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2010 : une année ratée exemplaire pour Sarkozy

Publié le 31 décembre 2010 par Juan
2010 : une année ratée exemplaire pour Sarkozy2009 avait été l'année du renoncement. La crise de l'automne précédent avait brisé net l'élan pseudo-réformateur de l'élu de 2007. Contraint d'être social, il avait tenté d'être écolo, pour faire bonne figuere, et identitaire, pour reconquérir une partie de son socle électoral contre un Front National revigoré. La fin de l'année avait sonné le glas de ses ambitions. Il aborda 2010 affaibli, toujours aux prises avec son narcissisme personnel et un camp minoritaire qui commence à douter. Voici la chronique de ces 12 mois d'une année terrifiante, ratée mais exemplaire pour Nicolas Sarkozy : une campagne électorale calamiteuse qui débouche sur une débâcle régionale, une réforme des retraites injuste et insuffisante, la mise en lumière des coulisses du premier cercle sarkozyen, les affaires de Karachi puis Servier. Sarkozy, depuis près d'un an, se tient en retrait sur des sujets diplomatiques, et choisit avec parcimonie les quelques sujets « locaux » qu'il veut bien commenter.
140ème semaine: les voeux répétitif d'un Sarkozy sans idée
Nicolas Sarkozy entame sa tournée des vœux « aux forces vives » de la Nation. L’année précédente, sa tournée s’était mal passée. Des contestataires l’attendaient à chaque visite. Désormais, la mise en scène a changé. Sarkozy est filmé seul, sur un fond adapté aux « couleurs » de l’assistance, comme cette ridicule teinture vert-camouflage pour les vœux aux forces armées. Le discours est rodé, mais fatigué. Sarkozy rabâche des appels à la régulation mondiale ou climatique, et son autosatisfaction d'avoir évité le pire à la France. Il annonce une réforme des retraites. Son ministre Eric Besson tente de sortir de son débat électoraliste sur l'identité nationale, lancé en novembre 2009. Il publie un bilan de 50 000 contributions triviales. La réforme de la carte judiciaire, conduite au forceps par Rachida Dati, entre en vigueur. Un quart des tribunaux d'instance sont rayés de la carte. Roselyne Bachelot annule 50 millions de commandes de vaccins contre la grippe A. Un vrai gâchis jamais sanctionné. Son collègue du Budget Eric Woerth prolonge la clémence fiscale sélective accordés aux exilés fiscaux. Ses menaces de l'été précédent n'ont pas produit les effets attendus. Le 7 janvier, Sarkozy rend hommage à Philippe Séguin décédé prématurément. Son dernier rapport de la Cour des Comptes a encore épinglé ses dépenses personnelles. Bonne année !
141ème semaine : les promesses mortes de Nicolas Sarkozy
Sarkozy encourage les professions de santé, et cajole les agriculteurs. Des sondages alarmistes l'inquiètent. Le monde rural le lâché. Mardi, Christine Lagarde dévoile sa petite taxe contre les bonus des traders. Pour les 2500 traders concernés, et une année seulement, elle prélève 50% des bonus supérieurs à 27 500 euros (environ 20 SMIC mensuels). Le produit attendu est étrangement modeste : 360 millions d'euros. Eric Besson se fait massacrer par Marine Le Pen lors d'une émission de télévision consacrée à l'identité nationale. Les derniers chiffres de l'insécurité pour 2009 sont publiés, et mauvais : les violences aux personnes progressent (encore) de +2,8% (après +2,4% en 2008). Un lycéen est tué dans son établissement, une première depuis des lustres. L'annonce de la délocalisation en Turquie de la fabrication de la future Clio rappelle que les soutiens publics décidés pendant la crise l'ont été sans contrepartie. Lors de ses voeux à la presse, François Fillon pose la réforme des retraite comme l'un des enjeux de l'année. Sarkozy envisage trois leviers : l'allongement de la durée de cotisations (42 ans au lieu de 41), le recul conséquent de l'âge de départ à la retraite (62 ans), et le renforcement des fonds de capitalisation individuel. Jusqu'au mois de juin, le pouvoir fera ainsi fuiter ses idées dans les médias pour préparer l'opinion.
En Haïti, un tremblement de terre dévastateur fait 200 000 morts.
142ème semaine : Nicolas Sarkozy a-t-il peur ?
Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération, a l'indécence de critiquer l'occupation américaine en Haïti. Son président, lui, se cache dans l'Océan Indien pour souhaiter ses voeux de bonne année à l'outre-Mer. Il voulait éviter les turbulentes Guadeloupe et Martinique. Il laisse Claude Guéant s'immiscer dans le débat sur le Niqab, Eric Besson présenter ses voeux et son bilan des expulsions de sans-papiers. Le premier propose de conditionner la naturalisation au refus de porter la Niqab. Quelle République ! Le second se félicite des 182 075 immigrés légaux et 108 275 naturalisations. Un vrai retournement ! Sarkozy a bien tenté d'éteindre les polémiques sur la double rémunération d'Henri Proglio à EDF et Véolia, ou sur la marginalisation de la France en Haïti. Il a laissé Fillon et Wauquiez gérer la perspective insoluble d'un million de chômeurs en fin de droit cette année. En 2009, le gouvernement avait faussement amélioré le dispositif d’indemnisation des chômeurs en donnant accès plus tôt à l'indemnisation (après 4 mois de travail contre 6 mois précédemment), en plafonnant uniformément sa durée à 23 mois. Malaise social, précarité, éthique de gouvernance, Sarkozy a-t-il peur des vrais sujets ? Non. Il cherche déjà à se « présidentialiser ».
143ème semaine : Sarko, le mauvais perdant
Lundi 25 janvier, Nicolas Sarkozy intervient à la télévision devant 11 Français témoins. A Laurence Ferrari, il explique que «ce n'est pas le rôle du président de la République» que de s'impliquer dans la campagne. Pourtant, dès jeudi soir, il valide les listes de candidats UMP aux élections régionales. Pendant deux heures d’émission avec l’animateur-journaliste Jean-Pierre Pernault, il se défend, mauvais perdant, (« mon travail n'est pas très facile »), sans lâcher aucune annonce, si ce n’est la baisse improbable du chômage. Sarkozy est « à l’écoute », l’air sérieux, parfois obséquieux, incapable d’avouer qu’il a failli, pour un exercice d’auto-défense systématique. Jeudi, il tient une conférence sur les déficits, censée conclure sur l’effroyable dérive des comptes … des collectivités locales majoritairement à gauche. Les élus d'opposition boycottent. La dette publique dépassera bientôt les 86% du PIB, et le déficit budgétaire est prévu à 150 milliards en 2010 ! Le même jour, Dominique de Villepin croit avoir gagné sa bataille judiciaire dans l’affaire Clearstream. Que nenni ! Le lendemain matin, le procureur Marin annonce que le parquet fait appel de sa relaxe. Villepin n'évitera pas les crocs de boucher sarkozyens si facilement.
144ème semaine : la France a peur
La France a peur, et Sarkozy le premier. Son camp se déchire, l'UMP est démotivée, la stratégie d'union a rétréci la droite présidentielle, et l'absence de projet fédérateur pour la seconde moitié du mandat présidentiel n'arrange rien. Alors, Sarkozy vide son agenda, et se réfugie, une fois de plus, dans les sujets diplomatiques: une rencontre avec le dictateur turkmène, un rendez-vous avec le prince-héritier du Qatar; un conseil franco-allemand et un « entretien de travail » avec le ministre des affaires étrangères chinois, et, pour finir, une visite en Andorre. Avec Angela Merkel, sa nouvelle alliée de crise, Sarkozy annonce 80 mesures, dont 80% sont des voeux pieux, sans moyens ni obligation de résultat. On évoque la paix, la croissance et le climat. Au mieux, on se promet de créer 200 classes bilingues. En France, on parle surtout de fermetures de classes... Et la révélation d’un projet de décret permettant le licenciement d’un fonctionnaire sans affectation après trois refus de postes (sans conditions), fait l’effet d’un choc.
145ème semaine : Nicolas Sarkozy, faux président, vrai candidat
Le président français multiplie les déplacements de campagne. Il parle encore ruralité dans la région Centre, pour soutenir le candidat UMP Hervé Novelli. Alors que la Grèce vacille pour cause de surendettement, la Cour des Comptes livre son rapport sur les déficits français en 2009 : les niches fiscales, à l'efficacité discutable, représentent quelques 146 milliards d’euros de manque à gagner pour l’Etat chaque année. La Cour livre plusieurs exemples, comme la défiscalisation des services à la personne mise en place en 2005 par un certain Jean-Louis Borloo. Face à la Grèce, Nicolas Sarkozy joue sa partition préférée : donner des leçons et se poser en sauveur. La Grèce affiche des déficits records, avec un trou budgétaire de plus de 12% de son PIB. En France, on en est qu'à 8% du PIB. Mercredi, Nicolas Sarkozy reçoit le premier ministre grec, avant un conseil européen « informel » le lendemain. Les Etats membres de l’UE acceptent de venir en aide à leur voisin grec … en principe : aucune mesure concrète n’a été adoptée pour l'instant. A l'Assemblée,  les députés étudient la fameuse loi LOPPSI II, sur la sécurité intérieure : espionnage des communications en ligne, libération des possibilités de fichage, couvre-feu contre les mineurs de moins de 13 ans, sous-traitance à des entreprises privées de la rétention des sans-papier, etc... Mais comment appliquer cette loi avec une quinzaine de milliers de policiers et gendarmes en moins depuis 2002 ?
