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La fille qui aurait voulu du muscle huilé et du string en cuir pour Noël

Par La Chose

La fille qui aurait voulu du muscle huilé et du string en cuir pour Noël

De :    Loutre <[email protected]>
Objet :    Re: cadeaux de Noël
Date: 16 décembre 2010
À :    La Chose<[email protected]>

Lucette,
J’ai bien reçu ton mail de ce matin. J’étais en réunion avec un préfet et un délégué du Ministère, donc j’aurais bien aimé que tu te dispenses de joindre une photo de tes fesses à ton message, surtout que tu n’es pas douée pour utiliser ton Iphone à la con quand tu as la tête en bas et les bras dans le dos. 
Je n’ai pas saisi toutes les subtilités de ton discours, entre deux « grosse merde » et trois « Père Noël pédophile » (ha ha ha, ta maturité ne cessera jamais de m’émerveiller). Mais si je résume, en gros, tu me demandes de me carrer mon flacon de parfum quelque part, parce que tu n’as pas envie de parfum pour Noël. Subséquemment, tu me conseilles de trouver une nouvelle idée. Tu me suggères ensuite ce qui ressemble fort à un porno des années 70, si j’en juge par le titre, et qui apparemment est quasi-introuvable en DVD sauf sur certains sites spécialisés (on se demande bien lesquels).
Ne te méprends pas, mon amour, je ne suis pas en colère. Loin de moi l’idée de me montrer désagréable ou de manifester une quelconque humeur belliqueuse. Nonobstant cette maîtrise de soi dont je fais preuve depuis la Préhistoire à ton égard, je ne peux que te conseiller (à regret, crois-moi) d’aller te faire tondre le pubis à l’épluche-légumes émoussé par une Moldave édentée dans les bas-fonds de Tiraspol, attendu que les poules auront des dents le jour où j’accepterai de t’offrir un film de cul italo-roumain le 25 décembre.
Bien à toi.

De :    La Chose <lachose@totalementconsternée.com>
Objet :    Re: cadeaux de Noël
Date: 16 décembre 2010
À :    Loutre <[email protected]>

Loutre,
Mon petit cœur, mon fondant au chocolat, mon nuage de lait dans le café, il y a grosse méprise et plantage faramineux, prête-moi tes esgourdes que je t’explique:
Jamais il ne me serait venu à l’esprit (comment as-tu pu seulement l’imaginer, mon cœur saigne à cette seule pensée) de te solliciter crânement afin que tu cèdes à un caprice pervers et que tu me fournisses un affreux long-métrage dégradant rempli de couples velus en train de pratiquer le coït dans toutes les pièces d’une maison Bouygues, quelque part au fin fond du Val de Marne.
Non, mon amour, tu m’as tout simplement mal comprise: en te demandant de m’offrir le DVD de Dar l’Invincible (et non pas « Dard », ce qui a pu t’amener à penser à une production Marc Dorcel tournée en deux jours dans la cave d’un détaillant en vins de pays), je ne faisais qu’exprimer un désir pur et totalement empreint de l’innocence de l’enfance.
Car vois-tu, ma crêpe au caramel au beurre salé, Dar l’Invincible est pour moi l’équivalent de la fameuse madeleine de Proust. Outre son casting de rêve (souviens-toi de Marc Singer, le bellâtre décérébré qui sauve le monde  des griffes des lézards recouverts de latex à bas prix dans la série V), ce film, tourné avec les pieds quelque part dans la banlieue de Tijuana et doublé par des cheminots de la SNCF bègues, possède quelques-uns des pires dialogues de l’histoire du cinéma. Bien entendu, il n’arrive pas à la cheville du mythique Hitman le Cobra ou du légendaire Spider, l’horrible invasion. Néanmoins, il se défend brillamment dans la catégorie des films de merde, catégorie pour laquelle tu connais mon affection particulière. Et il se trouve qu’au cours de mon enfance dissolue, je l’ai visionné une bonne dizaine de fois. Je me souviens encore avec nostalgie du cri que le héros utilise pour appeler son aigle apprivoisé (« Géééééraaaaard ! », ou quelque chose d’approchant), je n’ai pas oublié le string en cuir qu’il porte sous sa peau de bête made in Taïwan, ni la horde de brutes sanguinaires armées de sabres en plastiques qui déciment le village en gloussant comme des dindes ayant abusé du gros rouge qui tache.
Afin de dissiper tout malentendu résiduel, mon roudoudou, je t’envoie une petite vidéo en pièce jointe.
Je t’aime et te câline servilement, et si tu m’appelles encore « Lucette », je te pète ta gueule, je t’écorche, je me fais des bas résille avec tes tendons et une écharpe avec ton côlon transverse.

La fille qui aurait voulu du muscle huilé et du string en cuir pour Noël

De :    Loutre <loutre@mêmepaspeur.com>
Objet :    Re: cadeaux de Noël
Date: 16 décembre 2010
À :    La Chose<[email protected]>

Lucette,
Il neigera en enfer le jour où je débourserai vingt euros pour un navet joué par un mec qui porte un nom de machine à coudre et dont la potiche qui tient lieu d’héroïne s’appelle Babybel.
C’est donc avec regret que je t’annonce que tu peux te toucher.
Pour ce qui est de ta proposition de cassage de gueule, c’est quand tu veux. Connaissant le courage sans faille qui te caractérise, je sais que je peux compter sur un duel loyal respectant le code de l’honneur et l’éthique du samouraï.
A ce soir, donc, je vais quand à moi filer chez Séphora afin de me procurer le flacon de parfum que je t’offrirai à Noël.
Bien à toi.

De :    La Chose <[email protected]>
Objet :    Soirée de Noël
Date: 16 décembre 2010
À :    Jérôme <geekettrè[email protected]>

Salut Gégé,
Comment tu vas?
Je me demandais, comme ça, si tu avais des plans pour le 24 décembre? De mon côté, à l’origine je devais aller chez mes beaux-parents avec Loutre, mais j’ai un empêchement de dernière minute, je vais sans doute rester dans les parages. Du coup, je me suis dit qu’on pourrait renouveler la soirée de réveillon de l’année dernière et se retrouver chez toi avec plein de connards incultes qui pensent en visual basic et se nourrissent de pizza avariée. On se commanderait de la merde à ingurgiter dans le canapé, on se louerait Vivre pour survivre et Commando massacre et ensuite on ferait un tournoi de Counter Strike en bavant sur nos claviers.
Alors, partant?


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