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Zagora: un marathon pour finir l'année

Publié le 04 janvier 2011 par Sylvainbazin
Extreme marathon de Zagora, un nouvel an sous le ciel du Sahara.
Comme ces deux dernières années, j’ai donc eu la chance de passer la nouvelle année à Zagora, sous les étoiles, dans un bivouac de tentes berbères posé dans les dunes. Plutot sympa non? Une façon aussi pour moi de terminer l’année comme il se doit, par un marathon. Depuis trois ans donc cela devient un peu un symbole de clore ainsi l’année, en courant, dans un décor «open space», sous le soleil de l’Afrique.
Zagora: un marathon pour finir l'année
Il faut dire aussi que l’extrême marathon de Zagora n’est pas un marathon comme les autres, et pas seulement par sa date. Ses dattes, son décor et son caractère «exotique» m’attire bien entendu également. Enfin, c’est aussi et surtout une histoire d’amitié, avec les frères Ahansal et Akdhar, les grands coureurs locaux, qui fait que j’ai plaisir à courir ici et essaye de leur donner un coup de main pour leur communication en France. J’avais donc grand plaisir à me trouver là, sur cette ligne de départ, pour le dernier jour de l’année 2010. Une année placée pour moi sous le signe du voyage qui ne pouvait de toutes façons que se terminer ainsi!
Cette année c’est environ 450 coureurs qui se sont élancés à travers les grandes étendues pour un semi ou un marathon vraiment pimentés. Le parcours est plus sableux que les précédentes années et dès le 3e kilomètres nous passons par une zone de dunettes pas vraiment facile à négocier. Comme d’habitude, tout le monde est parti très vite. Pour les premiers, vu leur niveau, c’est assez compréhensible. Mais nous sommes en Afrique et nombreux sont ceux qui essayent de suivre, sans se poser de questions. Bien entendu, au bout de quelques kilomètres il commence à y avoir des dégâts parmi ceux là... Je me cale pas trop loin dans le peloton, à un bon rythme mais sans surrégime. A côté de moi un grand garçon en tenue de football résiste dès que je le remonte un peu. Il semble à bout de souffle mais continue tout de même un bon moment.
Après le passage dans l’oued Draa, qui ne se fait pas à pied sec cette année, je me retrouve seul, dans la palmeraie. J’aime bien ce passage ombragé et roulant, sa succession de virages et sa verdure. C’est aussi là que les deux courses se séparent. Un peu plus loin, c’est à nouveau une plongée dans l’immensité et des lignes droites où il faut avoir le moral! Bon de ce côté là ça va à peu près bien pour moi aujourd’hui. Les jambes par contre commencent à trouver le tempo un peu rapide et surtout les cailloux un peu trop pointus. Pas évident de poser les bons appuis sur un tel terrain. Il faut sans cesse vadrouiller entre les roches, éviter les plus grosses, ne pas se vriller la cheville sur les plus petites. Je ne vais encore pas si mal puisque je rattrappe des concurents qui, devant moi, n’étaient que des petits points au loin quelques kilomètres avant. Mais la fin de la côte vers le 25e kilomètre commencera à me poser plus de soucis. Là, ce sont les concurrents qui étaient derrière moi qui commence à me rattrapper. Les mollets sont très lourds, j’ai mal à une hanche. La fatigue accumulée commencerait elle à se réveiller? Je passe devant le bivouac, là où va se dérouler le réveillon ce soir, et je reçois les encouragements du staff berbère. Aurélie, une spécialiste des variations d’humeur justement (chercheuse spécialisée dans les milieux extrêmes - elle fait un doctorat sur le sujet- elle avait mené une étude sur ce thème lors de l’Annapurna Mandala Trail il y a deux ans, j’étais parmi les cobayes...), est là aussi. Comme elle partage ce voyage avec moi, je l’ai chargé de prendre les photos pour le reportage, ce dont elle s’acquitte bien volontier. La dune qui suit n’est pas des plus facile et je commence à peiner sérieusement dans l’immense ligne droite qui nous ramène vers la palmeraie. Le soleil est bien présent. Discret ces derniers jours, il a semble t il décidé de partager cette fin de marathon avec nous. Mais l’air sec fait que je ne souffre pas de la chaleur comme j’en ai cuit à la Martinique. Je peux donc, tant bien que mal, continuer à trottiner. La première fille, qui m’avait déjà doublé une première fois, me laisse sur place vers le 35e kilomètre. Plus tard j'apprendrai qu'elle vaut tout de même 2h28 sur la distance, quand c'est sur route bien entendu. Un gamin, qui participe à l’épreuve relais, chaussé de sandales en plastique, fait de même quelques hectomètre plus loin. Mais bon j’avance tout de même et profite quand même un peu du paysage aussi. La fin de l’année me donne aussi l’envie de faire le bilan, alors j’essaie un peu de mettre un peu d’ordre dans mon esprit... C’est cependant assez difficile de bien se concentrer quand le corps réclame du repos. Au 38e kilomètre le terrain redevient très sableux, les appuis sont vraiment difficiles. On ne monte pas sur la montagne de Zagora cette année, mais le sol ne permet pas d’aller beaucoup plus vite.  La deuxième fille, qui semble toute jeune, me dépasse aussi, ainsi que deux coureurs un peu plus loin. Ils semblent cependant tous à bout. Le dernier ravitaillement est le bienvenu, nous nous arrêtons tous. Plus que trois kilomètres à parcourir dans le lit de l’Oued puis sur la route. Je n’arrive plus à suivre le rythme de mes trois compagnons mais les garde tout de même en point de mire. Juste à l’entrée de la route, la jeune fille s’arrête, épuisée. Je l’encourage un peu, mais elle repars en marchant. Juste devant Mustapha Ahansal, un cousin de Mohamad et Lahcène, qui découvre quant à lui ce type de marathon (il vit à Marseille), ne peux vraiment plus «arquer», déchiré par les crampes. Son compagnon de route, qui a fait toute la course avec lui, l’attend. Je continue quant à moi mon chemin. La dernière ligne droite est vraiment la bienvenue. Je termine en 3h45, à la 13e place, ce dernier marathon de l’année. Le vainqueur a couru en 2h35, impressionant. Un red bull plus loin et je repars en arrière, avec Aurélie, pour aller faire des photos dans la palmeraie, je brinqueballe un peu et ma vitesse de pointe n’excède guère le 5km/h mais qu’importe. Le ciel est bleu, la journée est vraiment belle, les coureurs que nous croisons semblent l’apprécier aussi, malgré la fatigue, heureux d’être là tout simplement. L’année ne pouvait mieux se terminer. Place à la fête, pour que 2011 naisse sous les meilleurs hospices. Bonne année à tous!
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