146ème semaine : comment Sarkozy cache la réalité sous le tapis
Le Monarque adore répéter qu'il affronte les problèmes du pays. Cette semaine justement, il a « caché sous le tapis » nombre de sujets du moment. Retraites, insécurité ou précarité, le gouvernement Sarkozy évite les sujets. Il lutte comme il peut pour imposer « son » agenda, électoral avant tout. Il préfère parler dépendance, plutôt que de se dévoiler sur les retraites ; il fait une visite éclair à Haïti pour lâcher 326 millions d'euros d'aide, dont moins d'un tiers de la somme est vraiment nouvelle. Il organise un débat sur la violence à l’école plutôt que d’assumer la réduction des postes dans la Fonction Publique. Il demande un recensement des situations de chômeurs en fin de droits, plutôt que de proposer des solutions. Il brandit une liste des paradis fiscaux, et, ô surprise, ils ont quasiment tous disparu. Et il publie une publicité contestable en faveur du Grand Emprunt quand le Parlement étudie le dossier.
147ème semaine : la monarchie en place
Le président français tient à montrer, une nouvelle fois, qu'il incarne la régulation. Après les banques (l'été dernier), l'automobile (en janvier), voici au tour des dirigeants de Total de se voir convoqués à l'Elysée à cause d'un conflit social dans leur entreprise. Total, multinationale multi-profitable, voulait fermer une usine de raffinage à Dunkerque. L'Elysée lui avait secrètement demandé d'attendre l'issue des élections régionales pour l'annoncer. Mais les syndicats ont levé le lièvre. Patatras ! Il faut faire semblant de gronder le méchant patron ! Sarkozy multiplie aussi les nominations, au gré de son bon vouloir : il choisit ainsi le socialiste Didier Migaud pour présider la Cour des Comptes, et Michel Charasse, pour le conseil constitutionnel. C'est la «relance de l'ouverture». Mercredi, l'Elysée se félicite d'une commande d'un paquebot de croisière au constructeur STX. «La commande de ce nouveau paquebot fournira 5 millions d'heures de travail à STX France. » Dix mois plus tard, l'Elysée utilisera le même chiffre, 5 millions d'heures, pour quantifier la commande de 2 navires de guerre par la Russie... Sarkozy s'échappe enfin au Gabon, pour remercier le président Ali, fils d'Omar, de sa fidélité. En France, l'UMP dérape dans la campagne des régionales. Avec la complicité de la police, deux élus franciliens exhibent des extraits de fichier STIC contre le candidat socialiste Ali Soumaré.
148ème semaine : la poule mouillée du Salon de l'Agriculture
Il fallait faire oublier son absence remarquée au Salon de l'Agriculture. Les élections régionales approchent. Les sondages restent mauvais. Nicolas Sarkozy met les bouchées doubles pour soutenir « ses » listes UMP. Il reçoit Valérie Pécresse et son équipe de campagne. Avec Carla Bruni, il se rend aussi en Picardie, une région que la droite espère arracher à la gauche. Lundi, pour l'installation de Charasse au Conseil constitutionnel, il explique aux Sages que « la notion de contre-pouvoir est étrangère à notre conception de l'Etat et de la République ». Puis il s'est précipité dans l'Ouest de la France. Malgré les alertes préalables, la tempête Xynthia a ravagé les côtes et tué 53 personnes. En avril 2009, il demandait de « rendre constructible les zones inondables pour des bâtiments adaptés à l’environnement et au risque ». Mardi soir, il organise un dîner de gala en l'honneur de son ami Medvedev, le président russe. Carla Bruni s'affiche en robe sans soutien-gorge et la chanteuse Mylène Farmer se casse un orteil en trébuchant sur le tapis rouge. Jeudi, Sarkozy balance 22 annonces pour sauver l'industrie française, aussitôt oubliées. Laurent Wauquiez, son secrétaire à l'emploi, est à la peine pour expliquer pourquoi les cessations d'inscriptions à pôle emploi pour « défaut d'actualisation » ont bondi de 20% chaque mois depuis l'automne. Samedi, Sarkozy vient enfin au Salon de l'Agriculture, mais avant son ouverture au public. Poule mouillée ?
149ème semaine : le piège régional
L'UMP a raté sa campagne régionale. Sarkozy a cru un temps pouvoir crier au loup, en agitant ses trois thèmes favoris fiscalité, insécurité et immigration. En vain. Son impopularité a nationalisé le scrutin davantage qu’il ne le souhaitait. Le voici qui annonce au Figaro Magazine, le 12 mars, une pause dans ses réformes, pour le second semestre 2011. Ensuite il confirmera qu’il est bien candidat, et le Parlement aura quelques mois pour digérer la diarrhée législative du Monarque. Pour l’année 2010, le président français promet déjà peu, avec quelques « mesures importantes » sur l’identité nationale, en avril, puis, surtout, la réforme des retraites en septembre prochain. Un gros tiers des enseignants font grève. Une cinquantaine de familles portent plainte contre l'Etat pour non-remplacement de professeurs absents.
150ème semaine : Sarkozy est-il cynique ou incompétent ?
Tous à droite sont sonnés par l'ampleur du désaveu électoral infligé à l'UMP au premier tour de scrutin. Tous, sauf un. Nicolas Sarkozy, dans son palais de l'Elysée, nie l'évidence. Il prépare les « éléments de langage ». Il demande qu'on s'adresse aux abstentionnistes de droite, aux électeurs frontistes et aux plus centristes des écolos. Qu'importe le grand écart. Nicolas a l'habitude. Les conseillers présidentiels expliquent ainsi que « L’UMP est en tête dans neuf régions, contre six en 2004 », que le Front National a recueilli moins de voix qu'en 2004, que « le Modem a disparu ». Les zélotes UMPistes fustigent les tractations entre écolos et socialistes. Sarkozy exhorte son gouvernement à se « battre jusqu'au bout ». Sarkozy s'est bunkerisé. Tous les ministres filent aussitôt en campagne participer à des meetings de la dernière chance. Fillon et Sarkozy en sont réduits à récupérer l’assassinat d’un policier français par un terroriste de l’ETA, quite à tout mélanger. Dimanche, on vote.
151ème semaine : Sarkozy ne pense plus qu'à sa réélection en 2012
Mardi, François Fillon reconnaît : « nous avons subi une défaite électorale. » Nicolas Sarkozy n'aurait jamais prononcé un tel aveu. Trop fier, trop sanguin, trop narcissique. Le Monarque ne parle pas. Depuis dimanche, il agit, pour son camp, c'est-à-dire pour lui-même. Il faut reconnaître la victoire de la gauche, accuser la crise, mais il ne changera pas de politique. Le soir même, les perroquets de Sarkofrance répètent les messages présidentiels. Dès lundi, Sarkozy s'affronte avec Fillon, qui souhaite un large remaniement. Sarkozy veut consolider sa base, et couper l'herbe sous le pied à Dominique de Villepin. Il vire Xavier Darcos, promeut Eric Woerth à sa place au ministère du travail, et fait entrer les deux chiraquiens : François Baroin prend le Budget, lui qui n'aimait pas le bouclier fiscal. George Tron arrive à la Fonction Publique. Woerth, avant de quitter le Budget, a signé la vente d'un hippodrome à Compiègne.
Mardi, les députés UMP se lâchent dans une séance de psychothérapie de groupe à huis-clos relayée via Twitter. Sarkozy n'est plus infaillible. Fillon leur promet la fin de l'ouverture et l'abandon définitif de la taxe carbone. Mercredi, Nicolas Sarkozy parle une grosse dizaine de minutes devant les caméras, en pleine matinée. Il fait semblant d'avoir le courage de s'adresser aux Français. Il reconnaît le signal national, mais répète que les impôts n'augmenteront pas. Il confirme sa réforme de l'année, celle des retraites.
152ème semaine : Sarkozy va-t-il survivre au sarkozyme ?
La question est posée. Cette semaine, le Monarque s’échappe aux Etats-Unis pour retrouver un peu de stature présidentielle auprès de son homologue américain. Il avait lourdement insisté pour avoir son dîner à la Maison Blanche. Pour habiller l'évènement, il se rend avec une trentaine d'heures d'avance à New York, pour flâner avec son épouse, l'embrasser devant les caméras, et discourir une vingtaine de minutes à l'université de Columbia comme s'il s'agissait de l'enceinte de l'ONU. En France, le camp majoritaire casse un peu plus les dogmes sarkozyens. Après la lutte contre l’insécurité (son « ADN » électoral), la revalorisation du travail, la réforme pénale, la défense de l’environnement, voici le bouclier fiscal qui a été sérieusement attaqué. Pour 2010, François Baroin laisse entendre sur Europe1 qu'il grimpera de 20%. Des centristes fustigent même la défiscalisation des heures supplémentaires (3 milliards d'euros de charge annuelle pour un effet destructeur sur l'emploi) et des intérêts d'emprunt immobilier (1,5 milliards d'euros, tout aussi contre-productifs).
153ème semaine : Sarko, faux président, vrai fébrile.
Jeudi, Sarkozy se recueille au Mémorial du plateau des Glières en Haute Savoie, haut lieu de la résistance française pendant la guerre. Il fallait une photo du Monarque solitaire et inspiré, de noir vêtu, marchant vers le Mémorial. Il est « optimiste dans la tourmente », relate le Figaro. En coulisses, il a complètement pété les plombs. Une sale rumeur prête au couple présidentielle des infidélités conjugales réciproques. Le président envoie ses proches et les services secrets à l’assaut des auteurs. On cible Rachida Dati. Cette dernière se défend sur RTL. Carla Bruni intervient à son tour, mais sur Europe1, pour calmer la polémique. Mercredi et jeudi, Luc Chatel organise ses « états généraux sur la violence à l’école ». Il promet un diagnostic des établissements pour installer davantage de video-surveillance et ... 500 postes en renfort seulement. Côté crèches, un décret prévoit d’assouplir les règles d’encadrement des enfants, en autorisant les dépassements du taux d’occupation des crèches à hauteur de 20%. Il n'y a pas de petites économies... Au Parlement, même les élus UMP attaquent à nouveau le paquet fiscal. Fillon concède qu'il rabotera les niches fiscales dans son prochain budget. Dans un rapport, la Cour des Comptes les chiffrait à 146 milliards d'euros en 2008. Pour 2009, la Cour accuse Sarkozy d'avoir plombé de 6 milliards d'euros d'exonérations fiscales supplémentaires le budget de l'Etat, soit 0,3 points de PIB.
154ème semaine : Le faux Sarko nouveau est arrivé
Il est calme, surtout quand il parle du clapotis des rumeurs à une journaliste américaine à Washington. Il est à l'écoute, surtout quand il réalise que ses décisions sur les zones déclarées inconstructibles en Charente Maritime sont débiles. Il drague à droite, quand il promet aux médecins généralistes que leur consultation passerait à 23 euros. Il est même compatissant, quand il s'agit des chômeurs en fin de droits, en visite dans une agence de pôle emploi du Val d'Oise, à Gonesse. Il concède 705 millions d'euros pour les fameux 360 000 chômeurs en fin de droits et de ressources. Le Nouveau Sarko est arrivé. Vraiment ? Mercredi, le Conseil d'Orientation des Retraites livrait ses prévisions alarmistes sur «l'actualisation des perspectives à long terme du système de retraite». On parle de « 2600 milliards d’euros pour sauver les retraites d’ici 2050 ». Le nouveau ministre du Travail Eric Woerth réaffirme que le gouvernement est prêt à tout ... sauf à augmenter les prélèvements.
155ème semaine : Sarko fait le malin.
Un volcan a arrêté la mondialisation, mais Nicolas Sarkozy ne commente pas. Il laisse Borloo se dépêtrer avec les blocages d'aéroport. Il préfère ressortir sa panoplie de shérif des banlieues, à Bobigny, et agiter la majorité silencieuse d'une nouvelle polémique sur la Burqa et l'Islam. Mardi à Bobigny, il installe le nouveau préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert. Sarkozy promet la suspension systématique des allocations familiales, la mise en internats forcée, des interventions policières « sans restriction » dans les halls d’immeubles, et même des mesures... déjà en place, comme la radio-localisation des bus. Brice Hortefeux se félicite du bilan de la lutte contre la délinquance au premier trimestre 2010. Pourtant, les violences contre les personnes ont encore progressé. Jeudi 22 avril, Sarkozy file à Chambéry, pour le 150ème anniversaire du rattachement de la Savoie à la France. Un jeune homme, goguenard, s’essuie la main à son passage : « Fais pas le malin, toi » s'agace Sarkozy.
156ème semaine : Sarkozy et la stratégie du touriste.
Semaine après semaine, la stratégie présidentielle pour la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012 se dessine : prendre du recul à l’étranger pour mieux rebondir fin 2011 sur une campagne que l’on pressent « sociale ». Depuis janvier, Nicolas Sarkozy a en effet surpris par la modestie de son programme politique pour l’année. D’ordinaire très boulimique en promesses, le Monarque s’était réfugié derrière un objectif central, la réforme des retraites. Il doit se présidentialiser pour éviter les éclaboussures d’une gestion quotidienne qui se révèle inefficace et calamiteuse. C'est la stratégie du touriste : visiter souvent, commenter toujours, ne jamais agir, ne pas se mouiller. Bref, être candidat. Cette semaine, il s'est ainsi envolé pour la Chine alors que la Grèce s'écroule. En Europe, les ministres des Finances de l'Union ont été contraints à trouver un accord, 100 milliards d’euros sur 3 ans, afin que la Grèce honore ses échéances de remboursement. En France, Besson et Hortefeux se disputent de savoir si le mari d'une conductrice en niqab, suspecté de polygamie, peut être légalement déchu de sa nationalité française.
157ème semaine : la rigueur pour les pauvres
Les bougies ne sont pas là. Tout juste un petit livret d'autodéfense du bilan des 3 ans de Sarkozy à l'Elysée est-il envoyé aux médias et aux élus. Crise européenne oblige, Sarkozy promet avec Merkel une plus grande surveillance budgétaire des Etats. Le collaborateur Fillon a dû avouer ses mesures de rigueur, 100 milliards d'euros d'ici trois ans, pour ramener le déficit budgétaire de 8,2% du PIB en 2010 (contre 7,9% pour la zone euro), à 3% en 2013. Mais qu'on se rassure, en France comme en Europe, ni les riches, ni les traders ne sont concernés. Pour calmer les agences de notation, on accélère la réforme des retraites. Pour calmer quelques amis, on accélère la légalisation des paris en ligne. La coupe du monde de football approche.
158ème semaine : le jour où Sarkozy a cru avoir sauvé sa cote
Il avait été vexé, notre président, d'avoir été accusé de tourisme diplomatique il y a 15 jours. Il n'avait alors pas interrompu son voyage en Chine alors que l'Europe boursière sombrait dans la dépression. Il retrouve son rôle de sauveur, mais toujours pas celui de président. Lundi 10 mai, son gouvernement se félicite, sur toutes les ondes, de l'accord historique trouvé la veille par les dirigeants européens : 750 milliards d'euros pour sauver la monnaie unique, dont 440 milliards de garanties bancaires des Etats. Pompiers pyromanes, les Etats ont ainsi engagé 8% du PIB en nouvelles dettes et garanties bancaires. Sarkozy, lui, tient un sommet social. Il a annoncé la fin prochaine de la plupart des dispositifs d'aides sociales exceptionnelles décidés début 2009. La reprise est là, nous assure-t-il. Mardi, il promet à des élus UMP qu'il remaniera le gouvernement ... en octobre. L'annonce créé le trouble. Dès mercredi 12, il file en weekend prolongé, pont de l'Ascension oblige. Les Bourses, elles, replongent. On annonce une timide croissance du PIB au premier trimestre, +0,1% versus +0,5% au trimestre précédent.
159ème semaine : Sarkozy ou la guerre des classes
Il parlera fracture sociale, mais plus tard, quand il faudra convaincre les masses populaires de voter une nouvelle fois pour lui. Pour l'instant, il a le FMI et la Commission européenne sur le dos qui s'inquiètent de ses déficits. Sarkozy doit trouver 100 milliards d'euros à économiser dans les 3 ans. Augmenter les impôts ? Surtout pas. Il aimerait bien gonfler la TVA, en lui donnant un vernis social ou écolo: elle frappe tout le monde et rapporte gros. Mais cela raviverait le débat sur la rente et du capital. Trop dangereux. Il a été élu par le peuple mais pour les rentiers et quelques grands patrons. Pas question de trahir ce pacte. Dimanche, Eric Woerth dévoile 14 engagements du gouvernement sur la réforme des retraites : pensions garanties, allongement de la durée de cotisation, recul de l’âge d’ouverture des droits à retraite; alignement public/privé, et pénibilité individuelle. Jeudi 20 mai, Sarkozy complète avec la réduction des dépenses de fonctionnement de l'Etat, des aides et prestations sociales de 10% en trois ans, de nouvelles suppressions de postes dans la Fonction Publique, et le gel des dotations aux collectivités locales. Le Monarque se rend encore dans une exploitation agricole, un producteur de fraises du Lot-et-Garonne. Il y a un tracteur en décor derrière lui quand il parle.
160ème semaine : comment Sarko a endormi les Français sur les retraites
Nicolas Sarkozy a-t-il réussi son coup ? Grâce à une communication hypocrite, un faux débat, des chiffres truqués, et une bonne dose de mauvaise foi, le Monarque évite des manifestations massives sur les retraites jeudi 27 mai. Les rentiers seront heureux. Sarkozy a joué son rôle, celui d'un président de classe qui protège leurs intérêts. En coulisses, des conseillers, Raymond Soubie en tête, briefent quelques journaux sur l'état des réflexions gouvernementales, pendant qu'Eric Woerth assure, la main sur le coeur, que la concertation se poursuit. Le gouvernement réfléchirait à un modeste prélèvement sur les revenus des plus fortunés et du capital. A Beauvais, Sarkozy, devant des militants UMP, fustige la retraite à 60 ans et François Mitterrand. A Paris, François Fillon explique qu'on n'a plus d'argent pour la politique de la ville, et qu'il faut attendre la réforme des collectivités territoriales. Fadela Amara ne sert à rien. C'est désormais officiel. Le cap des 4,5 millions de chômeurs est franchi. François Baroin (Budget) et Roselyne Bachelot (Santé) s'inquiètent du dérapage des dépenses de santé (600 millions). Un député socialiste s'inquiète du dérapage des dépenses ... de l'Elysée.
161ème semaine : pourquoi Sarkozy est rétrograde
L'image d'un président ouvert, moderne et protecteur en prend un coup. A Nice, Sarkozy accueille une trentaine de chefs d'Etat africains, sans un mot sur la démocratie ni les détournements de fonds publics internationaux. Du bout des lèvres, il condamne l'assaut meurtrier des forces israéliennes contre une flottille de bateaux humanitaires en route pour Gaza. A Paris, son gouvernement dévoile la répartition des 3471 futurs conseillers territoriaux qui remplaceront les actuels conseillers généraux et régionaux. Comme par hasard, les territoires classés à droite auront davantage de conseillers que ceux de gauche. Quelques mois plus tard, le Conseil constitutionnel invalidera ce tripatouillage. Avec 18 mois de retard, la DARES publie un bilan sur la défiscalisation des heures supplémentaires en 2007/2008 et le rachat des congés. On comprend pourquoi le rapport est resté caché : on y lit qu'on ne travaille pas plus depuis l'entrée en vigueur de TEPA, crise ou pas. Mediapart révèle que Sarkozy est cité dans un rapport de la police judiciaire luxembourgeoise, daté du 19 janvier 2010. Cette dernière l'accuse, quand il était ministre du budget, d'avoir supervisé la création d’une société offshore, baptisée HEINE, pour y faire transiter les commissions et rétro-commissions dans le cadre d'un contrat de vente de sous-marins au Pakistan en 1994.
162ème semaine : la semaine exemplaire d'une République bananière
Lundi 7 juin, Angela pose un lapin à Nicolas. Elle en a marre de ces gesticulations qui ne débouchent sur rien. Elle veut un contrôle plus fort du budget des États défaillants, mais Sarkozy préfère les paroles et les forums, et propose de doter la zone euro d'un secrétariat permanent et d'une présidence qu'il se verrait bien assumer. Mardi, Nicolas s'inquiète de la reprise du quotidien le Monde. Le Parisien  révèle que Sarkozy correspondait avec le directeur de la fameuse société HEINE. Mercredi, Éric Woerth susurre que la réforme des retraites sera dévoilée le 15 juin. Jeudi, Christine Boutin abandonne ses 9 500 euros pour une mission de complaisance. Une autre Christine (Lagarde) fait échouer un amendement anti-spéculation à l'Assemblée. Vendredi 11 juin, la Coupe du Monde de Football débute enfin. Ouf ! On va pouvoir penser à autre chose...
163ème semaine : Sarkozy se couche et se cache.
Cette semaine est l'une des plus noires de l'année. Mercredi 16 juin, Eric Woerth livre enfin le projet gouvernemental de réforme des retraites. Nicolas Sarkozy n'est pas là. Il préfère recevoir quelques journalistes pour faire un peu de pédagogie et jouer l'affligé d'avoir fait le sale boulot. Le gouvernement va donc reculer de 2 ans l'âge de départ à la retraite (60 à 62 ans), comme celui de la retraite à taux plein (de 65 à 67 ans), et rallonger la durée de cotisations (41,5 années). Les travailleurs précoces (16, 17 ou 18 ans) devront toujours cotiser 44 ans. Ceux affectés par un travail pénible devront prouver leur invalidité physique, d'au moins 20%, pour justifier un départ à 60 ans. Les fonctionnaires perdront 3 points de pouvoir d'achat, avec l'alignement de leur cotisation sur le régime privé. Les ménages aisés paieront un peu, pour le symbole, un petit point supplémentaire d'impôt sur le revenu sur la tranche supérieure, hors bouclier fiscal. Certains revenus du capital seront modestement taxés : un petit coup sur les retraites-chapeaux (110 millions d'euros), un autre sur les stock-options (70 millions d'euros). Les entreprises perdront 2 milliards d'euros d'allègement de charges patronales. Au final, la réforme n'atteint même pas l'équilibre. Quelques 15,6 milliards d'euros annuels seront toujours manquants d'ici 2020.
Le jour même, Mediapart révèle quelques extraits d'enregistrements pirates de conversation entre Mme Liliane Bettencourt, milliardaire actionnaire principale de l'Oréal, et son gestionnaire de fortune Patrice de Maistre. Ce dernier fait état de donations à Sarkozy et Woerth, de l'embauche imposée de l'épouse du ministre quand il était au Budget, de l'attention particulière accordée par Sarkozy, via son conseiller Patrick Ouart, au litige l'opposant à sa fille sur son héritage, et même, ô sacrilège, de certains placements que d'aucuns qualifieraient d'évasion fiscale dont aurait eu connaissance Eric Woerth ministre du budget. Le « Woerthgate » démarre.
La même semaine, on apprend d'autres affaires tout aussi symboliques d'une Sarkofrance sans gêne: un ministre, Christian Blanc, abuse de cigares aux frais de l'Etat, un autre, Joyandet, se trouve épinglé pour un permis de construire douteux. Mieux, le 18 juin, un avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi en mai 2002 affirme que le juge Trévidic, l'un des deux chargés de l'enquête, a confirmé l'existence de rétro-commissions illicites dans le cadre de la vente des sous-marins français au Pakistan en septembre 1994.
164ème semaine : privilèges, mépris et indifférence
On reconnaît un chef d'Etat à son sens des priorités. Nicolas Sarkozy n'en a aucun. A moins qu'il ne s'agisse d'une volonté délibérée de préférer le football aux retraites, de visiter les banlieues en pleine nuit et sans caméra, de critiquer les constructions en zones dangereuses après avoir demander la dérégulation de l'urbanisme. Le gouvernement se fait discret sur le rejet sine die d'un projet de taxe carbone au sein de l'Union européenne. Mardi, puis jeudi, le président français annule deux rendez-vous prévus de longue date pour cause de ... football. Sarkozy préférait se consacrer aux piètres performances des Bleus et à une rencontre avec Thierry Henry, le jour même d'une journée de contestation sociale. Mercredi, Nicolas Sarkozy se rend en catimini en Seine-Saint-Denis. Sans prévenir, sans journalistes, il visite Tremblay-en-France, bousculée par des caillassages et incendies de bus voici trois mois. Il réussit à se faire insulter par un jeune. De son côté, Eric Woerth tente de déminer l'affaire qui l'emporte. On apprend qu'il a décoré lui-même Patrice de Maistre d'une légion d'honneur en 2009, alors qu'il disait ne pas le connaître. On se rappelle que, trésorier de l'UMP, il allait en Suisse, en 2007, récolter quelques fonds auprès de sympathisants UMP expatriés. Le comité suisse de soutien à Nicolas Sarkozy comptait environ 150 000 supporteurs avant l'élection présidentielle. Vendredi, la France médiatique s'inquiète du licenciement des humoristes Stéphane Guillon et Didier Porte sur France Inter.
165ème semaine : le WoerthGate est un Sarkogate
Fillon demande aux ministres de faire front. Mais l'avalanche de révélations quotidiennes ne ralentit pas. Eric Woerth est devenu la nouvelle icône des relations troubles entre la Sarkofrance et les forces de l'argent. Les coulisses de la mandature Sarkozy se dévoilent jour après jour. Le ministre se défend de toute illégalité, clame qu'il n'a jamais été informé personnellement du profil fiscal de Mme Bettencourt. Sarkozy, lui, riposte avec quelques annonces de rigueur, pour corriger l'image désastreuse donnée par quelques ministres pris la main dans le pot de confiture des privilèges d'Etat. Mercredi 30 juin, François Baroin détaille un plan de cure sur les services publics (informatisation généralisée, centralisation des achats, regroupement des services, fusion des directions et des corps, et ... réduction de 100 000 postes dans la fonction publique et chez les opérateurs  de l'Etat). Rien n'y fait. Mediapart révèle le jour même que Mme Bettencourt n'aurait fait l'objet d'aucun contrôle fiscal depuis 15 ans, que Woerth a dîné avec elle en janvier 2008, et que la milliardaire disposerait de deux comptes suisses non déclarés pour quelque 81 millions d'euros. Baroin promet un rapport de l'IGF.
166ème semaine : les 7 jours qui ébranlèrent Sarkozy
A force d'annonces officieuses et de démentis officiels, Sarkozy était parvenu à faire présenter sa réforme des retraites sans trop de secousses. Il avait même prévu deux ou trois épouvantails sur lesquels il pouvait très vite revenir, comme la prise en compte de la pénibilité ou la réduction des pensions des retraitées de la fonction publique avec 3 enfants. C'était sans compter un majordome et une comptable, des enregistrements de conversations et des enveloppes. L'affaire Woerth-Bettencourt, devenu véritable Sarkogate et malaise d'Etat, aggravée par une cascade de révélations sur les petits abus de privilèges de sous-ministres marginaux, est venue bouleverser son agenda. Cette semaine est l'une des plus secouées de son mandat. Elle débute par la démission surprise d'Alain Joyandet (Coopération). Sarkozy en profite pour virer Christian Blanc, amateur de cigares gratuits. Mardi 6 juillet, l'Elysée tremble. Mediapart publiait un témoignage de l'ancienne comptable de Mme Bettencourt, Claire T. qui accuse de Maistre de lui avoir demandé 150 000 euros en liquide pour financer la campagne électorale de Sarkozy. Les suppôts du président se déchainent sur toutes les ondes contre Mediapart: «fasciste», «populiste», «ragots», «cabale», les chiens, et leurs mots, sont lâchés. En visite dans un hôpital de banlieue, Sarkozy joue au dédain, tétanisé. Jeudi 8 juillet, Mediapart publie l'intégralité de l'interrogatoire de Claire T.. Elle mouille d'autres politiques. Elle est confrontée, trois heures durant, à Patrice de Maistre qui, lui, dément. Le gouvernement refuse toujours de confier l'affaire à un juge. Il se réfugie derrière les enquêtes que Philippe Courroye, procureur et ami du Président. Vendredi 9 juillet, l'ancienne secrétaire d'André Bettencourt confirme les affirmations de la comptable. sur l’argent versé à des politiques. L'hebdomadaire Marianne, carnets de caisse à l'appui, révèle que les retraits en liquide ont été fréquents et élevés dans les 4 mois précédent le scrutin présidentiel.
167ème semaine : la République reprochable de Nicolas Sarkozy
Empêtré dans ses affaires, Sarkozy s'est résolu à parler à la télévision lundi 12 juillet. Il a pris son air indigné et grave, et une posture faussement pédagogique. Les cheveux laissés grisonnant dans un décor de palais, il égrène ses arguments sans comprendre les raisons profondes de ses difficultés. Il s'agace même de la «détestation» de l'argent qu'il constate dans l'opinion. Il reconnait tout juste que le conflit d'intérêt est un problème. La veille, le directeur de l'Inspection Générale des Finances, nommé par Woerth, publie le rapport demandé par Baroin : il existe bien, directement rattaché à Eric Woerth, une « équipe dédiée au traitement des situations fiscales individuelles » particulière. Et elle a même traité plus de 6000 dossiers individuels pendant les deux ans où Eric Woerth en était le patron. La situation fiscale de Mme Bettencourt méritait bien un contrôle qui n'a pas eu lieu.
On découvre également que Sarkozy et divers ténors de la majorité ont chacun leur micro-parti, un habile moyen de contourner le plafonnement des dotations au personnel politique. La Cour des Comptes rend son troisième rapport sur les dépenses de l'Elysée. Sarkozy paye enfin directement ses dépenses privées, mais ses déplacements et frais de communication s'envolent : 5 millions d'euros engloutis pour 56 déplacements en province en 2009...
Vendredi 16 juillet, un jeune gitan est tué par des gendarmes à un barrage. Le lendemain, la gendarmerie locale, à Saint-Aignan, est vandalisée.
168ème semaine : comment Sarko veut faire oublier Bettencourt
Nicolas Sarkozy s'est octroyé un très long weekend de repos. Au Cap Nègre, il fait du vélo puis se montre souriant à une étape du Tour de France. Jeudi, la commission des affaires sociales de l'Assemblée adopte la réforme des retraites, sans grande modification. Eric Woerth fixe au 7 septembre, l'adoption du projet par les députés. L'image la plus marquante est ce cliché d'un Sarkozy en position de boxeur, debout sur son estrade, dominant d'une tête des ouvriers casqués sur un chantier naval de Saint-Nazaire le 23 juillet, et qui parle pénibilité et reconquête industrielle. On oubliait presque les dîners au Fouquet's, les réunions du Premier Cercle au Bristol, les enveloppes de billets en papier kraft révélées dans l'affaire Bettencourt, le pantouflage des conseillers, ou plus généralement les relations troubles avec le monde de l'argent. A Paris, Claude Guéant fait pression sur la justice en affirmant une nouvelle fois que le ministre Woerth n'a rien à se reprocher. Florence épouse d'Eric est entendue par la police. Selon le Canard Enchaîné, Liliane Bettencourt aurait en fait touché 100 millions d'euros en 4 ans au titre des remboursements du bouclier fiscal. Selon Marianne, la banque Dexia a refusé un retrait anormal de 500 000 euros en liquide à Liliane Bettencourt, quatre mois avant le premier tour de l'élection présidentielle.
169ème semaine: Sarkozy choisit l'outrance pour rebondir
Lundi 26 juillet, Sarkozy confirme le décès de Michel Germaneau, il dénonce une exécution « programmée ». Quatre auparavant, une intervention militaire franco-malienne a échoué. Sarkozy fait comme si l'affaire Woerth n'existait plus. Mardi 27, il dévoile la réorganisation de la filière nucléaire française, sans grands changements. Mercredi 28, il tient une détestable réunion sur les gens du voyage et les Roms après les actes de vandalisme à Saint-Aignan. Vendredi 30 juillet, clou du spectacle, le couple infernal immigration-insécurité est ressorti à l'occasion d'un funeste discours à Grenoble, où de violents affrontements entre policiers et truands avaient marqué les esprits. Extension des peines plancher «à toutes les formes de violences aggravées», du bracelet électronique aux criminels multi-récidivistes «pendant quelques années après l'exécution de leur peine», création d'une peine incompressible de 30 ans pour tout assassin de policier ou de gendarme, déchéance de nationalité française pour toute «personne d'origine étrangère» en cas d'atteinte volontaire à la vie d'un policier ou d'un gendarme, et même réévaluation des droits et «prestations auxquels ont aujourd'hui accès les étrangers en situation irrégulière». Tout y est, ou presque. Sarkozy était omnibulé par sa propresurvie et la crainte de voir emporter l'oeuvre d'une vie, son mandat, par d'obscures révélations sur ses trafics de financement politique. A Paris, on commence enfin à s'interroger sur l'évasion fiscale de «l'ami Guy» Wildenstein, fondateur de l'UMP et donateur très actif. Le Karachigate n'a pas finit de livrer ses secrets. Et l'affaire Bettencourt se poursuit. Eric Woerth est auditionné par la police. A l'Elysée, on voudrait croire que les Français s'en fichent.
170ème semaine : la diversion ratée de Nicolas Sarkozy
Sarkozy est de retour au Cap Nègre, avec épouse, vélo offert par Martine Aubry, et lectures de vacances. Après son discours de Grenoble, quelques proches en rajoutent : le député Ciotti promet une peine de prison ferme pour les parents d'enfants délinquants qui ne suivraient pas le parcours probatoire. Brice Hortefeux veut étendre la déchéance de nationalité à des cas d'excision ou de polygamie. Il convie les médias à nouveau à Grenoble pour couvrir des interpellations. Le Figaro explique que ce vomi sécuritaire était préparé de longue date. A l'étranger, la presse internationale s'inquiète. Le New York Times traite Sarkozy de xénophobe.
Eric Woerth aurait fait cadeau de 27 millions d'euros d'impôts et pénalités à l'exécuteur testamentaire du sculpteur Cesar, par ailleurs fidèle donateur de l'UMP. On s'interroge aussi sur deux de ses proches : son directeur de cabinet Sébastien Proto fréquente assidûment Antoine Arnault, beau-fils de Patrice de Maistre ; Eric de Sérigny, gestionnaire de fortune, administrateur d'une société d'Albert Frère, figure comme conseiller bénévole auprès du ministre.
171ème semaine : comment Sarkozy s'est fait chiper son piège.
Le « piège sécuritaire » prend mal. L'ONU puis le Conseil de l'Europe critiquent le climat xénophobe franco-français. Brice Hortefeux se montre partout (Perpignan, Bobigny, Auvergne, Lyon, Puy-de-Dôme. A chaque fois, il affiche la mine sérieuse et grave, félicite les forces de l'ordre, menace les voyous et exhibe des chiffres ridicules  : 65 voitures rapides par ci, 12 hélicoptères dotés de caméras thermiques par là... L'hebdomadaire Marianne fait sa couverture sur le Voyou de la République. Les proches du chef de Sarkofrance s'indignent. Dans la torpeur de l'été, le ministère du Travail a rendu public le bilan de l'emploi en 2009, réalisé par la DARES. En additionnant les chômeurs enregistrés (4,4 millions de personnes), les temps partiels contraints (1,1 million), et les chômeurs cachés (850 000), plus de 6,3 millions de Français sont sous-employés.
