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Perspectives politiques 2011

Publié le 04 janvier 2011 par Dornbusch

Avant de revenir aux débats locaux, envisageons ici quelques thèmes de « grande politique » pour 2011. Si l’année ne sera marquée que par des élections « secondaires » aux yeux du public (cantonales et sénatoriales) elle sera surtout le lancement de la bataille du grand affrontement de 2012. Les primaires du PS seront vraisemblablement l’élément le plus visible de cette phase préparatoire, même si on ne doute pas que l’UMP et Sarkozy amorceront leurs thèmes de campagne et qu’aux marges, FN et Mélenchono-extrême gauche martèleront également les leurs.

Perspectives politiques 2011
Sans rentrer dans la question des personnes (alors «  »DSK va revenir ? », « Ségolène a t telle une chance ? » , « Aubry peut elle battre Sarko ? » etc etc etc) quotidien du responsable politique sur le terrain, et a mon avis assez secondaire, le débat politique peut se polariser autour de 2 thèmes, en apparence éloignées et pourtant peut être pas tant que cela.

D’un coté un vaste thème immigration – insécurité qui sera porté essentiellement par la droite et l’extrême droite, puisque ces thèmes lui ont bien réussi depuis le début du XXIe siècle en lui offrant en France des victoires électorales plutôt inespérés et surtout que ces thèmes dominent aujourd’hui l’ensemble des pays d’Europe. Au Nord, portant traditionnellement si tolérant, et à l’Est de l’Europe, peut être demain au Sud et à l’Ouest les partis politiques qui hurlent contre les immigrés, qui les rendent responsables de tous les maux de nos sociétés recueillent des résultats sans précédent. Et malgré l’apparence d’ouverture provoquée par l’élection d’Obama, une partie de l’opinion publique américaine tient sur ces sujets des propos qui ici paraitraient inouïs.

Pourtant ne simplifions pas trop en diabolisant ces thématiques et en les laissant à la droite extrême (ou populaire) et à l’extrême droite. Il faut écouter les électeurs, de préférence avant qu’ils ne votent, et comprendre pourquoi ces thèmes sont aujourd’hui si porteurs.

Concernant la sécurité, on l’a dit et répété ici, comme le dit maintenant le Parti Socialiste, ce n’est pas une valeur de droite, c’est un thème ou les socialistes parlent et agissent, sans peur, ni tabou, ni démagogie. La droite n’a pas le monopole de la sécurité, en diminuant en 5 ans de plus de 30% le nombre de policiers dans de nombreuses villes de banlieue elle aura bientôt plutôt le monopole de l’insécurité.

Concernant l’immigration c’est également un vrai sujet que la gauche doit traiter sans la laisser aux mains de la droite et de l’extrême droite. Un très intéressant texte du « père » des philosophes européens, l’allemand Jurgen Habermas, abordait le sujet en détail voici quelques jours. Je dis souvent que c’est « la face visible de la mondialisation », celles ou les flux et les mélanges sont les plus visibles au quotidien, bien plus que les produits « chinois » dans nos supermarchés. La gauche doit accepter d’entendre cette angoisse des populations face à cette mondialisation « au quotidien » et élaborer un discours qui tienne compte de cette angoisse face au grand chamboulement qu’a connu la démographie de nos pays en une trentaine d’année. Les thèmes traditionnels de la gauche, laïcité, éducation, sont bien sur le fond de la réponse, mais ils n’apportent pas nécessairement toutes les réponses au quotidien. Nous en reparlerons longuement cette année.

Ce thème de la peur face à la mondialisation me conduit sans transition à ce qui doit constituer le deuxième grand thème potentiel du débat politique cette année, la question économique. Une énorme erreur a été commise pendant la crise de 2008, celle de crier à la catastrophe et à la fin du Monde, alors qu’il fallait profiter que les grandes banques et entreprises étaient à genoux pour réformer et modifier les rapports de force. Ce créneau a été loupé par la faute des imbéciles catastrophistes, aujourd’hui le rapport de force est rétabli en faveur des grands groupes, plus même qu’avant la crise car les États se sont paradoxalement affaiblis à sauver ces grands groupes et payent maintenant la « socialisation des pertes ».

Face à cette situation une première approche est de « nier la mondialisation »: pour certains c’est la sortie de l’euro, pourquoi pas la quasi autarcie économique (entendre certains à gauche répéter ces thèmes en oubliant les bénéfices économiques que la mondialisation économique apporte à des centaines de millions de paysans chinois autrefois mourant de faim est une monstruosité historique).

Ce qui est certain est que le partage de la valeur ajoutée est aujourd’hui trop déséquilibré. Les salaires (et autres « charges sociales ») ont été exagérément écrasés au dépens des « résultats des entreprises ». Même sans simplifier et en admettant qu’une partie de ces « résultats » reviennent aux salariés par l’intermédiaire des Sicav et autres produits d’épargne, posons un diagnostic simple: les entreprises, surtout les grandes, « crachent » trop d’argent, argent qui revient ensuite sous forme de bulles meurtrières sur l’économie mondiale.

Il faut réduire cette perception excessive:

  • augmenter les impôts des entreprises (il suffira d’éliminer les niches fiscales) surtout des grandes: que Copé rende les 10 milliards par an dont il a fait cadeau aux grandes entreprises, pour qu’une part plus importante de leurs revenus aillent aux États
  • donner une part plus importante de cette valeur ajoutée aux salariés. Je prône depuis longtemps l’ouverture de grandes négociations, sur le modèle de celles des 35 heures à la fin des années 90, visant à augmenter les salaires de façon importante (au moins 10%), en laissant le maximum de latitude aux négociations mais avec le couperet de la loi en arrière plan

Pour conclure je disais en introduction que les 2 grands thèmes politiques à venir sont plus proches qu’il n’y pourrait paraître: sécurité-immigration d’un coté, dérèglement économique de l’autre aussi éloignées qu’ils semblent sont a mon sens des effets corolaires de la mondialisation que nous vivons à un rythme effréné. Et les réponses seront globalement similaires au sein de chaque camp: soit peur, repli, négation, soit explication, négociation, avenir.

David Dornbusch

Secrétaire de la section socialiste de Fontenay-sous-Bois  – Blog d’actualité politique de la 6° circonscription du Val de Marne (Fontenay-sous-Bois, Vincennes, Saint Mandé)


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