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L'armée, un sujet en or pour le candidat Sarkozy

Publié le 06 janvier 2011 par Juan
L'armée, un sujet en or pour le candidat SarkozyAux militaires, Nicolas Sarkozy s'est affiché sérieux et grave pour leur souhaiter la bonne année. Mardi 4 janvier 2011, sur la base aérienne de Saint Dizier en Haute Marne. Debout sur une estrade, entouré de soldats, hommes et femmes, il a lu son texte avec attention, sans quasiment jeter un regard à l'assistance. Le contraste était saisissant avec ses interventions passées, où il aimait habituellement sortir allègrement de son texte. Cette tribune était parfaite pour illustrer sa posture présidentielle sur le devoir de ses missions et la nécessité de la rigueur, gage d'indépendance nationale.
Sarkozy le candidat joue au petit soldat.
Dans ses efforts de présidentialisation et de prise de recul, une adresse aux armées est un moment privilégié. On sort le drapeau, on se montre devant des Rafales et autres équipements militaires, on prend la mine sombre pour évoquer nos morts pour la France, on peut parler devoir, patrie, sacrifice, honneur, engagement, valeurs et courage. Bref, que du bon pour un petit chef de clan impopulaire qui aimerait qu'on le considère comme un chef charismatique.
Les relations avec la Grande Muette sont pacifiées. Il y a deux ans, Sarkozy avait choqué en accusant d'amateurisme les autorités militaires après le drame de Carcassonne (où un soldat du 3e régiment parachutiste d'infanterie de marine avait blessé par erreur 17 civils lors d'une démonstration). Le chef d'état-major de l'Armée de terre avait démissionné après ces outrances présidentielles. La suppression de 54.000 postes puis la réforme de la carte militaire pour faciliter ces suppressions de postes lancée par Hervé Morin en 2009 avaient noirci le tableau. Depuis, la guerre en Afghanistan a pris le dessus. Le rapprochement de l'OTAN flatte aussi la gente militaire.
Ce mardi, il se fit photographier devant moult armements. Il fit semblant de s'intéresser et de connaître, jusqu'au FAMAS qu'il se rappela avoir utilisé pendant son service militaire, ... une bonne quinzaine d'année avant que ce dernier ne soit effectivement mis en service auprès des appelés du contingent...
Ensuite, Sarkozy lut avec attention son texte. Il débuta son discours des voeux par un hommage aux soldats tués l'an passé. « Mes pensées vont d'abord aux familles de ceux qui sont tombés au service de la France. En 2011, encore, des soldats sont allés au bout de leur engagement. 22 hommes ont consenti le sacrifice suprême, 22 hommes tués au combat ou mort en service commandé sur un théâtre d'opérations. » On sent l'émotion quasi-forcée. « Je m'incline, je m'incline avec respect devant leur mémoire, et j'exprime tout à la fois l'émotion, l'admiration et la gratitude de la nation envers ses hommes qui ont fait don de leur vie à la France.» Fichtre ! Il ne manquait que la larme à l'oeil. Sarkozy à Saint-Dizier voulait paraître Churchill. Oublié le Bling Bling des vacances à Marrakech, les petites misères que de grincheux opposants lui font sur les déremboursements de la Sécu, le bouclier fiscal ou les affaires Karachi et Bettencourt. En 3 minutes et 21 secondes d'hommage, Sarkozy s'envola.
« J'invite nos compatriotes à ne jamais oublier la raison d'être fondamentale de nos armées. Cette raison d'être fondamentale c'est d'assurer la sécurité des Français contre toutes les menaces et cela où qu'ils soient dans le monde, que ces menaces soient directes ou indirectes. Et cette sécurité c'est aussi la garantie des valeurs essentielles auxquelles nous sommes attachés et qui font que notre pays n'est pareil à aucun autre et que nous sommes heureux d'y vivre.» 
« Par leur sacrifice, ils nous rappellent le sens de l'engagement militaire, la grandeur du choix de servir la patrie, d'accomplir la mission, au péril de sa vie, au nom de la France… en mon nom personnel… » la voix se casse, comme troublée par l'émotion forcée, «… je voulais honorer ces soldats morts pour notre pays. » Il évoque les familles « profondément meurtries », et les « nombreux blessés ». Sommes nous donc en guerre ? Non, mais le Monarque voulait faire comme si. Il rappelle l'hommage qu'il leur a récemment rendu à l'hôpital des Invalides, et leur « nouveau combat », la rééducation, un combat « profondément admirable ». Sarkozy, ce mardi était « profondément » sérieux. « Nous avons mis en oeuvre un plan d'équipement ambitieux. Les choses sont claires. Nous vous le devions.» Ah ! Le devoir ! Sarkozy fait son devoir. Répétez après lui...
L'Afghanistan, nouvel Irak
Le président français enchaîne ensuite sur les interventions militaires extérieures. « L'année qui s'achève a été marquée par une forte activité opérationnelle. En 2011, les armées seront à nouveau très sollicitées. Qu'il s'agisse de mettre en oeuvre la dissuasion depuis Saint-Dizier, de concourir à sécurité des Français sur le sol national, d'intervenir sur des théâtres extérieurs pour participer au maintien ou  au rétablissement de la paix, vous aurez tous l'occasion de vivre intensément votre métier au service du pays…. »
Il lève les yeux et sourit, décalage indécent avec l'hommage précédent. « Vous avez fait le choix de ce métier pour l'intensité. Vous ne serez pas déçus. » Il replonge sur son texte : « les opérations sont la finalité des armées. Au moment où je vous parle, plus de 12.000 hommes sont déployés sur des théâtres extérieurs. (…) Trois théâtres concernent plus particulièrement notre attention.» L'Afghanistan d'abord, avec 4000 hommes.  « Soyons clairs : leur mission sera terminée quand les autorités afghanes seront en mesure d'assurer seules la sécurité de leur pays. » Et c'est pour quand ? Il ne sait pas. Dans longtemps. « Et ne nous voilons pas la face, cette mission restera très dangereuse, voire même meurtrière. » Il manquait le roulement de tambour.
Tel Nixon commentant la situation du Vietnam en 1972, Sarkozy s'affiche confiant : « vos efforts ne sont pas vains. Peu à peu avec méthode, avec obstination, nos forces réduisent sur le terrain l'initiative de l'adversaire et rendent un peu plus probable le retour à une vie normale pour les Afghans. » Mais il s'empresse d'ajouter : « Il ne peut y avoir de résultats spectaculaires. Il ne peut y avoir de bataille décisive. La construction de la paix dans la région exige de la durée. Elle exige de la patience, elle exige de la persévérance, elle exige du courage.»  Quels termes inattendus dans la bouche de Sarkozy, habituellement toujours si pressé et agité! On comprend qu'il lui fallait rester les yeux rivés sur son texte. Quelques 10 000 personnes ont été tuées en Afghanistan en 2010, dont 2.100 policiers ou soldats afghans, 700 soldats étrangers (dont 16 Français), 5.200 insurgés et plus de 2.000 civils. Comme l'écrit Jean-Dominique Merchet, « pour une perte amie, on compterait moins de deux pertes chez les insurgés. » Quel progrès !
On sait, grâce aux révélations de Wikileaks, combien l'atlantisme de Nicolas Sarkozy l'avait poussé à des débordements inédits auprès de la diplomatie américaine quand il n'était que ministre de l'intérieur de Dominique de Villepin. En 2006, il se plaignait auprès du représentant d'une puissance étrangère, lui, le ministre de la République, des critiques françaises contre l'intervention américaine en Irak. Il suggérait aussi une intervention alliée pour remplacer les forces américaines. 4 ans plus tard, Sarkozy a trouvé son nouvel Irak. Par chance, il a même le soutien du (moins) populaire Barack Obama sur cette affaire. L'Afghanistan est pour Sarkozy comme l'Irak pour George W. Bush : « je l'affirme avec force : là-bas ce qui joue, c'est la sécurité du monde et donc la sécurité des Français, ici en France
Lisant avec attention son argumentaire concocté par ses conseillers, Sarkozy rabâcha donc une position commune : si les Talibans gagnent en Afghanistan, le pays deviendra, à nouveau, une base du totalitarisme religieux. Fichtre ! Et si Armid Karzaï, l'actuel président corrompu dans le trafic d'opium, l'emporte...
« J'ai le devoir d'empêcher cela » tonne-t-il. Ah ! Le devoir, toujours le devoir ! Les devoirs sarkozyens sont à géométrie variable. La corruption de quelques dirigeants africains, les camps de travail chinois, la torture des prisons libyennes ou syriennes, la boucherie à Gaza en janvier 2009 sont des situations qui gênent moins la conscience du devoir chez Nicolas Sarkozy. Il faut être pragmatique. Ces exactions n'entraînent pas d'attentats sur le sol français.
Sarkozy redécouvre la démocratie en Afrique
Autres terrains, le Liban, où Sarkozy compte beaucoup sur son nouvel ami la Syrie. Et, bien sûr, la Côte d'Ivoire. « Avec le ministre d'Etat, je suis personnellement et en temps réel la situation sur place et reste très attentif à la sécurité de nos compatriotes.» Sarkozy élargit. Ce qui se passe en Côte d'Ivoire dépasse ce seul pays. Ces enjeux concernent « toute l'Afrique, un milliard d'habitants.» Moins raciste qu'à Dakar en juillet 2007, ses propos restent quand même contempteurs. On croit lire dans Guaino entre les lignes : « Les Etats africains sont jeunes, encore. Ils construisent chacun dans le contexte qui est le leur une vie démocratique. Et la première exigence d'une vie démocratique, c'est le respect du suffrage universel. »
Il insiste : « Tous les Etats de la région savent les bienfaits de la démocratie. » Sarkozy exagère un peu. Nulle part en Afrique n'a-t-il encouragé la démocratie depuis qu'il est président de Sarkofrance. Au Gabon, il soutient le fils Ali du président Omar Bongo, élu dans des conditions contestées. En Guinée, la France fut l'une des rares à soutenir le général putchiste en 2008, jusqu'aux élections présidentielles de l'été dernier.
Dernier thème de ses voeux, la réforme des armées. Comment convaincre que les 3,5 milliards d'euros d'économies sur le budget de la Défense d'ici 2013 sont une bonne nouvelle ? « Pour l'avenir, j'entends bien que la priorité accordée à la défense demeure. (...) Nous avons décidé de réduire les effectifs de 54.000 hommes. Nous avons fermé des régiments, nous avons fermé des bases. Ces décisions n'ont pas été faciles, mais c'était le prix à payer pour avoir un outil de défense performant. »
Pourquoi n'assume-t-il pas sa réforme, annoncée au printemps 2009 ? La France n'aurait pas les moyens d'entretenir une telle armée. Elle n'a jamais donné non plus sa chance à une défense européenne. Elle continue de beaux gâchis comme le rapprochement des sites parisiens à Balard (+600 millions), la réintégration au sein de l'OTAN (+100 millions d'euros par an), la nouvelle base aux Emirats Arabes Unis (75 millions d'euros); Inutile de prétendre que réduire hommes et moyens est « le prix à payer pour avoir un outil de défense performant. »
Face à quelques militaires, Sarkozy ressort le même argumentaire que pour la police et la gendarmerie, également frappées par une baisse de leurs effectifs : « il vaut mieux un peu moins d'effectifs et davantage d'équipements, et d'équipements modernes.» Ou encore : « l'armée française n'est pas là pour faire de l'aménagement du territoire.» Quelle sombre erreur ! Et comme pour les infirmières (à Noël) ou les fonctionnaires (le 1er janvier), il répète le même argument sur la rigueur, c'est l'indépendance : « l'indépendance nationale, ce n'est pas simplement une armée efficiente, c'est aussi un pays qui ne croule pas sous la dette et sous les déficits. C'est ça aussi la protection des Français et l'indépendance de la France. Un pays qui sait tenir ses comptes ! » Quelle savante transition, quel habile parallèle : la misérable (et insuffisante) austérité promue en Sarkofrance agirait comme la dissuasion nucléaire.
Sarkozy, amical à Paris
Le lendemain, Nicolas Sarkozy tenait son premier conseil des ministres de l'année. Sarkozy l'a joué ouvert, souriant, amical et solidaire : « C'est tous ensemble, unis, dévoués corps et âme à l'accomplissement du mandat que nous avons reçu des Français, que nous parviendrons à transformer notre pays. » leur a-t-il déclaré. Pour celles et ceux d'entre nous qui l'ignoraient, la Garde républicaine joua l'hymne à l'amitié du compositeur belge Alain Crépin, comme nous l'a précisé le Figaro.
Le story-telling des voeux continue. Protecteur vendredi, courageux mardi, Sarkozy devait être amical mercredi.
Sarkozy a également dit à ses ministres combien il n'aimait pas « les polémiques qui pourraient donner aux Français le sentiment de faire passer le souci d'un avenir personnel avant celui de l'intérêt général. » Il ne pensait pas au financement de sa propre campagne par Liliane Bettencourt, ni aux récentes accusations d'Eric Woerth dans l'affaire de l'hippodrome de Compiègne, ni à la promotion de son fils Jean dans les Hauts-de-Seine. Non, le Figaro nous a décrypté le sens de la formule sarkozyenne : « Sans la citer, Nicolas Sarkozy visait en fait la ministre des Sports Chantal Jouanno qui s'était positionnée pour former un ticket avec François Fillon pour la mairie de Paris en 2014 et avait à la même occasion critiqué la maire du VIIe arrondissement Rachida Dati.»
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