172ème semaine : du coup d'éclat au coup dans l'eau.
Depuis le fameux discours de Grenoble, les proches de Sarkozy se frottaient les mains : la polémique sécuritaire lancée par leur patron semblait leur garantir un été médiatiquement occupé sur un terrain propice, la chasse au Roms, la préparation de deux nouvelles lois, l'une sur l'immigration l'autre sur la sécurité intérieure, rapidement complétée par un volet sur la déchéance de nationalité. De surenchère en polémique, Nicolas Sarkozy semblait avoir repris la main, sondage à l'appui. Mais patatras ! Les excès de zèle d'un Christian Estrosi, les comparaisons de la presse étrangère avec les rafles de Vichy, un contre-sondage commandé par Marianne, les critiques internationales contre les expulsions de Roms ... ont transformé le coup d'éclat en coup dans l'eau. On semble revenus aux pires moments du débat sur l'identité nationale. Et l'économie, avec la menace d'une agence de notation, s'invite dans le débat en fin de semaine. Le 20 août, Sarkozy organise une réunion avec Fillon, Baroin et Lagarde en urgence à Brégançon. Une agence de notation menace de dégrader le Triple A français...
173ème semaine : un président déséquilibré, agacé, et mauvais joueur.
Il s'est rasé, a remis son costume de rigueur et ses chaussures de ville. Après 20 jours de vacances et de communiqués célébrant les victoires sportives de certains athlètes français, Nicolas Sarkozy est revenu secoué par une cascade de critiques. Sa bombe sécuritaire estivale a divisé son camp ; à l'étranger, la France indigne autant qu'elle inquiète. Les « affaires » qu'il croyait oubliées, ont refait surface; l'agenda social et économique reste chaud. Lundi, le syndicat UNEF révèle que le coût de la vie étudiante augmentera de 4,3% en cette rentrée. Mardi 24 août, son ministre Luc Chatel justifie le retard à l'impression des manuels de seconde. Le soir même, Fillon organise une réunion sur les Roms, et demande que cesse les surenchères. Mercredi 25, la police trouve le dossier de Légion d'Honneur de Patrice de Maistre. Woerth avait raison. Il n'y est pour rien. C'est Sarkozy, via son conseiller Laurent Solly, qui est à l'origine de la demande. Jeudi, Sarkozy refuse à Baroin la suppression du cumul de l'avantage fiscal de la demi-part supplémentaire et le versement d'aides au logement aux étudiants (APL ou ASL). Vendredi, Brice Hortefeux propose d'inventer un « délit de polygamie de fait, escroquerie, abus de faiblesse ». Vendredi, Sarkozy part rencontrer quelques brebis dans les Alpes-Haute-de-Provence.
174ème semaine : entre mépris et abattement.
Lundi 30, Nicolas Sarkozy reçoit des policiers agressés. Quelques grands absents du débat sécuritaire s'expriment. Morin fustige, Kouchner se confesse, Amara a « mal au coeur. » Fillon se démarque, et s'affiche comme un recours. Le remaniement approche. A l'Elysée, on apprécie peu. Heureusement, Hortefeux et Besson sont là. Ils ont fait le point de leur chasse aux Roms. Brice exhibe de curieuses statistiques inédites sur la délinquance ... roumaine à Paris. Des Roms, l'amalgame a glissé sur les Roumains. Mais d'où le ministre sort-il ses chiffres ? Besson divertit en lançant une nouvelle proposition, la création d'un nouveau délit pour faciliter certaines expulsions : la « menace à l'ordre public à l'occasion d'actes répétés de vols ou de mendicité agressive ».
L'Express révèle des échanges de courriers entre Patrice de Maistre et Eric Woerth à propos de la Légion d'honneur du premier (demande, confirmation, remerciements). Dans l'affaire de l'hippodrome de Compiègne, le Canard Enchaîné exhume une lettre  du ministre de l'agriculture de 2003, qui refusait la vente des terrains publics. Mercredi, Laurent Solly, ancien directeur de campagne de Sarkozy, est interrogé par la police. Les syndicats, jusqu'ici très discrets sur l'affaire, « lâchent » le ministre. Le même jour, Baroin avoue qu'il faudra augmenter les impôts... après 2012. Quelle bourde ! Vendredi 3 septembre, Sarkozy explique à des ouvriers, en 28 minutes top chrono, qu'il n'avait pas eu le choix sur les retraites car il n'y avait pas assez de riches à taxer en France pour rééquilibrer les régimes. 
175ème semaine : la campagne présidentielle peut commencer.
Lundi 6 septembre, Sarkozy retoque la proposition Hortefeux sur la déchéance de nationalité. A Strasbourg, les eurodéputés ont voté une résolution exigeant de la France qu'elle suspende immédiatement ses expulsions de Roms. En France, la grande journée sociale du 7 septembre contre la réforme des retraites proposée par Nicolas Sarkozy est un succès, 2,5 millions de personnes défilent dans près de 200 défilés de protestation. Eric Woerth, toujours déstabilisé, défend quand même son texte devant les députés. Sarkozy annonce dès mercredi des assouplissements mineurs connus de longue date (baisse du taux d'invalidité de 20 à 10%). Depuis le début, le débat est manipulé. Le gouvernement se gargarise d'une réforme juste et d'avoir innové sur la pénibilité, qu'il confond avec l'invalidité. Les mesures d'âge, conjuguées à une durée de cotisation hors norme, frapperont les salariés, principalement les plus précaires, pour 83% des économies attendues en 2018. 
Woerth, lui, est cramé. L'affaire Wildenstein ressurgit, grâce à France inter : l'ami Guy, riche collectionneur, proche de Sarkozy, donateur de l’UMP, est à nouveau accusé par sa belle-mère d'avoir fait disparaître dans des paradis fiscaux quelque 4 milliards d'euros de fortune de son père décédé en 2001. Evidemment, il n'a jamais été inquiété par le fisc, malgré les nombreuses relances directes de sa belle-mère auprès d'Eric Woerth. Mercredi, le conseil des ministres a adopté un projet de décret créant la fameuse « Commission de réflexion pour la prévention des conflits d'intérêts dans la vie publique » promise par Sarkozy le 12 juillet dernier. Jeudi 9 septembre, le siège de l'UMP à Paris est perquisitionné par 3 policiers.
176ème semaine : Quand Sarkozy insulte la France.
Finalement, Nicolas Sarkozy n'est peut-être qu'un gaffeur. La révélation d'une circulaire datée du 5 août dernier, signée par le directeur de cabinet d'Hortefeux, ciblant prioritairement et en toute illégalité la communauté rom, en dit long sur le niveau d'incompétence du gouvernement. Autre scandale, l'autosaisine de la police nationale, dont le directeur est un ami d'enfance de Nicolas Sarkozy, pour enquêter secrètement sur l'origine des fuites à la presse de certains procès-verbaux d'audition de Patrice de Maistre est aussi une belle bourde. Jeudi 16 septembre, à Bruxelles, Sarkozy a insulté son propre pays. Calculée ou inconsciente, son absence de retenue et de diplomatie après une violente polémique avec la Commission de Bruxelles, avait quelque chose d'hallucinant pour qui pensait que la France pouvait être un moteur de l'Europe. A Paris, le bouclier fiscal refait surface. Les chiffres de l'an passé sont tombés. La cagnotte sarkozyenne a bénéficié à 19 000 heureux contribuables, pour 679 millions d'euros pour 120 millions d'euros de plus qu'en 2008.
177ème semaine : le Président des Riches contre la rue.
Opération « glamour et générosité », Nicolas et Carla s'affichent à New-York, pour deux jours de weekend privé, shopping et brunch avec Richard et Cécilia Attias. Lundi 20 septembre, à la tribune de l'ONU, Nicolas Sarkozy livre un discours de 7 minutes à l'occasion du Sommet sur les objectifs du Millénaire. Faussement généreux, il promet d'augmenter de 20% l'aide française à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, soit 60 petits millions d'euros supplémentaire pour cette grande cause mondiale dont, comme par hasard, Carla Sarkozy est également ambassadrice à l'ONU. Mardi 21, la Journée mondiale dédiée à la maladie d'Alzheimer était l'occasion de se rappeler que le sujet est une affaire de famille chez les Sarkozy. Nicolas lance un plan, Guillaume créé une fondation, François conseille. Mercredi 22, Sarkozy de retour à Paris envoie Péchenard, Squarcini et Hortefeux appeler l'opinion à la vigilance contre le terrorisme. Il faut qu'on parle d'autre chose que des affaires Woerth. C'est raté. On apprend que Nicolas Sarkozy a décoré en personne Guy Wildenstein de la Légion d'honneur, le 5 mars 2009.  L'UMP se déchire. Xavier Bertrand déteste Jean-François Copé, qui enrage qu'on s'interroge sur son activité d'avocat, chèrement rémunérée (20 000 euros pour 3 demi-journées par mois), au sein du cabinet d'avocat d'affaire Gide Lorette à cause du bouquin de Martin Hirsch sur les conflits d'intérêt. Jeudi 23 septembre, nouveau gros succès des manifestations contre les retraites.
