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Chobits

Par Ledinobleu

Jaquette DVD de l'édition intégrale de la série TV ChobitsL’informatique a atteint un nouveau stade avec les persocoms, des ordinateurs d’apparence humaine qui rendent leur utilisation optimale. Le jeune Hideki rêve d’en posséder un mais ces appareils restent encore hors de prix. Un soir pourtant, il en trouve un dans une poubelle, qu’il ramène chez lui. Mais une fois mis en marche, la machine ne sait que dire « Chii » alors Hideki lui donne ce nom. Au bout de quelques jours cependant, il apparaît évident que Chii a des capacités bien supérieures à celles d’un persocom normal.

Le plus appréciable dans Chobits, c’est l’humanité du propos : loin de nous proposer un avenir cyberpunk, donc le plus souvent une ambiance glauque et peu engageante, à la Blader Runner (Ridley Scott ; 1982) ou à la Ghost in the Shell (Mamoru Oshii ; 1995), cet anime prend place dans un futur immédiat, presque contemporain, qui est la garantie de remporter l’adhésion du plus grand nombre par la familiarité de son décor et par sa proximité.

De sorte qu’on peut presque considérer les persocoms comme de simples PC avec des bras et des jambes, et dotés de la parole, le système de contrôle étant assuré par une sorte d’intelligence artificielle qui règle son compte une bonne fois pour toutes à ces problèmes d’ergonomie et d’interface qui donnent des cheveux blancs aux cybernéticiens depuis plus d’un demi-siècle ; bien sûr, la réalité des choses n’en serait pas aussi simple lorsqu’on connait un peu les limites actuelles de l’I.A. (1) mais le subterfuge reste ici d’une perfection rare et somme toute à la fois bien crédible mais aussi en prise directe avec cette actualité de la société japonaise qui ne cache plus son intérêt bien marqué pour la robotique – et même si la banalisation de la chose n’est pas vraiment pour tout de suite (2).

Il faut aussi saluer l’audace du scénario qui nous dépeint une histoire à la fois touchante et fort à propos sur la réalité de certaines sociétés dites « avancées » et de leurs problèmes liés à une technologisation croissante frisant l’inhumanité, mais sans pour autant en rajouter sur les citations de philosophes morts depuis des siècles au contraire d’une des œuvres citées plus haut – car si ce procédé ravit souvent les esprits cultivés, malgré sa « facilité » évidente, il manque le plus souvent de cette finesse qu’on est en droit d’attendre d’une simple histoire, puisqu’il s’agit bien d’une histoire au départ et non d’un pamphlet philosophique.

Et sur ce média, d’ailleurs, les conteuses de chez CLAMP ont prouvé depuis longtemps combien elles savent émerveiller. De plus, dans ce cas précis, leur sensibilité féminine apporte un enrichissement certain à un thème jusqu’ici surtout abordé par des auteurs masculins avec tout ce que ça implique d’action méchanique au détriment de la psychologie et des émotions, c’est-à-dire de l’humain – composante principale de tous récits dignes de ce nom.

N’hésitez donc pas à vous pencher sur cet anime, seul ou accompagné : il y a fort à parier que vous passerez un très bon moment…

(1) voir la préface de Gérard Klein au roman Excession de Iain M. Banks pour une exposition claire du sujet.

(2) sur ce point, il vaut de rappeler que l’intérêt du Japon contemporain pour les « compagnons artificiels » reste plus lié à leur démographie vieillissante qu’à une affection particulière pour la modernité : leur population toujours plus âgée, en effet, produit de plus en plus de personnes dépendantes.

Notes :

Cette série est une adaptation du manga éponyme de CLAMP, disponible en huit volumes chez Pika Édition.

Épisode 11 : on peut distinguer des affiches parodiques des films Spider Man (Sam Raimi ; 2002) et Turn A Gundam (Yoshiyuki Tomino ; même année).

Épisode 21 : au début, un panoramique de la caméra sur une pile de livres permet de distinguer le titre de l’ouvrage du haut, Rod Hot Linux, un jeu de mots sur Red Hat, le nom d’une société de distribution de logiciels basés sur le système d’exploitation Linux.

Chobits, Morio Asaka, 2002
Kaze, 2006
26 épisodes, env. 30 € l’édition intégrale

Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka


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