Bordel ambiant à la tête de l’état, nullité de ses chefs successifs (avec une mention spéciale à Kerenski) et prise du pouvoir par la seule force à peu près organisée c-à-d les Bolcheviks et les Socialistes Révolutionnaires de gauche (qui ne tarderont pas à le regretter).
- Les nouveaux responsables savent parfaitement (voir plus haut) ce qui les attend si ils sont battus par les contre-révolutionnaires. Ils s’orientent donc vers le communisme de guerre, et font du concept de dictature du prolétariat un usage que son inventeur (Marx bande d’ignares) n’avait certainement pas prévu. D’où guerre civile aggravée par une intervention étrangère ratée (faut dire que les troupes, après quatre ans de conflit n’en pouvaient plus). Après avoir failli perdre, les Rouges gagnent au prix de quelques concessions mineures (par exemple admettre que la Pologne de Pilsudski ait des frontières un peu proches de Petrograd bientôt rebaptisée Leningrad suite au décès du Père fondateur).
- Chacun sait ou devrait savoir que la guerre civile est celle qui entraîne les pires massacres. Celle qui se déroule en Russie après la révolution ne fait pas exception. Notons au passage que le camarade Trotski a l’excellente idée, pour régler des divergences politiques au sein du camp révolutionnaire, de régler leur compte aux marins de Cronstadt -classés, pour la circonstance, sous la rubrique anarchiste-, il agira de même avec un certain Makhno, révolté ukrainien héroisé, bien à tort, par Joseph Kessel qui, plus chanceux, réussira à émigrer avant de faire connaissance avec les camarades Tchekistes.
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- Staline (qui comme un tigre guettait dans l’ombre) rafle la mise et on connait la suite.
Rien de tout cela n’était écrit d’avance. Tout le monde a agi pour le bonheur de l’humanité (preuve supplémentaire que l’enfer, qu’il soit rouge ou blanc, est pavé de bonnes intentions). Personne n’est innocent (comme d’hab) et oui, on pouvait surement faire autrement, mais, malheureusement ON NE L’A PAS FAIT.
Et du coup, j’en reviens au PCF qui, avec Thorez (Benjamin a eu tort de lui associer Waldek Rochet qui lui, au moins, a su dire non),  à sa tête a fait preuve d’une servilité exemplaire au stalinisme le suivant dans TOUTES ces erreurs et excusant TOUS ses crimes, ce qui, par réaction, n’a pas peu contribué aux dérives également inexcusables de la SFIO.
Il résulte de tout cela que l’idée même de socialisme est, pour un certain temps encore, largement décridibilisée et que les générations à venir ont du pain sur la planche pour lui redonner du sens (même si nos amis du CAC 40 s’emploient avec vaillance à nous prouver avec de plus en plus d’efficacité que cette bonne vieille lutte des classes a encore de beaux jours devant elle).
Et le bilan du PCF dans tout ça disons en équilibre instable : à l’actif du dévouement, une participation indéniable aux luttes sociales (et donc aux avancées qui en ont résulté, un espoir donné à ceux qui n’en avait pas, au passif des méthodes dégueulasses pour briser ceux qui n’étaient pas “dans la ligne”, l’abandon en rase campagne des “travailleurs en lutte” quand le komintern sifflait la fin de partie, le mensonge érigé en vertu politique et la transformation d’une pensée en dogme. Tout ça est, on en conviendra, difficile à équilibrer surtout si l’on veut bien admettre que les crimes des uns n’excusent pas les massacres des autres (et vice versa). Une pirouette pour finir, à gauche, nous disons (et nous disions)  volontiers que “seule la vérité est révolutionnaire” que reste-t-il de cette belle phrase quand on se rappelle qu’en russe vérité se dit pravda ?

Chambolle


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