178ème semaine : les mauvaises affaires du Président
Samedi 2 octobre, on manifeste, à nouveau, contre la réforme des retraites. Mais l'Elysée reste serein, nous répète-on. Sarkozy serait passé à autre chose. Mardi 27, Eric Besson tente de mobiliser sur son projet de loi sur l'immigration. Les proches du président préparent la nouvelle pirouette de leur patron, la fin du bouclier fiscal et ... de l'ISF. Mercredi 28 septembre, le projet de budget 2011 fut l'occasion d'un story-telling historique par François Baroin et Christine Lagarde: on a voulu nous faire croire que l'an prochain les niches fiscales allaient baisser et que rentiers et fortunés allaient contribuer à l'effort national. On a failli les croire. On lit surtout que le gouvernement veut taxer les mutuelles sur leurs contrats complémentaire santé ; que l'aide juridictionnelle, hier gratuite, deviendra payante ; que la fameuse taxe bancaire pour prévenir les risques de faillite sera très modeste (0,25% du plancher de fonds propres requis par la loi) ; que les dotations aux collectivités locales pour l'équipement scolaire seront, comme d'autres, gelées.
179ème semaine : Sarkozy, président menteur ou président des riches
Mardi 5 octobre, le juge Renaud van Ruymbecke a décidé d'enquêter sur le financement de la campagne électorale d'Edouard Balladur en 1995, et le soupçon de rétrocommissions dans le cadre de la vente de sous-marins nucléaire français au Pakistan en 1994. Sans surprise, le parquet de Paris a fait appel. Sarkozy a-t-il peur ? Mercredi 6, quatre associations de Roms et de gens du voyage portent plainte contre un fichier ethnique de la gendarmerie baptisé MENS, révélé dans la presse. Hortefeux avait nié son existence. Jeudi 7 octobre, Sarkozy s'est précipité pour « lâcher du lest », du petit lest sur cette réforme des retraites, au moment où la contestation syndicale semble s'emballer : il maintient pour 5 ans l'âge de retraite à 60 ans pour les mères de famille de plus de trois enfants nées avant 1956. Quel effort ! A la RATP, la SNCF,  la Poste, puis à la Fonction publique, dans la chimie, les appels à la grève reconductible dès le 12 octobre se multiplient. Des lycéens manifestent dans plusieurs villes du Sud de la France.Vendredi 8, Sarkozy part s'agenouiller devant le pape et s'excuser de sa chasse aux Roms. Les catholiques sont des électeurs qui comptent.
180ème semaine : Sarkozy ou l'irresponsabilité au pouvoir
La mobilisation contre la réforme des retraites bat un nouveau record mardi 12 octobre. La contestation lycéenne prit le relais, jeudi, avec un millier de lycées bloqués ou agités. Mais pour Sarkozy, ces remous n'existent pas. La réforme est close. «Nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme » répète François Fillon à l'Assemblée. Sarkozy ressort même son costume d'hyperactif, dénonce l'immobilisme, et l'irresponsabilité des opposants, et promet des réformes jusqu'au dernier jour de son quinquennat. Lesquelles ? Fiscalité du patrimoine d'abord, car il y a urgence à trouver une parade pour sauver la fortune de quelques-uns. La pirouette en cours sur le bouclier fiscal fait rire la plupart des commentateurs. Hier indispensable et modèle allemand, le bouclier est aujourd'hui « injuste » et inexistant outre-Rhin. Justice ensuite, parce que c'est toujours un bon sujet pour cliver l'opinion avec cette idée récurrente de jurés populaires. Cela permet aussi de masquer l'obstruction en cours dans les affaires Woerth et Karachi. Dépendance enfin, car troisième et quatrième âges restent le socle électoral d'une Sarkofrance défaillante. Bref, Nicolas Sarkozy choisit les sujets d'actualité qui l'intéressent et ceux qu'il préfère ignorer. Eric Besson fait voter sa loi sur l'immigration dans l'indifférence générale. La réforme des retraites est adoptée par un Sénat sous pression, vendredi 15 vers 20h.
181ème semaine : Sarkozy est dangereux... pour la droite
Nicolas Sarkozy a gâché son symbole. Il voulait faire des retraites l'un des marqueurs de son quinquennat. Les Français en conserveront de l'amertume. Le recul à 62 ans ne change rien sauf pour la France qui travaille tôt et jeune et les femmes aux carrières morcelées. Depuis dimanche, la France frôle la pénurie de carburant. Seul Jean-Louis Borloo, ministre (entre autres) des transports ne s'en rend pas compte. Sarkozy se pavane à Deauville, puis rend visite à une PME. Il affiche sa fermeté. Il apparaît surtout vert de rage, faussement calme, et provocateur. L'opposition sociale est devenue protéiforme, spontanée et sans contrôle. Des lycées sont bloqués, des émeutes font désordre au journal télévisé; Vendredi 22, le spectre d'une pénurie d'essence est toujours là.
182ème semaine : remember 2010
A la veille de la présidence française des G20 et G8, Sarkozy a gâché ses chances de réformes internationales par son comportement brouillon et provocateur. A Bruxelles, un compromis européen assez minable est obtenu : le traité de Lisbonne sera amendé à la marge pour permettre aux Etats d'aider financièrement un Etat défaillant, via le Fonds européen de stabilisation financière mis en place au printemps dernier pour « sauver » la Grèce. En France, Sarkozy prétexte un calendrier diplomatique chargé pour refuser de commenter la contestation sociale... Il revient de 4 jours de vacances dans une villa marocaine. La réforme est « enfin » votée, mardi 26 au Sénat, puis mercredi 27 octobre à l'Assemblée. Ce mercredi, Sarkozy reçoit le dictateur Nazarbaïev du Kazakhstan, devant lequel Guéant et nombre de grands patrons et lobbyistes viennent le soir même faire allégeance. Sarkozy paralyse toujours son équipe dirigeante par le mauvais suspense d'un remaniement jusqu'à l'UMP.
183ème semaine : l'agenda international douteux de Nicolas Sarkozy
La zizanie à l'UMP et au gouvernement enfle. La majorité se déchire, les coups bas se multiplient, le remaniement tant attendu agite les éditorialistes. Mais Sarkozy ignore. Comme il ignore l'inquiétude sociale. Il y a 8 jours, il s'abritait derrière son « agenda international extrêmement chargé » pour s'excuser de son inaction sociale. Effectivement, il  rencontre mardi 2 novembre le premier ministre britannique pour signer un accord de coopération militaire « sans précédent ». Puis, jeudi 4, il déroule le tapis rouge pour accompagner sa génuflexion devant le président chinois. L'homme qui expliquait en 2007 qu'il fallait continuer à discuter avec la Chine à l'aune de ses progrès en matière de droits de l'homme a multiplié les courbettes diplomatiques. On annonce de beaux contrats, 16 milliards d'euros, mais pas d'EPR. La veille, le Canard Enchaîné avait jeté le trouble, en accusant Sarkozy de superviser, via une cellule spéciale, l'espionnage de tout journaliste qui enquête sur lui ou les siens.
184ème semaine : Sarko voulait nous faire croire qu'il est devenu président
Mardi 9 novembre, Sarkozy est droit et grave devant la tombe du général de Gaulle dont on célèbre le 40ème anniversaire de la mort. Mercredi, il est sérieux et concerné par sa promulgation de la réforme « difficile mais nécessaire » des retraites ; Jeudi 11, il est admiratif et fidèle à l'héroïsme des soldats de la guerre de 14/18. Vendredi, il se dit passionné par l'ampleur de la tâche de la présidence française du G20. Chaque apparition, chaque discours était l'occasion de nous faire croire que Sarkozy était devenu président. Il a surtout pu utiliser son nouvel A330-200, un joli joujou à 176 millions d'euros, plus une trentaine de millions d'euros de frais annuels, si gros qu'il faut le stocker à 90 kilomètres de Paris. Avec un aller-et-retour expresse de quarante-huit heures, dont l'essentiel dans sa nouvelle chambre aérienne, le président français a fait le service minimum à Séoul, en Corée, où se clôturait un sommet du G20. Sarkozy est arrivé en retard, et parti en avance.
