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Désir de Rupture n°27 : Mettre fin à l’emploi à vie dans la Fonction publique

Publié le 07 janvier 2011 par Toreador

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Par Toréador | janvier 7, 2011

Voilà longtemps que je n'avais pas publié sous cette rubrique. Je profite d'une petite insomnie – il est 5h50 du matin – pour creuser l'idée avancée par Christian jacob. Sur le papier, c'est le genre d'idée intellectuellement intéressante mais politiquement infaisable. C'est comme proposer aux américains une assurance maladie universelle.

Merde. Obama l'a fait.

Du coup, confrontons-nous sérieusement au problème. L'état du droit de la Fonction publique est certes écrit (les grands textes de 1946) mais aussi largement d'origine coutumière, certains "droits sociaux" comme le droit de grève ayant été octroyés dans le silence des textes et grâce à la faiblesse des gouvernements successifs. L'emploi à vie est pourtant normalement la contrepartie d'un régime exorbitant de droit commun : les fonctionnaires sont censés être moins bien payés et ne pas disposer des mêmes droits que les salariés privés.

Avec le temps, cette distinction public/privé s'est considérablement déformée, dans un sens ou dans l'autre : on a ainsi appauvri la retraite des fonctionnaires en les alignant sur le régime du privé. De l'autre, ils ont acquis progressivement un droit de grève qui n'était que la stricte contrepartie du droit de licenciement possédé par le patronat, et dont l'Etat est dépourvu. Et ils sont globalement mieux payés (en tous les cas pour les 9 premiers déciles des revenus) que les salariés.

Les conséquences en matière de gestion des ressources humaines pour l'Etat sont catastrophiques : les erreurs de recrutement opérées à l'instant t (personnel inadapté) engagent l'Etat pour 40 ans, et les finances publiques pour toute la durée de vie du bonhomme. Et on confie cette lourde tâche à des examinateurs  de concours sous-payés qui brassent des copies par centaines et interviewent des candidats par dizaines sans se soucier de l'impact à long-terme de leur décision, puisqu'ils ne reverront jamais le candidat.

Sans parler d'erreur de recrutement, les compétences évoluent et nécessitent des formations permanentes. L'Etat doit s'adapter pour garder toute son efficacité dans un environnement changeant. En l'absence de politique de sanction ultime (sauf faute très grave), il n'est pas possible de contraindre véritablement un agent qui refuse lui-même de s'adapter et de changer d'activité ou de secteur. Tout passe par le seul argument incitatif (promotion, augmentation) ce qui a une nouvelle fois un impact non négligeable sur les coûts à long terme.

Or, a-t-on besoin de fonctionnaires employés à vie ? Je dirais oui et non. Il me semble que pour que l'Etat puisse fonctionner efficacement, il faut que ses agents aient une visibilité sur leur carrière leur permettant de développer une expérience et un affectio societatis pour la chose publique, le "sens du service" comme on disait autrefois (et qui a tendance à se perdre, les jeunes générations voyant dans leur poste un job "comme un autre"). Voilà pourquoi je serais pour ma part favorable à des contrats longs – 10 ans minimum - renouvelables automatiquement sauf procédure d'alerte enclenchée par un supérieur hiérarchique au cours de la période du contrat.  Il n'y aurait pas de "licenciement économique" possible, même en cas de crise grave, sauf refus trois fois réitéré de la part de l'intéressé de se reconvertir.

Dans l'hypothèse où un agent serait signalé comme devant faire l'objet d'une évaluation spécifique, des unités de ressources humaines seraient spécialement dédiées pour faire un bilan de compétences, une analyse du dossier (en consultant les autres supérieurs hiérarchiques au cours de la période) et ultimement procéder à la terminaison du contrat.

Alors OUI, NON ou BOF ? Votre avis !

Tags: Emploi à vie des fonctionnaires

Sujets: Désirs de Rupture | 1 Comment »

Une réponse “Désir de Rupture n°27 : Mettre fin à l’emploi à vie dans la Fonction publique”

  1. Seb CaReagit Says:
    janvier 7th, 2011 at 10:53

    OUI
    Je milite pour ma part a une ouverture proche de celle du privé. Après tout, collaborer au fonctionnement de l'Etat n'est pas profondément plus important que de collaborer au fonctionnement d'entreprises privées. Il faut ventiler tout cela en permettant les passages public/privé. En échange de flexibilité, les fonctionnaires acquièrent les même droits et fourchettes de salaires que les salariés du privés. Comme c'est quasiement déjà le cas, il faut admettre d'ouvrir les grottes, casser les corpo et habitudes.

Commentaires


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LES COMMENTAIRES (1)

Par mochri
posté le 08 janvier à 12:51
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L'idée de Christian Jacob ; faut-il mettre fin à "l'emploi à vie" pour les fonctionnaires ? Pour l/abolition des privilèges monsieur le président du groupe UMP a-t-il voté l/alignement du régime de retraite des élus sur celui du privé proposé par l/AMENDEMENT N° 249 Rect présenté par M. de Rugy. Un député touche 1 572 Euros de pension par mois, après seulement 5 ans de cotisation. Si l/on calcule le montant pour 40 annuités ; un député toucherait 150 912 Euros de retraite par an. Nos députés font souvent référence à la pédagogie. Suivant ce principe, les députés devraient d/abord donner l/exemple. Abolition des privilège mais de tous les privilèges.

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