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Au départ de l’humanité existaient les pieds

Publié le 12 janvier 2008 par Monsieur L'Adulte

Même si je ne m’ermite pas au cœur de la forêt verte, où j’attendrais dans l’allégresse que tombent des arbres de petits fruits dont je pourrais me repaître, dégustant ce que la nature m’offre charitablement sans la détruire, j’avoue ici ma propension à porter la barbe onctueuse comme un mode de vie.Status Update: Monsieur l'Adulte is granol. Depuis quelques temps par contre je suis talonné par les magazines de madames qui, hypocritement, vénèrent l’utopie d’une mode morale, organique et équitable. C’est que c’est tellement hip et tendance In la fibre en noix de coco bio, même si concrètement elle ne rejette en rien la société de consommation. Face à cet effort, la seule véritable tendance qui m’émeut est de croire que la mode écolo n’est qu’une posture éthique, un masque de bonne conscience, où les attributs « sain », « équitable » et « durable » deviennent des arguments de vente assurés. L’écolo est surtout un prétextebassement mercantile pour gonfler perfidement les marges.

Ainsi le tout un chacun, urbain zérozoïste branché sur l’art actuel et la conscience planétaire mange des sushis en buvant sa tite-eau minéralisée et, par intermittence, s’extirpe de sa léthargie pour s’indigner contre les compagnies pétrolières par un envoie massif de pourriels. Il se révolte, manifeste, organise des moyens de pression qu'il publicise avec de délicieux powerpoints. Ne vous insurgez point: je ne suis pas dépassé comme ma mère devant un lecteur dvd, et reconnaît que la voiture estla troisième couille del'homme moderne et qu’il y investie autant d’amour-propre que d’essence. Je ne joue pas non plus à l’autruche puisque j'avoue que nous avons effectivement besoin d’essence et que manifestement, le monopole orchestré par les compagnies pétrolières sodomise allégrement le consommateur à grand coup de brute (le baril, on s’entends).

Mais, et c’est ici que ma barbe me distingue de mon concitoyen convaincu de refléter par ses souliers crocs ses valeurs intrinsèques, je crois que pour ce que l'essence coûte véritablement à l'environnement, le prix payé à la pompe est ridiculement bas. Pas envie nécessairement que ca baisse. Un prix en hausse constante me permet plutôt de considérer un moyen alternatif de transport pour me déplacer. Suggérer de ne plus aller chez Shell ou Petro pour boycotter les plus grands ne transforme en rien notre manière d’utiliser une ressource épuisable et ne remet pas en question notre consommation que l’on voudrait responsable. En bout de ligne ce n'est pas le prix de l'essence qu'il faut tenter d'influencer mais plutot la quantité de scraps éjaculée dans l'air de par les tuyaux d'exhaus du vaste monde.

Chaque petit geste compte, lorsqu’il s’agit d’embellir le monde. Sauf peut-être se mettre le doigt dans le nez.

Au départ de l’humanité existaient les pieds


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