185ème semaine  : le Karachigate remanie l'agenda sarkozyen
On avait cru que Speedy Sarko était de retour. Après son voyage expresse à Séoul, il a pris de court journalistes et UMPistes en remaniant son gouvernement dès le weekend. Quelle rupture ! François Fillon reconduit, une équipe à peine resserrée avec 19% de ministres en moins, Eric Woerth lourdé, la semaine peut débuter sur les chapeaux de roues. Lundi 15 novembre, les centristes boudent. Ils re-découvre leur fibre sociale une fois évincés de leurs strapontins ministériels. Fillon, lui, est célébré comme un champion. Mardi 16, Nicolas Sarkozy parle à la télévision. Il récuse, accuse, et occulte. Trois minutes sur le chômage, et rien sur la montée de la précarité. Le matin même, un médicament des laboratoires Servier est interdit. On en reparlera. Mercredi, les affaires Woerth/Bettencourt et de Karachi s'imposent à nouveau dans l'agenda médiatique. La Cour de Cassation déporte tous les volets des affaires Woerth/Bettencourt à Bordeaux. La Cour de justice de la République va être saisie pour juger Woerth sur la cession de l'hippodrome de Compiègne. Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, confie au juge Van Ruymbeke son intime conviction que des rétro-commissions avaient été versées en France en marge de deux contrats de ventes d'armements, l'un avec l'Arabie Saoudite, l'autre avec le Pakistan en 1994/95. L'un des dirigeants de la DCN confirme que « le volume total des commissions était validé, contrat par contrat » par Nicolas Sarkozy. Vendredi soir, Nicolas Sarkozy est contraint de réagir. A quelques journalistes français présents avec lui au sommet de l'OTAN à Lisbonne, il s'emballe en off, et les traite, pour rire, de pédophile. A Paris, Claude Guéant publie un communiqué officiel pour répondre que Sarkozy en 1995 n'était au courant de rien, et certainement pas des commissions versées aux intermédiaires.
186ème semaine : Sarkozy l'esquive
Nicolas Sarkozy endosse son costume de candidat. Le discours est testé à chaque intervention. Protecteur, responsable, et au-dessus des partis, voici le triptyque des qualités qu'il veut nous servir d'ici 2012. Mardi devant les Maires de France, jeudi devant des éleveurs de l'Allier, Nicolas Sarkozy livre une auto-description flatteuse mais mensongère : il nous aurait sauvé du choc de la crise, protégé de ceux, à l'extérieur comme à l'intérieur, voulaient une vraie cure d'austérité. Il aurait supprimé les paradis fiscaux, et assuré la pérennité des retraites. Il se serait « sacrifié » au nom de l'intérêt général et du devoir. A chaque fois, ses auditoires sont priés d'oublier les désordres financiers du moment, les manipulations de la justice, l'injustice et le sous-financement de sa réforme des retraites, ou les abus et confusion d'intérêts au coeur du pouvoir révélés ces derniers mois. Son « nouveau » premier ministre, mercredi, se fait applaudir avec un discours de politique générale sans surprise. Roselyne Bachelot lance le chantier de la dépendance, et inquiète déjà avec ses références à l'assurance privée.
187ème semaine : la semaine wiki-polluée de Nicolas Sarkozy
Lundi 29 novembre, Sarkozy se félicite du plan d'aide à l'Irlande et des mesures de soutien de la BCE, puis part, mardi 30, disserter sur la médecine de proximité. Mercredi devant une trentaine de députés UMP, il confie qu'il serait candidat à sa réélection. Pas un mot sur Wikileaks. Pourtant, la cascade de révélations sur les coulisses de la diplomatie américaine par le site depuis lundi ne l'a pas épargné. Sarkozy est qualifié d'impulsif, d'autoritaire et de susceptible. On découvre ses grossiers mensonges sur la libération de Clotilde Reiss ou son souhait d'envoyer des troupes en Irak. Besson réclame l'expulsion de Wikileaks, Baroin s'indigne.  D'autres témoignages sur le Karachigate élargissent le périmètre de cette affaire d'Etat à l'Arabie Saoudite et ravive la guerre des droites. En particulier, plus de 200 millions d'euros de commissions sur un contrat saoudien étaient promis au réseau K, ces deux intermédiaires imposés par le gouvernement Balladur dans la cession des sous-marins au Pakistan. A l'Elysée, on protège le patron, et on craint la confession de trop.


188ème semaine  : à force de hauteur, Sarkozy est hors de vue
Nicolas Sarkozy a pris tellement de hauteur qu'il s'est envolé. Il prépare sa prochaine « rupture », cette fois-ci avec lui-même. Il se présidentialise tellement qu'il est hors de vue. Il est même parti en Inde, quatre jours. Un voyage, de son point de vue, très réussi. De France, on le voit ultra-souriant mais les traits tirés comme un fêtard, en costume cravate câlinant les mains de son épouse, qui confie à un guide local qu'elle voulait un fils. On commente des chiffres quasi-imaginaires de contrats commerciaux prétendument signés grâce à cette visite (17 milliards d'euros). A peine rentré, Sarkozy repart, à Fribourg, rencontrer Merkel. En France, c'est la pagaille ! Un député UMP s'agace de l'incurie budgétaire de Fillon/Baroin qui ont sous-évalué de moitié le coût de fin de la taxe professionnelle, soit 3 milliards d'euros de dérapage en 2010. Mais surtout, une grosse tempête de neige autour de Paris fait déraper son ami Hortefeux, qui, depuis la Place Beauvau, ne voit aucun problème. Une dizaine de milliers de franciliens dorment dans leur voiture ou des abris de fortune. En voyage à Moscou, Fillon rebondit en critiquant les services de Météo France. Sarkozy, lui, n'a rien à dire, pas même sur les nouveaux déremboursements de la Sécu, le scandale du Mediator de son ami Servier, ou le Karachigate : Mediapart publie une lettre du 16 mai 2007, adressée à Sarkozy par l'ancien dirigeant de HEINE, accompagnée d'une copie de facture de 8 millions d'euros pour « services rendus ». Huit millions d'euros que le dit dirigeant a effectivement perçu 2 ans plus tard.
189ème semaine : les nouveaux bobards de Sarkozy pour 2012
Le Monarque s'abstient toujours de parler de l'actualité. La précarité, le pouvoir d'achat, mêmes les déficits publics ne font plus l'objet que d'une allusion, une mention tout au plus dans le creux d'un discours. Sarkozy est comme un artiste déchu qui cherche désormais à se refaire une popularité par une tournée de province. Chaque semaine, il alterne les grandes rencontres et les petites tables rondes locales. Dans les premières, il case ses prochains G8 et G20. Dans les secondes, il rabâche les mêmes exemples et rode ses arguments pour la campagne de 2012. Mardi 14 décembre, il parle ainsi ambition spatiale en Normandie, dans l'Eure. Pas de commentaire sur le Karachigate. Le même jour, le parquet a sans surprise décidé de saucissonner un peu plus l'affaire en confiant le volet saoudien à un autre juge. Mercredi 15, Nicolas et Carla se sont exhibés en photo au milieu de 600 enfants devant l'arbre de Noël de l'Elysée. Juste avant, Sarkozy a quand même a validé l'absence de coup de pouce au SMIC en conseil des ministres. Jeudi soir, Sarkozy filait à Bruxelles, pour un conseil européen. Il était presque éteint.
190ème semaine : les bonnes affaires de Noël de Sarkozy
Il y a un an, Nicolas Sarkozy terminait son année sur l'échec du sommet de Copenhague, malgré plusieurs mois d'efforts, et l'annulation de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel. On savait l'année 2009 mauvaise, l'année 2010 débutait sous les pires auspices. Un an plus tard, rien n'a changé, ou presque. Sarkozy prépare certes sa candidature, mais ses efforts de « présidentialisation » patinent. Pour cette semaine de Noël, il fait adopter en conseil des ministres la loi sur le référendum populaire et la clarification de son irresponsabilité pénale (désormais élargie à ses collaborateurs). Il encourage même des infirmières, accompagné de Carla. Son épouse joue enfin son rôle d'arme de séduction électorale. Mais le scandale du Mediator a mis en lumière ses relations anciennes avec le président-fondateur Servier; dans l'affaire de Karachi, on découvre comment il avait fait négocier en coulisses, l'an dernier, le silence du dirigeant de la société HEINE par qui transitait les commissions versées aux intermédiaires. Et quelques députés UMP, emmenés par son nouvel allié Copé trouvent judicieux de limiter les sanctions à l'encontre des députés menteurs volontaires sur leur patrimoine.
191ème semaine de Sarkofrance : repos à Marrakech
Il n'était pas là. Il se repose à Marrakech, avec Carla depuis 10 jours. Il peut féliciter Hortefeux qui sillonne la France enneigée, ou Nathalie Kosciusko-Morizet qui a déboulé à Roissy consoler quelques Français bloqués par le froid. Vendredi, il revient pour ses voeux, aux Français. Il nous parle de « sa » présidence des prochains G20 et G8, et de son grand chantier de la dépendance. Mais les vraies nouvelles sont mauvaises : le 24 décembre, la Dares a publié de très mauvaises statistiques sur le chômage en novembre. Et mardi 28, l'INSEE a révisé à la baisse la croissance des premiers trimestres. On n'atteindra pas les 1,6% espérés en 2010 ni les 2% de 2011. Sarkozy s'en fiche. Il est au-dessus de tout ça.
Ami sarkozyste, es-tu encore là ?
Crédit illustration : Filip Markiewicz - Banque de Tolérance / Galerie Beaumontpublic - Luxembourg

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