Magazine Médias

Louer son corps à la science

Publié le 07 janvier 2011 par Mcetv

http://static.mcetv.fr/img/2011/01/ho%CC%82pital-468x264.jpg

 

Chaque année, plusieurs milliers de Français louent leurs corps à la recherche médicale et pharmaceutique. Parmi eux, un grand nombre d’étudiants cherchant à arrondir leurs fins de mois. Rencontre avec Raiko

 

« C’était avant tout pour me faire un peu d’argent », Raiko, 25 ans, est actuellement interne en médecine. Durant ces études, il a plusieurs fois participé à des tests de médicaments, « ça ne me prenait pas beaucoup de temps, c’était bien payé et pas fatigant ».

En France, de nombreux centres privés et hôpitaux recherchent des volontaires pour des essais aux critères de sélection très divers. Du traitement contre l’acné, administré pendant un mois et indemnisé 1 200 euros, à la prise pendant une journée de nouveaux bêta bloquants, les testeurs ont l’embarras du choix.

C’est par le bouche-à-oreille que Raiko a appris l’existence de ces tests, « à la fac j’avais des copains qui le faisaient donc je suis allé voir directement dans le bâtiment des tests médicamenteux et je leur ai demandé comment ça marchait. »


« Si je trouvais cela trop dangereux, je refusais »

Raiko s’inscrit peu de temps après pour tester un collyre antibiotique. S’en suit une première visite médicale de contrôle, un test ophtalmologique et l’administration du produit. Le tout ne durant pas plus d’une demi-heure. Seule contrainte : porter des lunettes de protection jusqu’à l’examen final à l’issue de la journée.

La rémunération, elle, met un peu plus de temps à arriver sur le compte en banque : « On est payé deux voire trois mois après. Pour celui-là, j’ai gagné environ 150 euros. »

Après cette première expérience, Raiko enchaîne les protocoles. Il constate alors que d’un test à l’autre il croise souvent les mêmes personnes : « beaucoup d’étudiants, notamment en médecine. Du personnel de l’hôpital aussi, et même des retraités »


S’il affirme ne jamais avoir eu de mauvaises surprises, il admet néanmoins que le risque zéro n’existe pas : « Je faisais une petite sélection des tests. Si ça ne me plaisait pas ou que je trouvais cela trop dangereux, je refusais. Après, on n’est jamais à l’abri d’un incident ».


Pour ce futur médecin, le seul danger qu’il encourait en louant son corps à la science était « un risque immédiat, type réaction allergique, ou douleurs, plutôt qu’un risque à plus long terme. Les tests sont organisés par des professionnels, et les médicaments nouveaux sont d’abord testés sur les animaux. »


Un cadre médical et législatif très strict

En France, les tests médicamenteux sont strictement encadrés par la loi : leur indemnisation est plafonnée à 4 500 euros par an et par personne. Suivant la nature des produits un délai légal entre deux tests peut être obligatoire, et le candidat doit suivre un protocole très précis, composé de plusieurs entretiens et examens de santé, avant de subir les essais.

Les personnes en bonne santé, tout comme les malades peuvent y participer. Les volontaires « sains », comme Raiko, interviennent lors de la phase 1 des essais, c’est à dire celle où l’on teste la tolérance de l’organisme aux nouveaux produits. Pour être sélectionné, il faut en général avoir une excellente hygiène de vie, ne pas fumer, et ne pas avoir d’antécédents médicaux graves. Les laboratoires pharmaceutiques et le secteur médical sont d’ailleurs en permanence en quête de candidats, bien portant ou malades, pour tester et mettre sur le marché de nouveaux traitements.

Une campagne a même été lancée en avril 2010 par le Centre national de gestion des essais de produits de santé (CeNGEPS). L’objectif : informer la population et améliorer la réputation des tests médicamenteux. Car en dix ans, le nombre de volontaires a chuté de près de 40 %. Plusieurs scandales liés aux essais de traitement sur des cobayes humains ont contribué à la mauvaise image de cette pratique. En 2006, six volontaires britanniques avaient été hospitalisés dans un état grave après avoir testé un nouveau traitement, le TGN 1412, censé soigner la leucémie et la sclérose en plaque.

En France, les experts, les autorités comme l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) s’accordent pour dire que ce type d’accident reste exceptionnel.

Et pour ceux qui redoutent les effets indésirables, il existe aussi des tests rémunérés sans prise de traitement : goûter de nouveaux plats préparés, ou encore de noter la texture d’un rouge à lèvres avant sa mise sur le marché…

Eléonore Autissier


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mcetv 493 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines